Mais qu'avait-il bien pu se passer un peu plus tôt dans le chalet de Tom ? Eh bien, après le départ de son ami, Candy s'était plongée dans la contemplation des flammes qui crépitaient gaiement dans la cheminée et dont elle n'avait jamais tant apprécié la chaleur bienfaisante. Une délicieuse torpeur l'avait envahie, en même temps que cette sensation... cette sensation vraiment étrange... grisante... magique... Complètement irréaliste, de fait, cette sensation. La sensation d'une présence... D'une présence presque palpable... Sa présence.
La jeune femme savait parfaitement que Terry ne pouvait en aucun cas se trouver là, juste derrière la porte. Mais l'impression était si incroyablement vive... Et puis c'était si bon de laisser galoper son imagination. Candy était presque convaincue que celui que son cœur n'avait cessé de réclamer, allait se matérialiser dans l'entrée, d'une minute à l'autre et que toutes ces années de souffrance seraient balayées d'un coup... Et elle fixait la porte avec un espoir insensé.
Pourtant, au bout d'un moment, la merveilleuse sensation s'était estompée. D'ailleurs ses mains, inexplicablement, étaient à nouveau glacées et elle avait dû se rendre à l'évidence : l'agréable cocon de chaleur qui avait commencé à l'envelopper venait subitement de se déchirer, lui laissant un décourageant sentiment d'incomplétude. L'air de la pièce s'était soudain rafraîchi et elle se sentait à nouveau transie. En y réfléchissant bien, cela n'avait rien de si extraordinaire. Tom avait sans doute simplement laissé la porte ouverte trop longtemps, au moment de sortir... Candy se leva, poussa tant bien que mal le grand fauteuil au plus près des flammes dansantes avant d'être prise de vertiges. Elle eut tout juste le temps de se retenir à l'accoudoir du fauteuil pour ralentir la chute qu'elle sentait venir, avant de sombrer dans un trou noir.
--oooOOOooo—
Terrence s'éveilla, l'angoisse au cœur. Il ne savait plus de quoi il avait rêvé, mais c'était sûrement, une fois de plus, un de ces cauchemars qui venaient régulièrement le hanter depuis l'époque où il avait eu la bêtise de laisser partir Candy. Cauchemars qui lui laissaient toujours ce goût amer et cette sensation de détresse insurmontable. Il jeta un regard hébété autour de lui avant de reconnaître la pièce où il se trouvait. C'est alors que les événements de la veille lui revinrent en mémoire, l'engloutissant dans un océan de désespoir. Le voyage de retour à New-York s'était déroulé dans une sorte de brouillard et lorsqu'il était finalement entré dans son appartement, le comédien n'avait fait aucun effort pour résister à l'incoercible envie d'alcool qui l'avait saisi. À quoi bon ? Il s'était dirigé tout droit vers l'armoire où il gardait quelques bouteilles dont il aurait sans doute mieux fait de se débarrasser. Combien de verres s'était-il servi ? Il n'en avait plus aucune idée. Il se rappelait seulement l'état second dans lequel il s'était senti lorsqu'il était finalement allé dans sa chambre avant de s'écrouler sur son lit. Curieusement, la migraine qui accompagnait habituellement chacun de ses excès n'était pas au rendez-vous. Il se redressa lentement sur un coude et aperçut par terre le journal que son étrange vis-à-vis avait tenu à lui fourrer entre les mains avant de quitter le train. Il s'interrogeait d'ailleurs : pourquoi l'avoir rapporté chez lui, plutôt que de s'en débarrasser dans la première poubelle venue ? C'était un journal local, daté du... Terrence fronça les sourcils, Comment ce journal pouvait-il être daté du vingt-cinq ? Ce n'était pas possible... Mais il n'eut pas le temps de s'attarder davantage sur cette anomalie, car son regard venait d'être happé par le gros titre qui barrait la première page du quotidien : « Terrible accident : l'héritière André... » Il fallait déplier le journal pour lire la suite mais celui-ci lui glissa des mains. Non... Non !!! Il ferma les yeux, essayant de chasser de son esprit ces mots qui ne présageaient rien de bon. Il devait être en train de faire un mauvais rêve... un très mauvais rêve. C'était... C'était sûrement ça... Rien qu'un horrible rêve... Il ne pouvait en être autrement ! D'ailleurs, il avait vu sa Taches de Son, pas plus tard que la veille, et elle était parfaitement vivante, même si c'était dans les bras d'un autre... C'était son imagination qui lui jouait des tours et l'alcool aussi, sans doute. Lorsqu'il rouvrirait les yeux tout ceci aurait disparu.
VOUS LISEZ
Les rois mages
FanfictionEt si les rois mages se mêlaient du destin de Candy et de Terry ?