Partie 12

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« Candy... » murmura-t-il à son tour, bouleversé et le souffle court, des larmes de soulagement remplaçant celles de désespoir qu'il versait jusqu'à présent.

La jeune fille esquissa un faible sourire tandis que, Terrence, sans oser quitter des yeux le visage chéri se rasseyait lentement tout en reprenant dans les siennes la main qu'il venait de lâcher pour y déposer avec ferveur un nouveau baiser. Dieu, qu'elle était belle ainsi, doucement éclairée par la lune.

« Candy ! J'ai eu si peur ! »

Oui... Si peur de la perdre encore une fois et cette fois-ci définitivement... Encore maintenant, la peur lui nouait les entrailles. Sa Taches de Son allait-elle vraiment mieux ? Fallait-il avertir les infirmières, les médecins ? Albert lui avait montré la sonnette sur laquelle appuyer si quoi que ce soit se produisait. Ce qui était justement le cas. Mais avertir le corps médical, c'était clore un tête-à-tête que le comédien appelait de toute son âme et qu'il aurait voulu prolonger, ne serait-ce que de quelques instants. Lisant l'incompréhension dans les yeux de sa belle il expliqua :

« Tu es à l'hôpital, tu t'étais évanouie.

— Comment.... Comment se fait-il que tu sois... ici ? »

À la place de Tom, compléta mentalement Terrence en contractant involontairement les mâchoires, blessé. Alors qu'il était sur le point de lui avouer ses sentiments, de lui avouer qu'il n'avait jamais cessé de l'aimer et que malgré la promesse qu'elle lui avait arrachée, elle resterait pour toujours son seul et unique amour, Candy venait brutalement de lui rappeler une évidence : c'était Tom qui à présent partageait sa vie et c'était bien entendu Tom qu'elle aurait préféré trouver là, à ses côtés. Ravalant son chagrin et sa fierté, il lâcha à regret la main chérie et murmura :

« Tom était là jusqu'à présent... Je viens juste de prendre sa relève...

— Tom ? Mais pourquoi me parles-tu de Tom ?

— Eh bien...

— C'est de ta présence à toi dont je parle... » fit Candy en cherchant à se redresser.

Trop déconcerté pour seulement songer à l'aider — d'ailleurs s'il l'avait fait, s'il s'était penché vers elle pour remonter l'oreiller derrière son dos, qu'en aurait-il découlé, hein, je vous le demande ? — ou bien chercher à l'en dissuader — était-elle vraiment en état de s'asseoir là, déjà ? Ne valait-il pas mieux qu'elle reste encore allongée ?— Terrence vit Candy froncer les sourcils, comme si elle cherchait à faire remonter un souvenir dans sa mémoire.

« Tu n'avais pas un gala à New-York ? murmura-t-elle finalement.

— Si... Je t'avais d'ailleurs envoyé une invitation...

— Tu m'avais envoyé une invitation ? Mais... Mais, je n'ai rien reçu, moi... Rien du tout... »

Candy avait fini sa phrase d'une toute petite voix, incapable de masquer totalement le désarroi qu'elle avait éprouvé lorsqu'elle avait fini par admettre que Terry n'avait pas jugé utile de la compter au nombre de ses invités. Ce fut au tour du jeune homme de froncer les sourcils. Il était tout à fait sûr que Robert avait bien fait le nécessaire pour envoyer les billets à la famille André — il avait suffisamment insisté à ce sujet... Se pouvait-il que ces billets se fussent... perdus en route ? Mais alors... Mais alors l'absence de Candy à son gala n'avait plus du tout la signification qu'il avait cru devoir lui donner. Se pourrait-il que... Terrence dévisageait intensément la jeune fille, avec une envie grandissante de reprendre entre les siennes les petites mains qu'elle tenait à présent serrées l'une contre l'autre dans une posture qui révélait son trouble. Mais avant même qu'il n'ait eu le temps d'esquisser le moindre geste, il vit les pupilles de sa Taches de Son se dilater sous l'effet de la surprise. Ses doigts venaient d'effleurer la bague qu'il lui avait glissée à l'annulaire et elle la fit miroiter dans le pâle rayon de lune avant de lever vers lui un regard interrogateur. Celui de l'acteur s'arrêta sur le bijou dont l'argent terni, à son grand étonnement, brillait à présent comme un sou neuf. Le petit diamant qui y était enchâssé étincelait lui-même de mille feux, jetant dans la pièce des éclats colorés et changeants. Par quel tour de passe-passe le dépôt si tenace qui recouvrait la bague s'était-il soudain volatilisé alors qu'il n'avait pas réussi à l'éliminer, plus tôt dans le hall de l'hôtel ?

Les rois magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant