Partie 16

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Tirée des bras de Morphée par le léger arôme de vanille et de café qui flottait jusqu'à ses narines, Candy ne put empêcher un sourire de naître au coin de ses lèvres. Mais elle se figea presque aussitôt. Quelque chose lui manquait. La chaleur du corps de Terry contre le sien. Elle fronça les sourcils. Où était-il passé ? Avait-il fini la nuit sur le lit d'appoint ? Elle se souleva sur un coude et dut se rendre à l'évidence. Personne n'y était couché. Les draps n'étaient même pas défaits. Et Terry... Terry avait tout bonnement disparu. Il n'y avait plus la moindre trace de son passage. Tout au plus persistait-il, dans l'atmosphère aseptisée de la pièce, une subtile senteur boisée en plus de l'odeur de café, mais si éthérée qu'elle se demanda si ce n'était pas juste le fruit de son imagination.

L'affolement la gagna. Quand était-il parti et pourquoi alors qu'il avait promis de n'en rien faire ?

La veille déjà, elle avait paniqué lorsqu'elle s'était réveillée dans une chambre vide. Mais la veille, le manteau de Terry était encore là, soigneusement plié en travers du dossier de la chaise et son sac n'avait pas bougé du coin où il l'avait posé, près de la fenêtre. Candy s'était donc rapidement calmée : il ne pouvait être bien loin. Il allait revenir, cela ne faisait aucun doute. Peut-être était-il simplement allé se chercher quelque chose à boire ?

Comme elle se sentait encore un peu groggy, et c'était un euphémisme, elle avait décidé de l'attendre sagement, sans quitter son lit, mais un peu stressée malgré tout. Et de fait, il était réapparu peu après à son grand soulagement.

Aujourd'hui, cependant, c'était différent. Tout à fait différent. D'abord parce que la veille, après le passage du médecin et avant de sombrer entre les bras de Terry dans un sommeil sans rêves, elle lui avait extorqué la promesse de ne plus la laisser seule sans prévenir, promesse qu'il lui avait faite sans rechigner, vous vous en doutez.

Et pourtant, voilà qu'il avait à nouveau disparu. Plus préoccupant encore, ses affaires s'étaient volatilisées avec lui. Il avait donc dû quitter l'hôpital pour de bon, cette fois-ci. Où était-il parti ? Et surtout... pourquoi ?

Elle se souvenait encore des paroles qu'il avait prononcées sur un ton taquin : « Tu es sûre, Mademoiselle Taches de Son ? Tu sais que je suis têtu ! Si je te promets ça, tu n'auras plus aucun moyen de te débarrasser de l'insupportable personnage que je suis ! » Elle avait frénétiquement hoché la tête et il avait promis, avec l'ébauche de ce sourire en coin qui la faisait fondre — elle et toutes ses admiratrices par la même occasion.

Pourquoi l'avait-il abandonnée ainsi ? Candy se sentait au bord des larmes. Elle s'extirpa de son lit malgré la migraine qui s'était mise à pulser sous son crâne. Une désagréable sensation nauséeuse l'immobilisa presque aussitôt et elle essaya de la chasser en inspirant à petits coups précipités. Peut-être ferait-elle mieux d'appeler quelqu'un, finalement... Non... Après réflexion, elle était sûre que si elle se risquait à sonner, le docteur West voudrait la garder une journée supplémentaire en observation, voire plus. Or elle tenait absolument à passer Noël à la maison Pony, comme elle l'avait promis aux enfants. Mais elle espérait si fort le passer là-bas avec Terry... Où était-il ? Elle devait absolument le trouver !

D'abord se changer. Elle ne risquait pas d'aller bien loin dans sa tenue d'hôpital... Une déplaisante surprise l'attendait lorsqu'elle ouvrit la penderie : celle-ci était désespérément et irrémédiablement vide. Elle se demanda si tous ses vêtements n'étaient pas restés chez Tom et grimaça de dépit.

Un nouvel épisode nauséeux la saisit et elle se figea au milieu de la pièce, les jambes en coton.

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Les rois magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant