Mon frère vient me voir dans quelques jours. En attendant je me motive et range encore la maison, mon sourire commence à revenir et j'ai de plus en plus hâte de le revoir et de le serrer dans mes bras. J'espère qu'il va rester tout le week end voir plus, j'ai hâte, j'ai hâte !
La fin de semaine passe assez vite contre toute attente, Jules n'est pas souvent à la maison, et il m'ignore la plupart du temps, comme si je n'étais qu'un vulgaire objet de cette maison. Aucun regard, aucune parole, juste des ordres gestuels.
Je suis de plus en plus contente parce que mon frère arrive demain, et en plus Jules ne me porte plus aucune intention malsaine et déplacée. Je recommence à sourire, je me fais belle je prends soin de moi. J'utilise de nouveau le peu de maquillage que j'ai. Le moral revient petit à petit et je me languis.
Cela fait si longtemps que je n'ai pas vu quelqu'un de nouveau, quelqu'un d'aimant, et de gentil. Mon frère n'est pas le plus parfait des hommes mais avec le recul et la situation je le considère comme un ange venu me délivrer quelques instants de ma solitude.
Je repense à la venue de Jade, elle aussi, elle pourrait être un ange si seulement j'avais pu lui ouvrir et la prendre dans mes bras.
Je suis plutôt solitaire en règle générale mais là j'ai besoin d'un contact physique affectueux, pour me prouver que je suis toujours en vie et pas en train de rêver. J'ai besoin de ce petit retour à la réalité, de cette piqure de tendresse qui réanimera mon humanité.
Samedi matin, je n'ai presque pas dormi, j'étais trop surexcitée à l'idée de l'arrivée de mon frère, il est donc 6h du matin et je fixe le plafond de ma chambre allongée sur mon lit. J'ai toujours voulu regarder mon plafond et que soudainement il s'efface pour laisser place à un ciel étoilé et merveilleux, j'adore les étoiles et les mystères de l'univers.
Je sais très bien que je ne pourrai jamais me rendormir, alors j'imagine des scénarios aussi fous les uns que les autres dans ma tête. J'ai l'impression d'être une réalisatrice de films romantiques dans ma tête, ou même de contes de fées, avec des princesses et des princes charmants. Comme quoi mon esprit part beaucoup trop loin.
Je décide donc d'écrire tout ce qui me passe par la tête et contrairement aux jours précédents, la positivité est présente dans mes récits. Comme si le soleil perçait les nuages sombres petit à petit.
J'ai dû écrire et imaginer pendant 2-3h, mon ventre même reprend vie parce qu'il crie telle une baleine. Je descends donc me faire un bon petit déjeuner avec le sourire.
Et comme si le destin me punissait d'être heureuse, Jules était affalé sur le canapé, avec encore quelques grammes apparents d'alcool dans le sang. Il me regardait avec des yeux rougis par le sang et la nuit. Il me dégoutait, je sentais son odeur d'ici, je me fige sous son regard insistant, il recommence à me faire peur, mais je sais que dans son état il n'est pas capable de quelque chose.
Du coup je continue mon chemin dans la cuisine comme si de rien n'était. Il se rendort comme la plus grosse des merdes, tant mieux. Mon appétit étant un peu descendu avec l'autre dans mon canapé, je prends juste un grand verre de jus de fruits et un cookie.
J'envoie un message à mon frère pour lui demander à quelle heure il compte arriver, il me répond quelques secondes plus tard qu'il serait là vers midi.
Sur cette bonne nouvelle et voyant qu'il est bientôt 10h, je file à la douche et comme à mon habitude je prends un looooooong bain. Je ne vois jamais le temps passer quand je suis dans l'eau, je pense que dans une autre vie je devais être un poisson, même le plus petit qui soit.
Je songe à mon frère, je pense à notre nouvelle situation, ils ont donc trouvé un remplaçant mais en quoi il nous aide ? Mon frère leur doit toujours de l'argent et pas sûre que ce gars va rembourser pour nous, ce serait beaucoup trop beau. Le dealer de Jake ne veut pas seulement de l'argent, il veut aussi quelqu'un qui fasse le sale boulot à sa place, celui qui prend tous les risques pour essayer de revendre cette merde à des ados en manque. La pire chose du monde surement, mais bon il veut aussi quelqu'un qui se vendrait pour lui si jamais il se passe quoi que ce soit.
Mon frère était devenu assez dépendant il était arrivé à un stade où son dealer pouvait lui demander n'importe quoi pour un peu de drogue gratuite. Même pour un peu de gratitude, il pouvait soulever des montagnes pour ce monstre.
Nous ne sommes pas pauvres, mais nos parents nous laissent de l'argent pour manger et pour nous faire plaisir. Mais je pense qu'ils ne cautionnent pas ce genre de frais. D'ailleurs quand ils l'ont appris, ils ont tout de suite voulu qu'il coupe les ponts avec tout cela. Mais ils ne sont pas au courant de nos soucis actuels, heureusement d'ailleurs.
Après tant de réflexion, je sors enfin de mon bain qui est devenu glacé, je me rince et j'enfile quelque chose de chaud et de doux.
Je descends préparer un petit repas pour midi pour trois du coup, je ne sais pas où est parti Jules, alias le connard. Mon frère ne devrait pas tarder, et j'ai hâte, tellement hâte que j'ai l'impression que ce n'est pas réel, que tout ceci n'est qu'un vaste rêve et que dans pas longtemps je vais me réveiller sur le sol froid et crasseux de mon cachot.
Je n'ose même plus y penser car il me fait trop penser à Bastian, à toutes ces nuits où on a tant discuté. Mais surtout cette nuit où je ne l'ai plus jamais entendu. Il me manque terriblement, tout comme Jade, mon frère et même Paul. Si on s'en sort vivants de cette histoire, je ferai un effort avec Paul pour essayer de lui reparler, de renouer des liens avec lui.
J'entends soudainement un grand coup dans la porte, je me retourne, et j'ai cru pendant quelques secondes que j'étais au paradis, la lumière du soleil et l'apparition miraculeuse de mon frère m'ont presque mise au sol. Je m'écroule en larmes dans ses bras. Je me libère enfin de tout ce stress, de toute cette pression accumulés cette dernière semaine.
Je remarque tout de même quelques hématomes sur son visage. J'y penserai plus tard, je le serre tellement fort dans mes bras, comme pour me ressourcer de toute la tendresse et l'affection dont j'ai manqué. Comme si ce câlin pouvait réparer toutes mes séquelles. On n'a pas dit un mot pendant quelques minutes, trop occupés à se retrouver et à se réconforter.
Ensuite, on est allés dans sa chambre pour qu'il pose ses maigres affaires qu'il avait dans un grand sac de sport. Il m'explique qu'il est allé négocier avec son dealer directement et c'est à ce moment-là qu'il a appris pour le mystérieux remplaçant, qui a accepté de travailler à sa place pendant 6 mois. Mais il ne s'en est pas sorti indemne, parce que ses gardes l'ont quand même fracassé pour lui faire comprendre que ce ne serait pas du tout suffisant.
Il m'a ensuite avoué qu'il avait pensé à déménager en Europe ou je ne sais où pour fuir tout cette histoire. Mais je l'ai supplié d'attendre d'avoir un minimum de nouvelle de Bastian. Avec beaucoup de peine, j'ai pensé qu'ils devaient au moins nous confirmer sa mort ...
Maintenant qu'on a remis les pendules à l'heure de chaque côté, j'ai compris un peu mieux la situation et je sais que Jules ne va pas rester longtemps, et qu'on allait pouvoir reprendre une vie 'normale' au milieu de la semaine prochaine.
Je vais pouvoir enfin retourner en cours, mais je ne pourrais toujours pas me confier à qui que ce soit. Je vais simplement reprendre ma vie solitaire et dépressive d'avant.
Apparemmentle remplaçant suffit au dealer pour l'instant, mais pour combien de temps ?Et qu'est-ce que nous réserve demain ?
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Ecrire pour survivre
RomanceUne histoire d'une fille solitaire mais pourtant si entourée