Partie 7

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Au son du moteur, Candy, un peu interloquée, s'était retournée. Et lorsqu'elle vit sa cousine descendre du véhicule et lui faire signe, ses yeux s'agrandirent encore. Que faisait Élisa dans ce coin perdu ?

« Albert veut te voir ! Il m'a envoyé te chercher, fit la rouquine en forçant sur son visage un sourire engageant.

— Il t'a envoyé me chercher ? »

Qu'est-ce que c'était encore que cette plaisanterie ? Candy n'était pas sûre de vouloir croire ce que lui affirmait sa cousine. Mais même si cela s'avérait être exact, Albert devrait attendre un peu. Elle avait beaucoup plus urgent à faire. Ce médicament devait absolument parvenir à son destinataire le plus rapidement possible.

Élisa, fronça les sourcils, un peu désappointée par la réticence qu'elle avait sentie dans la voix de sa cousine. Ce serait plus difficile qu'elle ne se l'était imaginé. Cette casse-pieds de Candy semblait avoir perdu une partie de sa naïveté.

« Oui, c'est urgent, insista-t-elle.

— Peut-être, Élisa, mais moi je dois d'abord apporter le courrier. »

La rouquine retint un soupir d'exaspération. Comment quiconque pouvait-il même imaginer, qu'une jeune femme du monde pût jouer le rôle de facteur ? Mais Candy n'était certainement pas une jeune femme du monde, Élisa le savait depuis fort longtemps. Depuis leur première rencontre, en fait. Réfléchissant à toute allure, cherchant dans tous les recoins de son cerveau dérangé la solution à son problème elle proposa :

« Je peux t'y accompagner, si tu veux, ça ira plus vite. Et je trouverai bien le moyen de t'empêcher de parvenir à destination ! continua-t-elle pour elle-même.

— Toi ? Tu veux m'accompagner ? » s'exclama la jeune blonde.

Candy observait sa cousine avec un étonnement croissant : serait-elle vraiment devenue serviable ? Cela lui paraissait tout de même plutôt improbable. Puis son regard se porta sur la route enneigée et elle déclara :

« Écoute Élisa, c'est vraiment gentil, mais je peux me débrouiller toute seule. De toute façon la route est bien trop dangereuse pour une voiture ! »

À bout d'arguments, la fille Legrand faillit se laisser aller à hurler. Rien ne se passait comme prévu. D'abord Terry qui avait pris le train malgré le vol de son billet et maintenant la fille d'écurie qui ne s'en laissait pas compter. Mais elle se reprit juste à temps. Il n'était pas dit qu'elle allait abandonner la partie si facilement. Il suffisait de retenir cette insupportable orpheline suffisamment longtemps. Une lueur diabolique s'alluma dans ses yeux.

« Aïe ! » fit-elle en faisant mine de s'être tordu la cheville, pour s'étaler ensuite, sans grâce aucune dans la neige. Tu me paieras ça aussi, marmonna-t-elle à voix basse.

Cette fois-ci, la ruse fut payante, car Candy se précipita vers elle.

« Tu t'es fait mal ?» s'inquiéta-t-elle en s'accroupissant près de sa cousine.

Celle-ci, ne répondit que par des grognements de souffrance plutôt convaincants pour qui ne connaîtrait pas sa fourberie. Candy, bonne âme, s'y laissa prendre et l'aida à se relever puis à s'asseoir dans le véhicule. Elle voulut lui ôter immédiatement sa botte, car elle savait qu'une fois que la cheville aurait enflé ce serait beaucoup moins aisé. Mais la rouquine poussait de tels cris de d'orfraie, qu'elle finit pas y renoncer. Avisant le gros véhicule dans lequel sa cousine était arrivée Candy hésita un court instant. Devait-elle la ramener en ville comme celle-ci l'exigeait ? Elle songea au malade qui était entre la vie et la mort et qui attendait ce remède miracle qu'elle tenait entre ses mains et elle sut quelle était sa priorité.

Les rois magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant