Partie 4

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Mais où est donc passé ce satané billet ? 

Terrence avait eu beau vider l'enveloppe, éparpillant son contenu sur la table de sa loge et fouillant fébrilement parmi les divers documents qui s'y trouvaient, des réservations et adresses d'hôtels pour la plupart, une clef et un petit mot qu'il n'avait pas encore pris le temps de lire. Il avait retourné ses poches, bien qu'il fût certain de ne pas y avoir glissé le billet. Il s'était même mis à quatre pattes pour vérifier si celui-ci ne s'était pas égaré sous le fauteuil. Mais non... Rien... Nada... Le vide complet.

Il se redressa, consterné et commença à passer ses longues mains dans les cheveux, en un geste d'impuissance accablée.

« Réfléchis Terrence... » s'exhorta-t-il, les doigts fourrageant dans ses mèches brunes, espérant sans doute déclencher ainsi l'éclair de génie qui lui indiquerait où chercher.

Voilà... Il avait dû perdre le billet dans les couloirs du théâtre, tantôt, lorsqu'il avait essayé de rattraper Balthazar. Il refit le parcours à vive allure, dans un sens sans rien trouver, puis plus lentement dans l'autre, fouillant du regard chaque recoin sans plus de succès, et encore une troisième fois et une quatrième fois, mais c'était peine perdue. Quelqu'un l'avait peut-être ramassé ?

« Vous n'auriez pas trouvé un billet de train ? s'enquit-il auprès des quelques employés du théâtre qui finissaient de ranger du matériel.

— Un billet de train ? » fit l'un d'eux interloqué.

Les autres n'avaient pas l'air davantage au courant et le comédien ne s'attarda pas davantage avec les machinistes, regagnant, dépité, sa loge. Qu'avait-il fait de ce fichu billet ? Il chercha encore au fond de l'enveloppe, qui était pourtant clairement vide, ne pouvant se résoudre à accepter la réalité de la situation. Il se laissa tomber dans son fauteuil, abattu. Était-ce le signe qu'il ne devait pas aller à La Porte ? Qu'il ne devait pas aller la rejoindre ? Lui qui avait finalement réussi à se sortir de l'indécision, voilà que la disparition du billet semblait mettre un point final à son joli rêve. Il finit par se relever avec un gros soupir de frustration. On l'attendait à la réception, réception à laquelle il n'avait plus aucune envie de se rendre. Pour se donner du courage, il pensa à la petite Mary qu'il avait prise sous son aile et qui, avec sa joie de vivre et sa spontanéité, lui rappelait tant sa Taches de Son. D'ailleurs, il avait promis à Mary... Il ouvrit la porte de la loge et se retrouva nez à nez avec Robert qui, immédiatement, remarqua la physionomie renfrognée de son protégé. Après le succès qu'ils venaient tous de vivre, c'était plutôt étrange.

« Qu'est-ce qui t'arrive ?

— Rien... soupira le comédien.

— Comment ça, rien ? Ne te moque pas de moi...

— Rien d'important, en tout cas. »

Terrence avait décidé de tirer un trait sur ce qui s'était passé et n'avait absolument aucune envie d'en discuter, pas même avec son ami Robert. Ce dernier le considéra un moment avant de secouer la tête, l'air désapprobateur. Il savait par expérience que lorsque son acteur vedette était dans cet état, il pouvait devenir vraiment détestable et la soirée risquait de tourner au vinaigre. Il le repoussa gentiment dans la loge, ferma la porte derrière lui et déclara sur un ton décidé :

« On ne sort pas d'ici tant que tu ne m'as pas tout raconté !

— Ça ne te regarde pas ! marmonna le jeune homme irrité.

— Oh que si ! Je ne tiens pas à ce que les journalistes trouvent matière à gloser à ton sujet.

— Je me fiche bien des journalistes !

Les rois magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant