Partie 21

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Mary secoua la main de Terry lorsqu'elle aperçut l'homme tout de rouge vêtu qui se tenait à l'entrée de la pièce, un gros sac de jute sur le dos, et s'extasia :

« Ooooh ! On dirait le vrai père Noël !

— Comment ça, on dirait le vrai père Noël ? déclara l'acteur à son tour. Parce que moi, je n'avais pas l'air d'un vrai père Noël, peut-être ?

— Eh bien, toi, je savais que c'était toi...

— Et lui... Tu sais bien que c'est lui aussi, non ?

— C'est vrai, mais...

— Mais ?

— Ben, lui, il a l'air tellement vrai !

— Je vois... murmura Terry, un peu vexé. »

C'est alors qu'une bande de gamins survoltés prit la pièce d'assaut. Bientôt, le « père Noël » fut entouré d'une nuée d'enfants surexcités. Mademoiselle Pony les contemplait en souriant alors que Sœur Maria se démenait comme un beau diable — c'est juste une façon de parler, bien sûr — pour tenter sans y parvenir vraiment de réduire le niveau sonore devenu infernal.

« Ho ! Ho ! Ho ! Les cadeaux ça se mérite, les enfants ! »

La voix tonitruante ne s'était pas éteinte, que le calme était déjà revenu, et la religieuse se demanda si elle ne devrait pas emprunter à Gaspard son costume pour mieux se faire obéir.

Le repas convivial qui suivit fut joyeux et animé. Chacun constata avec plaisir et soulagement que Candy avait retrouvé son appétit d'ogre, ou plutôt d'ogresse, et savourait avec gourmandise chacun des plats et surtout des succulents desserts placés devant elle.

Vers dix heures, Mademoiselle Pony décida qu'il était l'heure pour les enfants, d'aller au lit. Quelques protestations fusèrent bien ici ou là, mais sans grande conviction. En présence du Père Noël, mieux valait être sage, n'est-ce-pas ? Pour tenter d'apaiser la déception des enfants, Candy leur proposa de venir les border avec Annie et Patty, ce qu'ils acceptèrent avec des cris de joie. Terry qui n'avait pas envie de la voir s'éloigner de lui déclara à son tour :

« Et moi je vais vous raconter une histoire. Tu viens nous aider, Mary ?»

La fillette ne se fit pas prier. Jouer la grande sœur auprès des plus petits, elle adorait ça. Alistair et Archibald ne furent pas en reste. Sans se concerter, ils se levèrent à la même seconde, pour emboîter le pas au reste de la troupe.

Gaspard s'éclipsa quelques minutes plus tard, prétextant une envie pressante.

Resté seul, Albert se leva et se planta devant le magnifique sapin. Il soupira. Il ne savait toujours pas quoi faire d'Élisa malgré la houleuse discussion qu'il avait eue avec les rejetons Legrand.

Daniel, ulcéré par la façon dont sa sœur l'avait propulsé sous les projecteurs pour ensuite le laisser en plan — car, oui... la chipie était partie, le laissant tout seul, le pauvre, à la merci des journalistes dont il avait été la risée— Daniel, donc était venu lui expliquer tout ce qu'il savait. La façon dont elle avait escamoté les invitations, puis le vol, car c'était bien ce dont il s'agissait, du billet de train ainsi que tout ce qu'elle avait entrepris pour empêcher la rencontre entre Terry et Candy, sans compter, le matin même, la façon dont elle l'avait ignominieusement harcelé pour obtenir son aide...

Ce que lui avait révélé son neveu recoupait les dernières informations qu'il avait obtenues par Tom d'une part, et par sa fille et son chevalier servant d'autre part, lors du trajet jusqu'à l'orphelinat, et le patriarche de la famille André n'avait pas eu grand mal à reconstituer le puzzle des événements. Daniel n'avait probablement pas vraiment pris part à quoi que ce fût de tangible. Pour ce qui le concernait, Albert trouvait que le coup de poing qu'il avait reçu en public était une humiliation suffisante.

Les rois magesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant