CHAPITRE XIV

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Point de vue de Thomas Edison
21 Mai 2035 [ 20 : 15 ] - Le Bloc

Une fois descendus de la mezzanine, Newt et moi nous dirigeâmes vers les autres, tous regroupés devant l'ouverture Nord du Bloc.
D'après la place du Soleil, nous pouvions effectivement deviner que l'heure de la fermeture était passée. Hors les portes étaient toujours séparées l'une de l'autre et rien de laisser croire qu'elles allaient finir par se rejoindre. Pas le moindre bruit, pas la moindre secousse.

- Peut être qu'elles vont se fermer quand même. C'est juste un léger retard, se rassura Chuck.

Et comme pour accompagner ses mots, un grondement sourd retentit autour de nous. Nous eûmes tous un élan d'espoir, qui s'écroula bien vite lorsque les quatre autres ouvertures principales se séparèrent. Chaque murs des portes Est, Ouest et Sud, se déchirèrent en deux, laissant le Bloc à découvert.

- Je vous l'avez dit ! s'énerva Gally. Je savais qu'on finirait par payer pour les conneries de Thomas ! Tu as tué un Griffeur et ce soir on va tous crever à cause de ça !
- La ferme Gally, c'est bon ! répliqua Newt.
- Non ! Je n'ai plus d'ordres à recevoir de toi, ni de personne ici ! C'est terminé !

Il avait ce regard noir qui prouvait combien il était sérieux dans ses propos.

- Ces créatures vont passer les portes et détruire tout ce qui se trouveront sur leur passage : nous les premiers, continua-t-il. Plus de hiérarchie, plus de matons, cette nuit se sera chacun pour sois.

Sur ces derniers mots, le cri perçant d'un Griffeur se fit entendre de façon si claire et précise que l'on pu deviner sa position. Il ne devait être qu'à quelques mètres de l'endroit où nous nous trouvions.
La plupart des Blocards furent pris d'une peur incontrôlable et commencèrent à s'éloigner en courant vers l'abri le plus proche.

- Minho, l'appelai-je. Va rejoindre Clint et Jeff dans l'infirmerie et aide les avec Alby.

Mon collègue me répondit par une tape affectueuse sur l'épaule avant de s'exécuter. Je me tournai alors vers Teresa.

- Emmène Chuck en sécurité. Allez vous enfermer dans la salle des cartes, dans la cage, n'importe où mais restez cacher.

La jeune fille acquiesça et prit la main du plus jeune pour l'entraîner vers la forêt.
Je me rapprochais alors de Newt qui semblait avoir du mal à respirer.

- Newt, regarde moi.

Il releva les yeux vers moi et je pus lire une panique indescriptible dans ses iris. Il avait déjà vécu ça, il avait déjà eu à faire aux Griffeurs et avait perdu quelqu'un à cause de ça. Aujourd'hui, il était en train de revivre ce cauchemar.

- Barricade toi dans l'endroit le plus proche, lui commandai-je. Ne cherches pas à courir ou à forcer sur ta jambe, contente toi de mettre en sécurité et d'attendre que je te rejoigne.
- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Chercher des armes. Le plus possible. Les lances, les machettes, les couteaux, tout ce que je pourrais récupérer.
- Comment est-ce que tu me retrouveras ?

Je lui offris le sourire le plus convaincant possible.

- Comme si je pouvais te perdre ... répondis-je.

Je le contournai avant qu'il ne remarque mon angoisse mais il me rattrapa par le bras.

- Attends.

Je m'attendais à ce qu'il me mette simplement en garde. Mais à la place, il passa vivement sa main derrière ma nuque pour la seconde fois et m'embrassa avec fougue.
Un sentiment de joie, de bonheur pur se répandit dans mon torse. Ses lèvres glacées recouvrant les miennes, brûlantes, offraient le plus beau et le plus intense des contrastes. J'eus quelques secondes d'immobilité avant d'être capable de lui répondre, mouvant timidement ma bouche contre la sienne. Une sensation incroyable qui prit fin beaucoup trop tôt à mon goût.
Le souffle court, Newt me regarda amoureusement, les yeux brillants.

- Fais attention, me dit-il avant de se diriger vers les cabanes des bâtisseurs.

Je restai un moment incapable de réagir, repassant inlassablement mes doigts sur mes lèvres comme pour être sûr que je n'avais pas rêvé.
Il fallu que la silhouette de l'un des Griffeur se fasse voir au bout du couloir principal pour me sortir de ma transe. Je courus jusqu'à la réserve priant intérieurement pour que cette nuit ne soit pas ma dernière.
J'avais encore beaucoup de questions sans réponses, beaucoup de personnes à protéger.
Je ne pouvais pas mourir, pas ce soir.

*~*

L'attaque des Griffeurs dura près de 3 heures, faisant des dégâts considérables.
La moitié du Bloc était sans dessus dessous, le feu avait envahi la mezzanine sur laquelle nous nous étions tous fait notre première impression de cet endroit ... Et des cadavres.
J'en reconnu quelques uns : Rob, Aaron, Joan, ... D'autres étaient impossible à identifier tant leur état était altéré. Je priai pour que Minho, Chuck, Teresa, Clint, Jeff, Alby et Newt, ceux dont j'étais le plus proche, n'en fassent pas partie.
Nous avions tous combattus de notre côté autant que nos efforts nous le permettaient mais nos piètres armes n'avaient rien valu contre ces créatures. Seul les flammes avaient eu raison de certaines d'entre elles, faisant fuir les autres. Pour l'instant.
Je fus soulagé lorsque j'entendis la voix de Minho m'appeler au loin. Ils étaient là, le petit Chuck y compris.
Je lâchai un soupir de soulagement avant d'accourir pour serrer Newt dans mes bras. Ce fut le sentiment le plus libérateur que j'avais eu l'occasion de ressentir depuis mon arrivée ici
Je l'observai comme pour être sûr de sa réalité. Il avait une coupure légère qui lui barrait la joue ce qui me pinça le coeur.

- Où est Alby ? demandai-je.

Les visages se fermèrent. Teresa pleurait et j'avais l'impression que Chuck s'obligeait à rester fort afin de passer pour l'homme qu'il n'était pas encore.

- Il a sauvé Chuck, expliqua Minho. Au prix de sa vie.

Je crus recevoir un coup dans l'estomac.
Alby était mort.
Il avait été un leader jusqu'au bout, se sacrifiant pour sauver quelqu'un de plus jeune.
Mes yeux me brûlèrent.

- Thomas !

Je n'eus pas le temps de reconnaître la voix de Gally que je me recevais déjà son poing dans la figure. Je reculais légèrement, la lèvre en sang.

- Tout est de ta faute ! hurla le bâtisseur. Regarde l'état du Bloc ! Tout ça, c'est à cause de toi !
- Fous lui la paix, on a compris, répliqua Minho.
- Non, intervins-je. Il a raison.

Je fixai l'objet qui se trouvait juste sur ma droite. Une partie d'un Griffeur, la plus dangereuse, gisait au sol. L'aiguille rempli du poison qui avait contribué au bannissement de Ben, semblait me narguer.
J'attrapai l'objet sous les yeux ébahis des autres.

- J'en ai assez de toutes ces interrogations, de toutes ces accusations, dis-je. Si je suis vraiment responsable, je veux m'en souvenir.

J'allais injecter le venin dans ma peau lorsque la main de Newt se posa sur la mienne.
Il découvrit son avant bras et son regard passa de l'aiguille à moi.

- Ensemble, murmura-t-il.

Il avait besoin de se souvenir lui aussi. Et il ne changerait pas d'avis. J'ignorai si le sérum présent dans la dernière seringue qu'avait Teresa, serait suffisant à nous soigner tout les deux mais sur le moment, mourir ou rester dans l'ignorance équivalait au même degré de souffrance. Et je savais que Minho serait assez intelligent pour sauver Newt si il y avait à choisir entre lui et moi.
Je plaçais l'aiguille contre la peau claire du blond avant d'y injecter le poison et de faire de même sur moi, la seconde suivante. Il suffit de quelques instants pour que nous nous écroulions tout les deux au sol.
Les flashs revinrent : les images étaient nettes, les voix étaient claires.
Tout prenait enfin un sens.

Talk Me Down || NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant