Les rois mages

Partie 2

Le moment de contrariété et de surprise passé, Terry, s'étonna :

« Tu t'appelles... Balthazar ?

-Euh... oui... c'est bien ainsi que m'ont baptisé mes parents. »

Le comédien le dévisagea, à la fois agacé et curieux malgré tout. Que lui voulait ce garçon qui était en train de lui ruiner ce petit moment de détente auquel il aspirait tant ? Il avait pourtant donné des ordres... Il soupira et s'enquit :

« Eh bien, Balthazar, comment as-tu fait pour pénétrer ici ? »

Silencieux, son visiteur laissa errer son regard le long des murs nus de la loge du comédien. Terry ne désirait pas brusquer ce garçon au regard azur et aux cheveux blonds dont il ne connaissait que le prénom et, malgré son impérieux besoin de repos, il attendit patiemment que celui-ci voulût bien s'exprimer.

« Pourquoi n'êtes-vous pas avec elle ? s'enquit finalement le blondinet avec une nuance de reproche dans la voix.

—Avec qui ? »

Mais sans paraître avoir entendu la question que le comédien, perplexe, venait de lui poser, le dénommé Balthazar continua :

« Vous savez que vous êtes tout pour elle ?

—Mais de qui parles-tu ? »

Balthazar se renfrogna et la mine boudeuse déclara :

« Si vous ne savez pas de qui je parle, alors peut-être que je ferais mieux de m'en aller. »

Sur ces mots, il clopina vers la porte, prêt, de toute évidence, à quitter les lieux. Terry, les sourcils froncés se demandait s'il s'agissait de la dernière trouvaille de Susanna pour le contraindre à enfin discuter mariage. Mais un doute s'insinuait en lui qu'il voulait lever.

« Attends... Ne pars pas... Explique-toi, je t'en prie... »

Le garçon s'immobilisa et soupira :

« Je me demande si je ne suis pas en train de commettre une monumentale erreur...

—Je t'en prie... insista Terry en lui désignant le fauteuil, tandis que lui-même rapprochait un petit tabouret pour s'installer en face de l'étrange admirateur. Assieds-toi donc et raconte-moi ce qui t'amène ici. »

Le garçon s'exécuta, et tout en cherchant le regard de l'acteur qu'il était venu voir de si loin, il s'éclaircit la gorge.

« L'an dernier, j'ai eu un terrible accident de cheval, mais dans mon malheur, j'ai eu la chance qu'il se produise tout près d'une petite clinique qui venait d'ouvrir, près de La Porte. »

Terry eut l'impression que son cœur s'était arrêté de battre et bafouilla :

« La... La Porte ?!

— Oui... La Porte... Vous devez connaître l'endroit, d'après ce qu'elle m'a raconté !

— Tu... tu parles donc de... de...

— Oui Monsieur, je parle bien d'elle. J'avais fini par croire que vous l'aviez oubliée. »

Terry s'approcha avec brusquerie du garçon et posant les mains sur ses épaules, il plongea son regard dans les prunelles d'un bleu si limpide et la voix chargée d'émotion, demanda :

« Mon Dieu... Tu as vu Candy ? Est-elle toujours à La Porte ? Comment va-t-elle ? Et que devient-elle ? »

Balthazar sourit. Un moment, il avait craint que le célèbre acteur, trop pris par sa vie trépidante, ait complètement oublié celle dont il était venu lui rappeler l'existence.