Épilogue

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|Snow patrol - Chasing cars|

"Heather Jones, vous êtes un génie. Félicitations, le monde de l'art s'ouvre à vous."

Je remercie l'un des invités au vernissage de ma nouvelle galerie, et ferme la porte vitrée derrière lui, inspirant un grand coup.

Je me précipite vers l'une des salles attenantes, fermée au public, esquivant du mieux que je le peux les nombreux invités, et saute soudainement à pieds joints en poussant un cri de joie, les larmes aux yeux.
Ce soir, mon rêve s'est réalisé. Plus de la moitié de mes croquis et dessins se sont vendus à des prix les plus incroyables les uns que les autres, tout le monde semblant émerveillé, j'ai même eu la chance de discuter avec des personnalités politiques et quelques journalistes qui m'ont tous promis une place dans leur revues. Cette soirée n'aurait pas pu mieux se dérouler.

J'ai eu l'occasion de retrouver quelques vieilles rencontres ; des anciens amis que je m'étais fait lors de ma formation à l'école d'arts, des anciens collègues issus de tout les petits boulots que j'ai enchaîné, mon frère et sa femme (ils se sont mariés il y a deux ans, quelques années après nos retrouvailles. J'ai passé tellement de temps à chercher Dylan, mes efforts ont enfin aboutis : il m'a pardonné, et a aussi fait des efforts de son côté). Aussi, j'ai eu la surprise de croiser d'anciens professeurs ainsi que Jen, le ventre rond, accompagnée de Calum sur lequel on peut lire la fierté évidente de devenir père. Ça a été un plaisir de discuter avec eux et de prendre de leurs nouvelles. Apparement, l'un des employés de Modest et collègue de Jen aurait tenté de les séparer en dévoilant à la direction leur liaison. Jen a alors démissionné et s'est trouvé un nouveau travail. Depuis la séparation du groupe, les deux amoureux vivent à San Francisco, et préparent l'agrandissement de leur petite famille.

Je remets rapidement mes cheveux et ma tenue en place, et sors de la pièce afin de retrouver mes invités. Au passage, j'attrape une coupe de champagne gentiment offerte par l'un des serveurs, et slalome d'invité à invité afin de jouer l'hôte parfaite.

Une main se pose alors sur ma taille, me coupant dans mon élan. Je souris, et pose la tete sur son épaule, le laissant m'embrasser le crâne.

"Tu passes une bonne soirée ?
-quelle question. C'est encore mieux que ce que j'avais imaginé ; et te voir te pavaner dans cette robe ne peut qu'améliorer ma joie."

Je pouffe, et me retourne pour lui lancer un regard moqueur. Mon regard plongé dans ses yeux verts d'eau que j'aime tant, et je n'ai qu'une hâte : rentrer chez nous ce soir pour lui montrer à nouveau à quel point je l'aime.

Depuis quatre ans, Ethan a été ma plus grande source d'inspiration, et ma motivation quotidienne. Quand je l'ai rencontré, j'étais en deuxième année en école d'art, et je traînais tard à la bibliothèque universitaire afin de rendre mes dissertations d'histoire de l'art à temps. Il est venu m'aborder avec un grand sourire, et n'a pas bronché lorsque je l'ai violemment prié d'aller voir ailleurs. Il n'a pourtant pas baissé les bras, et j'ai fini par lui accorder un rendez-vous, qui s'est vite décliné en une série de rencontres plus agréables les unes que les autres. Cet étudiant en sciences politiques, charmé par mon accent américain et mes dessins mystérieux, a su me redonner le sourire. À cette période, j'étais totalement renfermée sur moi même et dévastée, hantée par Luke, de qui je n'avais eu aucune nouvelle depuis mon départ de Los Angeles, presque trois ans plus tôt. Je réalisais peu à peu qu'il ne reviendrait jamais, et c'était dur à encaisser.
Ethan a chassé ce souvenir, a fait revenir le bon en moi, et m'a soutenu jusqu'au bout ; c'est grâce à lui que aujourd'hui, j'ouvre ma première galerie, un peu plus de six ans après avoir rompu mon contrat avec Modest Management, qui n'est plus qu'un mauvais souvenir désormais.

Sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant