Chapitre 33

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Je ne rêve pas, ou simplement des rêves vides, noirs, sans aucune joie. Je crois que même mon inconscient est plus déprimé que moi.

Me revoilà seule, encore et encore.

Un nouveau matin, une nouvelle journée, et pour ce n'est pas une bonne nouvelle, encore une journée éprouvante avec Jules, j'ose à peine penser à son prénom pour ne pas vomir ou avoir envie de le tuer.

Je me lève donc et descends à pas feutrés dans le salon, mon cœur a failli s'arrêter sur le coup, des traces de terre absolument par tout, de la nourriture oubliée, des bouteilles de bière renversées. Pire qu'après une bonne soirée arrosée. Je remarque dans mon salon qui s'est soudainement transformé en déchetterie.

Voilà Jules considère ma maison comme sa propre déchetterie. Mais ce qu'il ne sait pas c'est que lui-même est un déchet, le plus moisi et le plus dégoûtant de tous même.

Cette métaphore provoque mon premier sourire matinal. J'observe l'étendue des dégâts dans les moindres détails, des tâches de gras, des emballages à profusion et encore plein de nouveaux éléments non identifiés tant sur le plan hygiénique que sur le plan visuel.

Je suis loin d'être maniaque mais là cela dépasse les bornes. Je dois intervenir, je vais faire un peu de ménage ce n'est pas possible autrement. A ma grande surprise, je remarque une sorte de post it enfoui sur un carton de pizza, je le prends sans toucher la sauce dégoulinante du carton.

« Pas là aujourd'hui, interdiction de sortir, je rentre ce soir, fais à manger »

J'avais envie d'écraser ce mot, de le faire brûler, de le réduire en cendres, tout comme Jules en vérité.

Ah d'accord, donc même dans ses mots, j'ai envie de le tuer. Le bon côté des choses c'est que je vais pouvoir faire le ménage en paix.

Après 2 bonnes heures à vider tous les déchets et à les mettre dans des grands sacs poubelle, je vais pour les sortir, porte fermée à clé, fenêtres bloquées, toutes les autres issues condamnées.

Génial, si jamais, il y a le feu je vais brûler avec tous ces déchets.

Je les mets de côté, avec une certaine haine en moi, « interdiction de sortir », même pas besoin de le préciser à ce rythme-là.

Je passe absolument tous les produits ménager que j'ai sous la main, un bon coup d'aspirateur, de serpillière, de produit dégraissant et tout ce qui s'en suit. Je commençais à entrevoir le sol original.

J'ai dû faire cela toute la journée, dans chaque recoin de la maison. Tout me semblait à peu près propre. Le seul problème c'était les fenêtres je ne pouvais pas aérer la moindre pièce, à part la salle de bain parce qu'il y avait une fenêtre avec des barreaux.

Après toute cette journée de ménage je n'avais aucune envie de répondre aux ordres de Jules et de faire à manger.

Il entre dans la pièce, ou plutôt il défonce la porte, me regarde avec un regard noir puis sillonne du regard la pièce. Sans même un bonsoir ou un regard plus doux.

Jules : « Il était temps que tu fasses le ménage, va faire à manger maintenant et aère les pièces »

Alors là, c'en était trop pour moi, je me fixe sur mes jambes, cherche son regard et tente un regard plus sombre que le sien

Vic : « Non. »

Sans aucun mouvement de sa part, il dit simplement

Jules : « Ce n'était pas une question, mais une obligation allez vas-y avant que je ne m'énerve »

En essayant de rester forte malgré sa légère hausse de ton j'avais décidé de continuer de lui tenir tête, je n'avais plus rien à faire et j'étais suffisamment énervée pour cela.

Vic : « Cela restera un Non. Débrouille toi connard »

J'ai vu la haine monter d'un coup dans ses yeux, il s'approche de moi, et me colle contre un mur, j'ai l'impression qu'il va me casser la gueule. Je suis prête à me défendre s'il le faut, je connais quelques prises d'aïkido.

Jules : « Tu vas le payer crois moi, tu sais que j'ai des pouvoirs sur toi, en un coup de téléphone je peux faire tuer ton frère, tes amis, tes chers Jade et Paul et même tes parents. Alors ne fais pas trop la maligne avec moi »

Il se rapproche encore plus de moi, se colle limite à moi, et mets ses mains sur mes hanches en ajoutant

Jules : « Ou sinon on pourrait tranquillement oublier toute cette histoire, en passant dans la chambre ou même dans le salon, voir même sur tous les meubles que tu as soigneusement nettoyés »

Sans répondre, je lui fais une prise d'aïkido, et lui tords le bras de toute ma puissance, il se retrouve au sol, le temps pour moi de fuir de me réfugier dans ma chambre.

Je n'entends plus rien, plus aucun bruit.

Jules : « Tu vas le regretter ! »

Je verrouille ma porte et m'appuie contre celle-ci, j'ai peur de ce qu'il peut me faire et j'ai peur de plus en plus chaque jour. Ce connard s'est collé à moi, je le déteste, j'ai vraiment eu envie de le castrer.

Sans n'avoir mangé ni m'être douché, je tombe de fatigue sur mon lit après toute cette journée de ménage, une partie de moi est soulagée d'avoir pu le maîtriser avec mes prises de ninja et aussi d'avoir rendu à ma maison un petit peu d'honneur. J'ai l'habitude de donner vie aux objets pour me rassurer. Je regarde mon téléphone et je vois pas mal d'appels en absence de Jade. Elle s'inquiète pour moi ; en même temps cela doit faire une semaine et demie que je ne viens pas encore et que je ne donne plus aucune nouvelle, mais je n'ai pas le choix. J'aimerai vraiment lui répondre et la rassurer ou lui demander de l'aide.

Je me sens si seule mais je ne peux pas être égoïste et risquer encore la vie d'une personne que j'aime. Je pense à Bastian, j'espère qu'il peut me surveiller de là où il est et me protéger.

Sur ces pensées pour Bastian, je m'endors un peu moins stressée. J'aimerai qu'il soit là avec moi dans le lit et qu'il me prenne dans ses bras pour que je me sente en totale sécurité.


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