- Dans 5 mn je serai fixé...
Il était 16h55.
Franck attendait dans sa voiture garée sur le parking de l'hôpital. Le matin même il avait appelé le chef de service de psychiatrie de l'hôpital, le professeur Luc Chauvin, qui suivait Claire, prétextant un appel pour prendre de ses nouvelles. Il avait encore grâce à ses yeux, contrairement à Igor les deux hommes n'ayant jamais pu s'entendre. Les quelques formules de politesse du début de la conversation avaient progressivement évolué en évocation de souvenirs d'anciens compagnons d'armes, et par miracle le dossier de la jeune fille fut évoqué.
- Est ce que tu savais que Neville était sortie il y a quelques mois ?
- Ah oui effectivement Igor m'en a parlé par hasard dernièrement. Je peux te dire que ça nous a foutu un coup à tous les deux, en nous rappelant quelques souvenirs !
Franck se disait qu'il était mûr pour monter sur les planches.
- Et comment va t'elle ? se risqua t'il.
- Compliqué de te réponde simplement Franck, nous la suivons depuis maintenant six mois, son comportement est irréprochable, pour ne rien te cacher elle me parait encore fragile. Mais elle veut s'en sortir et je pense qu'elle est sur la bonne voie.
Franck voulut se pincer en entendant de tels âneries. Claire sur la bonne voie, surréaliste.
- Tu la reçois régulièrement ?
- Deux fois par semaine, pour des séances d'une heure. La routine, tu connais ça par coeur. D'ailleurs nous nous voyons à 16h tout à l'heure.Franck, derrière son volant, avait les yeux rivés sur la porte d'entrée du hall. Il faisait humide et la nuit tombait inondant le parking d'une atmosphère cotonneuse que les quelques réverbères allumés n'arrivaient pas à atténuer. Le froid commençait à engourdir ses mains. Il frissonnait, et pas que de froid.
17h00.
17h05, toujours personne.
17h15, Franck commençait à remuer d'impatience sur son siège.
Il ferma les yeux quelques secondes pour réfléchir quand il tressaillit en entendant quelqu'un frapper sur sa vitre.
Claire le fixait, souriante.
Son coeur se mit à battre à tout rompre.
- Mr le docteur Desvignes en personne ! Que faite vous là ? Ne me dite pas que vous m'attendiez !
Franck sentit sa mâchoire se figer, il était incapable d'articuler un mot.
- Et bien vous en faite une tête ! C'est bien la première fois que je laisse pantois quelqu'un, d'habitude j'arrive à nouer facilement la conversation...
Franck avait quelques secondes pour trouver une parade. Il décida de sortir de sa voiture pour donner le change, paraître détendu. Il s'adossa à la portière en croisant les bras.
- Et bien en fait je venais rendre visite à mes anciens collègues.
Il devait absolument renouer la conversation et reprendre l'ascendant.
- Je pourrais vous poser la même question, que faites-vous par ici ?
Claire fixa Franck et attendit quelques secondes avant de répondre, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle devait vraiment dire. Son sourire disparu petit à petit.
- Je sors d'une consultation.
- Vous êtes toujours suivi je vois. Attention ! !
D'un geste vif , Franck repoussa Claire qui trébucha en s'effondrant par terre, vociférant.
- Vous êtes malade ! Qu'est-ce qui vous a pris ?
- Mais cette voiture a faillit vous renverser ! je vais vous aider.
Franck aida Claire à se relever et d'un geste dépoussiéra son manteau.
- Et oh, arrêtez s'il vous plaît, bas les pattes !
- Vous voulez que je vous ramène quelque part ?
- Je croyais que vous deviez rendre visite à vos anciens collègues ? Fit-elle en finissant de ramasser quelques affaires tombées de son sac à main.
Se retournant face à Franck, Claire ne souriait plus, elle le fixa dans le blanc des yeux, avec toujours ce regard bleu acier.
Franck sentit qu'il n'avait, de nouveau, plus la main. Il avait du mal à cacher son malaise.
- Euh, on peut changer d'avis. Ça ne vous arrive jamais ?
Claire fixa Franck de son regard pénétrant.
- Non, rarement, quand j'ai décidé quelque chose, je l'exécute.
Sur ces mots elle fit demi tour et s'éloigna. Après quelques mètres elle s'arrêta net et se retourna vers Franck.
- Et surtout n'essayez pas de me suivre ou de me faire suivre, je le saurai rapidement.
- Vous faire toujours des procès d'intention quand vous croisez quelqu'un ?
- Avec des individus de votre espèce, pas besoin de procès , je connais déjà leurs intentions.
- Vous m'avez bien l'air sûr de vous.
Claire le regarda, s'avança vers la voiture et s'approcha à quelques centimètres de son visage. Elle sentait le parfum, ses yeux l'hypnotisaient littéralement.
En articulant chaque mot très distinctement, elle chuchota au creux de son oreille.
- Plus encore que vous ne le croyez Mr Franck Desvignes, 10 allée des remparts à Bagneux, bâtiment 4, 1er étage, porte 5.
Franck était pétrifié.
- Ah j'allais oublier le digicode : B462A.
Elle sourit, visiblement satisfaite par l'effet produit.
- Bonne journée Monsieur Desvignes.
Elle s'éloigna sans se retourner, Franck la perdit à travers les voitures garées sur le parking.
Il avait maintenant la confirmation qu'elle n'était pas la blanche colombe cherchant à se réinsérer. Elle était dangereuse, Franck eut soudain peur lui et sa femme.Quelques instants après, dans la cafétéria de l'hôpital Franck reprenait doucement ses esprits en buvant une bière.
Il composa le numéro de téléphone d'Igor et lui relata les événements.
- Tu t'es foutu dans une sacré merde fit Igor, tu ne sais toujours pas où habite Claire, et en plus ta vie est menacée.
- On va découvrir tôt ou tard son repère je peux te le garantir.
- Et comment va tu faire ? Elle connait ta voiture maintenant. Elle est douée d'un sixième sens cette fille, elle savait pourquoi tu étais là !
- T'a raison, j'ai l'impression qu'elle a un coup d'avance sur nous.
Les deux hommes restèrent silencieux quelques minutes.
- Est-ce que tu veux un coup de main ? J'ai levé le pied ces derniers temps, mais si tu as besoin de moi, surtout n'hésite pas.
- Merci Igor, ça devrait aller.
- Que mijotes tu ? je te connais par cœur et je sens que tu as quelque chose derrière la tête !
- Peut-être.
Les deux hommes avaient tellement travaillé et passé de temps ensemble que chacun devinait les intentions de l'autre. Catherine avait une fois prononcé le mot Frère en évoquant leur relation. Franck était pour Igor le frère qu'il n'avait jamais eu.
- Donc tu ne veux rien me dire.
- Pas pour le moment, je dois être sûr d'abord.
- Tu sais où me joindre Franck.
- À bientôt Igor.
Franck eut une drôle d'impression en raccrochant. L'intuition de mettre le pieds dans un engrenage qui risquait de l'entraîner très loin.
Il posa son smartphone sur la table. La cafétéria commençait à se vider en ce début de soirée. Il était presque 18h30. Dehors il faisait nuit noire. Il composa le numéro de téléphone de sa femme Isabelle.
- Je rentrerai sans doute très tard, ne m'attend pas ma chérie.
- Encore cette sale affaire ? Laisse bosser la police Franck, c'est son boulot, pas le tiens. Je suis inquiète tu sais.
Il savait qu'elle avait raison. Mais c'était plus fort que lui.
Il raccrocha et ferma les yeux pour tenter de se recentrer. D'un geste vif et déterminé il lança sur son smartphone une application cartographique d'où clignotait un point rouge. Il zooma à l'aide de ses deux doigts.
- Maintenant je sais où tu te cache espère de Salope.
Franck avait réussit à cacher un mouchard dans le manteau de Claire. Le repère de la tueuse était maintenant devant ses yeux.
- Pas mal le coup de la bagnole. Qui a un coup d'avance dans cette affaire maintenant ? fit-il, murmurant entre ses dents.
Il ne devait pas perdre une seconde pour se préparer. Il savait que la nuit serait longue.
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Bleu acier
ActionJonathan Bertin a 32 ans. Jeune salarié dans une start-up il a tout pour réussir. L'argent, les filles, les motos, il profite de la vie. Jusqu'à ce qu'on lui apprenne que dans 3 jours, il mourra. Le chrono est déclenché, il a 3 jours pour changer so...