Partie 17

108 12 8
                                    


Candy marqua un léger temps d'arrêt avant de s'étonner la bouche pleine :

« Un véchage ? Our voi ? »

La curiosité brillait dans ses yeux verts mais ne l'empêcha pas de se remettre à avaler goulûment quelques bouchées supplémentaires.

« Oui... Pour toi, fit Terry en retenant un rire. »

L'acteur lui déposa un léger baiser sur la tempe et alla s'accroupir devant son sac, puis farfouilla à l'intérieur tandis qu'elle finissait son bol d'avoine à une allure record. Il finit par mettre la main sur l'enveloppe quelque peu fripée dont le dos était barré de la mention « À remettre en mains propres ».

Tout en goûtant une gorgée de café qu'elle s'étonna de trouver encore si chaud, Candy se saisit de la lettre qu'il lui tendait et la tourna et retourna entre les doigts, visiblement trop troublée pour penser à la décacheter. Elle n'avait pas imaginé un instant que le fait de s'épancher auprès de son petit patient pourrait avoir une telle issue.

« Eh bien, qu'est-ce que tu attends ? Ouvre-la ! »

Sortant de son hébétude, la jeune blonde s'exécuta, retira l'unique feuillet que contenait l'enveloppe et lut le court message qu'y avait inscrit le garçon de son écriture ronde et appliquée. Debout près d'elle, Terry la vit rougir et tendit la main vers le message, tout en l'interrogeant :

« Qu'est-ce qu'il a écrit ? Je peux voir ? »

Candy leva les yeux vers lui et à son grand étonnement serra le feuillet contre elle en bafouillant :

« Je... C'est... C'est... personnel. »

Elle le dévisagea en se mordillant la lèvre inférieure, embarrassée, alors qu'il fronçait les sourcils, un peu désarçonné par son refus. Il regretta un court instant de ne pas avoir pris connaissance plus tôt du contenu de cette lettre. Que diable pouvait y avoir écrit Balthazar qui la faisait rougir ainsi et qu'elle n'osait lui montrer ?

Bien vite cependant, il se reprit et balayant la légère déception qu'il avait ressentie sous un sourire taquin, il s'enquit :

« Personnel ? Me voici encore plus curieux !

— Je... C'est-à-dire que...

— Serait-ce un message de quelque nouveau prétendant ?

— Voyons, Terry ! Tu sais bien que ce n'est pas le cas...

— Ah ? Et comment je saurais ça, moi ? Tu serres ce bout de papier contre ton cœur avec tant de passion...

— Terryyyy...

— Et cet air emprunté... poursuivit celui-ci sur un ton badin. À croire que tu cherches juste une excuse pour...»

L'acteur sentit que ses paroles étaient en train de déraper dans une direction qu'il n'avait pas le moins du monde prévu de lui donner et le « pour me planter là... » qui était sur le point de s'échapper de ses lèvres se perdit dans un murmure confus. Il baissa les yeux et se tut, embarrassé. Il ne s'était pas rendu compte à quel point son esprit restait parasité par l'épreuve de leur séparation. Malgré le temps et tous ses efforts, de douloureuses interrogations ne cessaient de flotter à la lisière de sa conscience, l'empêchant de jouir du bonheur présent.

Candy, la figure à moitié cachée derrière la tasse de café qu'elle venait de porter à ses lèvres autant pour se donner une contenance que pour cacher son propre trouble, l'interrompit dans ses réflexions :

« Arrête de raconter des sottises... »

Il releva lentement les yeux vers la jolie blonde qui visiblement, n'avait pas saisi la fin de sa phrase. Il ne savait pas s'il en était soulagé ou au contraire déçu. Il aurait tellement voulu connaître la véritable raison de la terrible décision qu'elle avait prise en ce soir d'hiver... Candy avait senti le changement d'humeur du jeune homme et le dévisageait, intriguée.

Les rois magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant