Talk Me Down || Newtmas

CHAPITRE XVI

Point de vue de Newt Isaac
22 Mai 2035 [ 06 : 20 ] - Le Bloc

Minho et Chuck avaient été commandés de se rendre au soit-disant "conseil" que Gally avait organisé pour décider de notre sort. Même Teresa avait été appelée à participer. Ayant prononcé le nom de Thomas et le mien dans son sommeil, Gally comptait sûrement sur elle pour révéler quelques détails du passé en notre défaveur.
Je doutais que Teresa soit capable de révéler quoi que se soit étant donné son amnésie toujours présente.
Plus d'une heure s'était écoulée. Le silence régnait dans le Bloc, ne faisant qu'alourdir la tension qui régnait entre Thomas et moi. Il n'avait pas dit un seul mot et je fulminai encore pour ce dont je venais de me rappeler.

- Tu vas continuer à m'ignorer encore longtemps ? lâcha-t-il soudainement.

Sa voix me fit frissonner et je le haïs encore plus pour me faire ressentir ce genre de choses alors que j'étais censé être en colère contre lui.
Seule ma respiration lui répondit.

- Je ne t'ai pas dénoncé, combien de fois va-t-il falloir que je te le dise ? continua-t-il.
- Au contraire, économise ta salive. Tes tentatives de justifications ne changeront rien.
- Alors tu vas juste me faire la gueule jusqu'à la fin de tes jours, sans m'accorder le bénéfice du doute ? Après tout ce que nous avons vécu ?
- Et qu'est-ce que nous avons vécu, Thomas ? Si ce n'est une piètre minute de relation basée sur un tissu de mensonges ?

Je ne pensais pas un traitre mot de ce que je venais de dire mais la colère avait pris le dessus et inconsciemment j'avais voulu lui faire du mal.

- C'est tout ce que ça signifiait, alors ? demanda-t-il.
- À toi de me le dire. C'est toi qui m'a envoyé ici et détruit les trois dernières années de ma vie.
- Tu crois que tu es le seul à avoir souffert ?

Il l'avait dit sur un ton qui me fit légèrement sursauter. Il ne cherchait plus mon pardon, il était en colère lui aussi.

- J'ai passé des mois et des mois à être rongé par ton absence, poursuivit-il. Te savoir si près et à la fois si loin me détruisait un peu plus chaque jour ! Je ne pouvais te voir qu'à travers un écran et ça me tuait parce que je t'aimais déjà comme un fou à cette époque !

Cette révélation me fit l'effet d'une bombe. Il est vrai que nous étions déjà très proches mais jamais je n'aurai imaginé que mes sentiments pour lui étaient réciproques lorsque nous travaillions encore pour Wicked.

- Est-ce que tu as conscience de ce que ça fait de savoir la personne que l'on aime à seulement quelques mètres de nous sans pouvoir l'approcher ? fit-il, les larmes aux yeux. Il y avait des jours où je voulais juste sauter dans cette cage et venir te chercher, mais à quoi bon ? Tu m'aurais regardé comme un inconnu et je ne l'aurai jamais supporté. Qu'est-ce que tu crois qu'on ressent dans ce genre situation ?

Ce fut à moi d'avoir le regard brillant.

- Qu'est-ce que tu crois que j'ai ressenti, impuissant, en te voyant tomber amoureux d'un autre ? acheva-t-il.

Le brusque souvenir de Clay me revint.
Thomas avait assisté à tout : au début de notre amitié, à nos moments en tant que coureurs, à nos discussions tardives autour du feu, aux regards tendres que je lui lançais .. Il avait vu mes sentiments pour Clay se créer au fil des semaines, en dépit de l'amour enfoui que j'avais déjà pour lui.

- Thomas, je ... commençai-je.
- Tu sais pourquoi tu as survécu à cette nuit dans le Labyrinthe, le jour où Clay est mort ? me coupa-t-il.

Je réfléchis. Il était vrai que je n'avais jamais eu la moindre réponse concernant mon impensable survie de cette nuit là. Aucun Griffeur n'était sorti.

- ... C'était toi ? demandai-je.
- J'ai bloqué la porte de leur repère depuis la salle de contrôle. Je n'aurais pas supporté de te voir te faire attaquer à ton tour. Mais Ava a fini par apprendre que je t'avais aidé ... Et elle me l'a fait payer de la pire des façons.

Je craignais d'ors et déjà la suite de cette discussion.

- L'après midi où tu as tenté de mettre fin à tes jours ...

Il marqua une pause et inspira une grande bouffé d'air.
Sa mâchoire était crispée par la colère contrastant avec les larmes qui menaçaient de s'écouler le long de ses joues.

- Lorsque je t'ai vu grimper à ce mur ... J'ai tout de suite compris ce que tu cherchais à faire. Alors il n'était plus question de réfléchir et j'ai voulu sortir pour te rejoindre, faire n'importe quoi qui te sauverait.

Savoir que Thomas avait assisté à ça me déchira le coeur.

- Mais Ava et ses gardes m'en ont empêché ... Il m'on maintenu dans cette salle et m'ont obligé à regarder l'écran ... J'ai assisté à ta chute jusqu'à ce que ton corps touche le sol.

S'en était trop pour lui, comme pour moi et de longues perles salées se mirent à couler le long de nos joues.

- Ils m'ont laissé croire que tu étais mort pendant plus de deux semaines ... Et j'en crevais ... Parce qu'en dépit de ce que tu crois, je n'ai pas cessé de t'aimer une seule seconde durant ces trois dernières putain d'années.
- ... Prouve le.

Et comme ce à quoi j'aspirais depuis longtemps, c'est lui qui prit les devants et me rejoignit pour m'embrasser. Sa main droite se cala contre ma mâchoire pour glisser contre mon cou.
Nos larmes se mêlèrent alors que nos bouches se retrouvaient dans une danse effrénée. Au delà de la tendresse, nous avions ce besoin irrépressible l'un de l'autre, faisant épouser nos lèvres respectives avec fougue et ardeur.
La seconde suivante, je me retrouvai sur ses genoux sans cesser de l'embrasser. Il approfondit notre baiser, faisant éclater tout un tas de courants électriques dans mon corps. Même le manque d'oxygène ne semblait pas être une excuse suffisante pour nous séparer.
Alors que je faisais vagabonder mes mains dans ses cheveux, je sentis ses doigts brûlants se glisser timidement sous mon haut, effleurant mon ventre et mon torse.
Je l'aurai volontiers encouragé si une voix bien familière n'avait pas résonné dans notre dos.

- Le conseil est OH MERDE ! fit Minho en se cachant les yeux. Je suis désolé, je ne voulais pas interrompre votre ... Je veux dire votre ... Enfin ce que vous étiez en train de faire !

Thomas et moi nous nous séparâmes, gênés mais avec un léger sourire sur le visage.

- Vous êtes décents ? demanda notre ami qui n'avait pas enlevé sa main de son regard.
- Arrêtes de faire le con, commandai-je en riant encore étourdi par ce baiser.

Minho daigna nous regarder, un sourire au coin des lèvres.

- Heureusement que c'est moi qui suis venu. Imaginez un peu la tête du pauvre Chuck !
- Et le conseil ? demanda Thomas en ignorant sa précédente remarque.

Le rictus de Minho retomba et il prit un air plus grave.

- Teresa et vous allez être bannis ce matin. Ils ne vont pas tardé à venir vous cherchez.
- Qui "ils" ? demandai-je.
- Gally et toute sa clic. J'ai seulement pu rallier Clint, Jeff, Frypan, Winston, Zart et Chuck à votre cause.
- C'est suffisant, répliqua Thomas.

Nous tournâmes la tête vers lui, interloqués.

- Qu'est-ce que tu comptes faire exactement ? l'interrogeai-je.
- Quitter cet endroit, répondit-il simplement, laissant facilement entendre qu'il avait un plan en tête.