CHAPITRE VI

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Point de vue de Thomas Edison

18 Mai 2035 [ 19 : 40 ] - Le Bloc

Ma troisième journée au Bloc commençait à s'achever. J'avais passé mon après-midi en compagnie de Clint et de Jeff pour essayer le travail de medjack. Et il s'avéra très vite que je n'étais pas fait pour cela. J'aurais plutôt tendance à passer mon temps à l'infirmerie en tant que patient, qu'en tant que soigneur.

Je ne désespérais pas de devenir coureur, un jour. Je voulais me rendre utile autrement qu'en construisant des cabanes ou qu'en récoltant des légumes. Je voulais trouver une sortie mais pas seulement pour moi, pour tout le monde ici : j'aimerais que Chuck encore si jeune, retrouve ses parents, j'aimerais qu'Alby puisse étaler ses compétences de leader dans un vrai contexte professionnel, j'aimerais que Minho se lance dans une carrière sportive digne de ce nom et j'aimerais que Newt retrouve le sourire.

L'atmosphère devenait de plus en plus pesante pour lui, à mesure que les jours passaient et ne rien pouvoir faire pour changer cela me rendait malade.

La pluie se mis à tomber et nous nous retrouvâmes tous au dessous des abris. C'était étrange de voir le Bloc inondé d'eau et la prairie complètement vide.

Le plus inquiétant étant que les minutes passaient et que ni Minho, ni Alby (qui remplaçait Ben), n'étaient revenus du labyrinthe.

- Ils devraient déjà être rentrés, non ? demandai-je à l'intention de Newt.

- Ils vont arriver.

Il avait le visage fermé et je compris de suite qu'il était aussi inquiet que moi.

- Et si non ? insistai-je.

- ... Fais moi confiance.

Bon dieu, ce n'était pas l'envie qui me manquait mais comment le croire lorsqu'il avait cette panique si visible dans le regard ? J'avais peut être besoin d'être rassuré mais il le nécessitait encore plus.

Avec appréhension, je fis effleurer mes doigts le long des siens, comme pour calmer sa tension. Il ne les retira pas et se contenta de baisser ses yeux vers le sol, les joues rougies.

Quelques minutes plus tard, la pluie cessa et le soleil réapparut au travers des nuages. Mais toujours aucune trace de Minho, ni d'Alby.

Tous les Blocards se précipitèrent vers l'entrée du labyrinthe, fixant le couloir sombre et vide, dans l'espoir d'y voir apparaître les deux coureurs. Mais rien. Toujours rien. Et le bruit significatif de la fermeture des portes se fit entendre.

- On devrait leur envoyer quelqu'un, vous ne croyez pas ? proposai-je, ahuri que personne ne réagisse.

- C'est contre le règlement, intervint Gally. Je ne t'en empêcherai pas cette fois mais si tu passes ces portes, tu y restes.

Cette fois, ce fut Newt qui fit glisser sa main contre la mienne.

- Je n'ai pas envie de perdre quelqu'un d'autre, avoua-t-il, les yeux brillants.

Mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Je ne saurai dire si à ce moment, le mot "autre" avait un rapport avec la perte de Minho et d'Alby ou avec celle de Clay.

- Regardez, s'écria Chuck.

Je lâchai Newt du regard pour me concentrer sur le labyrinthe. Au loin, Minho arrivait, épuisé et transportant le corps sans vie d'Alby contre lui.

- Il n'y arrivera jamais, lâcha le blond paniqué.

Chacun lança des cris d'encouragements, poussant le jeune asiatique à avancer plus vite, mais c'était vain et tout le monde le savait. Les portes continuaient leur avancée l'une vers l'autre comme deux aimants et quand bien même, Minho arriverait à accélérer, lui et Alby se retrouveraient broyés entre les murs.

" Je n'ai pas envie de perdre quelqu'un d'autre. " Les mots de Newt se répercutèrent contre mon crâne encore une fois. Il voulait me voir rester ici mais je savais qu'il serait irrécupérable face à la mort de ses deux meilleurs amis.

Et rien n'était encore joué. Il y avait peut être une chance infime de s'en sortir mais il y en avait une. Et je ne supporterais pas de voir Newt encore plus accablé par le chagrin, simplement parce que j'aurais eu trop peur d'intervenir.

Un élan de courage me prit aux tripes et me poussa à me lancer dans le labyrinthe. Je sentis la main de Newt m'effleurer le bras pour me retenir mais j'étais déjà trop loin. Les portes toujours en mouvements m'encerclèrent le dos et le torse de plus en plus fort.

Mais au bout d'une interminable seconde, je réussi à passer les portes qui se refermèrent derrière moi dans un bruit sourd.

J'avais réussi. J'étais en vie, j'étais dans le labyrinthe et j'allais aider Minho et Alby.

- Excellent, Thomas, souffla la voix du jeune asiatique. Tu viens de signer ton arrêt de mort.

*~*

Point de vue de Newt Isaac

18 Mai 2035 [ 20 : 05 ] - Le Bloc

- Non ... Non, non, non !

J'usais mes forces contre les portes désormais fermées, frappant du poing sur la pierre comme si cela pouvait changer quelque chose.

- Newt, arrêtes ça ne sert à rien, fit Chuck.

- Il faut qu'on les aide ! On ne peut pas rester là alors qu'ils se font massacrer de l'autre côté de ce mur !

- On ne peut rien faire, c'est terminé.

C'est exactement ce que Minho m'avait dit le jour où Clay était mort.

Je revis alors ce moment que je m'entêtais à vouloir oublier depuis un an, entendant de nouveau sa voix, ses suppliques, son agonie.

" - Vas-t-en, Newt, avait-il hurlé.

- Je ne partirai pas d'ici sans toi ! "

Mais c'est ce que j'avais fait. Je l'avais abandonné.

Trop de sentiments, trop de pression, je sentis les larmes que je retenais, venir couler silencieusement le long de mon visage. Et je me sentis idiot d'espérer que cela s'arrange, idiot de réagir de cette façon pour un garçon que je ne connaissais que depuis trois jours.

Le labyrinthe venait de m'arracher une personne à laquelle je tenais ... Une seconde fois.

Talk Me Down || NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant