Je me sentis défaillir devant la vison effroyable que m'inspirait son corps sans vie étendu au sol. Pourtant, je devais agir, et vite, car sa vie était enjeu. Deux choix se présentèrent dans mon esprit, le premier : courir auprès de lui et pleurer et le suppliant de ne pas m'abandonner, le deuxième : garder mon calme ne serait-ce que quelques secondes supplémentaire et appeler les secours. La solution m'apparut logiquement et je me précipitai vers mon téléphone pour composer le numéro d'urgence. L'attente me sembla longue, si longue que j'avais l'impression de sentir David s'échapper à la vie. Enfin, une voix se fit entendre au bout du fil :
-St Thomas' Hospital j'écoute ?
-Je vous appelle car quelqu'un a fait un malaise chez moi. Il est inconscient, je crois qu'il faudrait une ambulance le plus vite possible.
-Bien ! Dit calmement la secrétaire, j'avertis la brigade immédiatement. Votre adresse ?
Je déglutis difficilement ; je me sentais incapable de dire un mot de plus car l'angoisse me nouait la gorge. Je trouvai la force d'indiquer :
-47 Union Road.
-Très bien, nous faisons au plus vite.
La connexion fut coupée. Je me précipitai vers David, les larmes coulant déjà sur mes joues. Je m'assis à ses côtés et posai sa tête sur mes genoux. Il s'était ouvert le haut du front en tombant mais il ne saignant pas trop. Je caressai ses cheveux en pleurant plus fort que je ne le pensais, si bien que ma mère fut bientôt alertée. Elle entra dans ma chambre en me demandant, paniquée :
-Qu'est-ce qu'il se passe.
Je me tournai vers elle, le visage détrempé de larmes, et croisai son regard effrayé. Elle avait vu que David était dans les vapes, qu'il saignait à la tête, peut être même avait-elle remarqué la paille sur le point de tomber de mon bureau, mais si s'était le cas, elle n'en fit rien.
-Tu as appelé les secours ? Voulut-elle savoir en tentant de garder son calme.
Je hochai la tête lentement. Je restai fixée sur lui, sur son visage aux muscles détendus par l'état second dans lequel il se trouvait. Je savais que ma mère était restée sur le seuil de ma porte, certainement paralysée par la situation, ne sachant que faire. C'était mieux ainsi, chaque paroles risquait de me faire perdre pied un peu plus encore. Nous étions tous deux dans une bulle, coupés du monde. Je savais que chaque seconde qui s'écoulait pouvait être la dernière de sa vie. J'avais peur, peur de le perdre lui aussi, et de me perdre pour de bon par la même occasion.
Puis, des coups forts furent frappés à la porte. J'entendis des pas s'en aller, descendre, la porte s'ouvrir, des gens monter. En réalité, mon esprit était loin je ne sais où, et mon corps était à peine opérationnel. Des personnes me demandèrent de me pousser, chose que je fis dans un état second. L'un d'eux prit David et ils sortirent de la chambre. Sa tête pendait mollement en arrière, comme s'il était trop tard. Je nageai dans le flou, ma vison troublée par les maux de tête et les larmes. Je me levai, me précipitai en bas de l'escalier à la poursuite des infirmiers. Je sortis dans la rue, sans même être affectée par le vent et le froid, et engouffrai dans l'ambulance. Personne n'opposa aucune objection à cela. Je m'assis sur une banquette, je crois, observant la civière sur laquelle était couché David. Les ambulanciers s'affairaient autour de lui, lui administrant sans doute les premiers soins nécessaires.
Dehors, les lumières de la ville défilaient devant mes yeux. Il faisait sombre, une nuit dans étoiles, où seuls brillaient les éclairages publiques et lueurs des foyers sans histoire. C'est tout ce dont j'ai pu me souvenir, l'ambulance roulant vite dans les rues obscures de la capitale, nous emmenant vers l'hôpital ; après, ça a été le trou noir.
VOUS LISEZ
Starman Forever
FanfictionStella Renée Eileen Bicher est une adolescente de 15 ans pas comme les autres. En effet, avec son style particulier et ses références datant des années 60 et 70, elle vit cependant une jeunesse heureuse, entourée de ses amis qui présentent, eux auss...