Chapitre 28

1K 64 39
                                    

Ne me frappez pas.

***

Les rapaces se rapprochaient de plus en plus des deux Gryffondors. Paniqué, le Weasley ouvrit la fenêtre afin de les laisser entrer. Sûrement épuisé de leur voyage, les chouettes lâchèrent leurs paquets avant de se poser tranquillement et de somnoler. Des cadeaux de Noël. Pour eux. De qui ? Sûrement de Harry et Ginny. Qui d'autre leur enverrait quelque chose ? Néanmoins surpris, les deux adolescents ouvrirent rapidement leur présent, déchirant l'emballage comme jamais. Comme si cela avait été collé avec de la Glue Permanente, ils avaient du mal à ouvrir leur paquet. Après une bataille acharnée, ils firent un décompte entre eux en se regardant droit dans les yeux.

- Trois, murmura Ron.

Ses yeux d'un bleu si pur et si envahissant rencontrèrent les yeux marrons chocolats tellement chaleureux d'Hermione.

- Deux, poursuiva-t-elle.

La brune avait bien du mal à continuer de la fixer, son regard était si transperçant.

- Un, souria Ron.

Ce dernier vit d'abord, sans surprise, le pull à la façon Weasley. Une fois de plus, sa mère avait utilisé de la laine couleur bordeau, que le rouquin détestait. Un grand "R" était cousu au milieu, comme si Mme Weasley ne voulait pas que son fils oublie son identité. Le jeune homme découvrit ensuite un livre Moldu intitulé "J'ai fait une erreur, comment me faire pardonner par mes amis ? 1000 et 1 conseils" ainsi que "12 techniques pour approcher la personne que vous aimez". Ses joues rosirent instantanément et maudit intérieurement sa soeur et son meilleur ami qui lui manquaient plus que tout. Ginny, toujours là pour l'embêter, lui faire des remarques, le rappeler à l'ordre, était partie. Sa seule et unique soeur était partie. Par sa faute. Une horrible vague de culpabilité l'envahit et sa mine s'assombrit qu'Hermione ne put voir, trop absorbée par ses livres et visiblement une robe. Qu'est ce qu'elle lui manquait, Ginny ! Son rire, ses blagues, sa voix, ses taquineries. Comme quoi on se rend compte de l'importance des choses seulement quand on les a perdu, pensa-t-il avec tristesse. Et il pensa à Harry, qui avait été là pour lui quand il le fallait. Harry, le survivant, l'élu, son meilleur ami. Lui qui l'avait motivé pour intégrer l'équipe de Quidditch, qui le chariait sur l'amour qu'il portait à Hermione mais qu'elle ignorait. Lui et ses blagues nullissimes pour essayer de remonter le moral. Harry lui manquait. Ron n'aurait pas dû de comporter ainsi. Mais, c'était trop tard.

///\\\

En ce lendemain de Noël, les deux Gryffondors passèrent une agréable journée. Ils avaient beaucoup ri et discuté, oubliant toutes tensions, oubliant tous problèmes. Ils s'étaient comme re-découverts, apprenant sans cesse des anecdotes sur l'autre. C'était comme s'ils renaissaient. Une vague de joie et de bonheur leur traversèrent le corps pour le reste de la journée. Ils s'amusèrent à faire une bataille de boule de neige mais le regrettèrent dès qu'ils rentrèrent, grelotants et mouillés. Après avoir pris une douche bien chaude pour détendre leurs muscles frigorifiés, Hermione et Ron étaient donc restés près de la cheminée pour se réchauffer. Ils étaient restés silencieux, d'ailleurs, il n'y avait rien à dire. Tous deux se reposaient et ni l'un ni l'autre ne lança un sujet de conversation.

Le soir, après avoir dîner, le rouquin avait décidé d'enfin commencer ses devoirs afin d'être libre pour le reste du temps. De nombreuses rédactions, des lectures ainsi que des entraînements de sortilège étaient demandés. Il les exécuta de bonne foi mais se rendit compte que tout demandait énormément de temps, de recherche et de patience. Ron se déconcentra rapidement, comme à son habitude et bacla rapidement ses dissertations. La brune, elle, bouquinait tranquillement. Elle était plus que détendue et rien ne semblait pouvoir la tirer de sa lecture.

- Hermione, tu veux bien me laisser copier ton devoir de potions s'il te plait ? Demanda le Weasley, visiblement fatigué de travailler.

- Non, tu dois travailler tout de même.

- Bon...

Le jeune homme tenta en vain de commencer à écrire quelques mots pour débuter sa rédaction sur les priorités du Bézoard mais rien ne lui vint en esprit. En soupirant, il lut rapidement le titre des nombreux livres qu'il avait emprunté à la bibliothèque et prit celui qui correspondait aux potions. Le Weasley tourna rapidement les pages mais ne son attention se reporta sur les magnifiques murs de la salle commune.

- Allez, Mione, juste quelques lignes alors ! Tu sais très bien que je ne réussirais jamais ! Tu es la sorcière la plus intelligente de Poudlard, enfin !

- Pour la énième fois, non, Ronald, répondit-elle en accentuant sur le négatif en ignorant son compliment.

- Allez, s'il te plait !

- Non ! Quand comprendras-tu enfin ? S'écria-t-elle.

- Mais tu sais très bien que je suis désolant en potions, tu veux vraiment que je rate ma vie ? Supplia désespérément Ron.

- Ron, tu sais très bien que tu ne vas pas rater ta vie, alors fais un effort et comme un grand, rédige cette dissertation, exigea la Gryffondore entre ses dents, à bout de la situation.

- Allez Hermione, juste les potions, je t'en prie !

- Tu m'agaces ! Tu crois vraiment que je serais toujours là pour toi ? Après Poudlard, nous partirons chacun de notre côté ! S'emporta Hermione, un peu trop, sûrement.

Tous deux sous le choc de cette déclaration, il se passa quelques instants sans que personne ne prononce un mot. Les mots étaient sortis tout seul de la bouche d'Hermione sans qu'elle ne le veuille. Avait-elle vraiment dit ça ? Avait-elle vraiment était si... Cruelle, si directe ? Elle ne voulait pas. Mais c'était sorti et l'on ne pouvait rien y faire. Ron avait mal. Tellement mal. Son coeur serrait si fort qu'il était sur qu'il ne fonctionnera bientôt plus. Il tremblait légèrement, son nez vibrait. Non, non, il n'allait pas pleurer. Pas pour ça. Ce n'était rien, non ? Si, si c'est quelque chose. La seule fille dont il a été amoureux lui avait clairement dit qu'après Poudlard, leurs routes se sépareraient. Alors c'était ça qu'elle voyait ? Ils ne continueront donc pas dans le monde professionnel ensemble ? D'une voix tremblante, le Weasley répondit :

- Bien. Tu as raison. De toute façon, je m'en fiche. Bien sûr que oui, après Poudlard, on ne se croisera plus.

Le Weasley avait réfléchi quelque chose à quoi répondre. Il aurait imaginé une voix tremblante, peut-être brisée, mais jamais il ne l'aurait cru si assurée. On aurait pu croire qu'il le pensait vraiment. Et voilà, en quelques paroles, que deux coeurs se brisèrent, parce qu'Hermione se rendit compte, cette nuit du 26 décembre 1996, qu'elle avait besoin de Ronald Weasley. Mais, c'était trop tard.

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant