flash-back n°2

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mardi 31 janvier 2006
FRANCE

Enfermé dans ma chambre. Je suis puni mais je m'en fiche. J'ai été renvoyé de l'école. Je me suis battu avec un gamin, il m'a pris la tête parce que je parlais pas hyper bien français. C'est bon cassez moi pas la tête. Je suis donc allongé sur mon lit à regarder le plafond. Ça fait presque 1 ans que je suis là et c'est l'enfer. Je ne décroche pas un mot à mes parents adoptifs, jamais. Ils essayent pourtant de tisser des liens mais rien n'y fait, je ne veux pas leur parler.
J'ai quitté Madagascar, j'ai quitté mes parents alors que je ne le voulais pas. La France ne m'intéresse pas. Cest moche ici. On habite dans un immeuble collé à d'autres immeubles, ça change de la grande maison que j'avais avec Papa et Maman. Mais la salope ne me manque pas, vraiment pas. C'est le seul point positif de cette adoption. Je sais bien qu'ils regrettent de m'avoir pris moi et pas un autre. Je suis renfermé sur moi-même, incapable de m'ouvrir à qui que ce soit.
La porte de ma chambre s'ouvre. C'est Yannick. Putain mais sors de là.

Yannick - Alors Kiran. Comme ça on se bat à l'école?

Il se pose sur mon lit. Eh tu fais quoi? C'est mon lit, t'es fou. Bref, je vais même pas parler. Je ne pose même pas mes yeux sur lui.

Yannick - Tu veux m'expliquer ce qu'il s'est passé?

Il a toujours pas compris. Je parlerais pas.

Yannick - C'est pas la première fois que ça arrive en plus. Qu'est-ce qu'il se passe à l'école? Y en a qui t'embêtent?

Naïf ohlala. C'est moi qui embête les gens. Je soupire. Signe qu'il me saoule. C'est bon quoi, laisse moi tranquille.

Yannick - Écoute, je sais que c'est difficile pour toi d'avoir changé d'environnement du jour au lendemain...

Blablabla, on est là pour toi, je sais pas quoi, aller remballe. Je mets mes mains sur les oreilles histoire de bien lui montrer que je m'en fous de ce qu'il dit et qu'il peut bouger de ma chambre. Il baisse la tête et sort de ma chambre. Aller, merci au revoir. Et ils ne m'ont pas dérangé jusqu'à l'heure du dîner.

jeudi 1 juin 2006

Il y a deux mois, Yannick et Laure ont eu une petite fille, ahah elle est ultra moche. Je suis calé devant la télé quand je l'entends pleurer dans son cosy. Putain, ferme ta gueule, tu veux bien? Je soupire bruyammant. Ils vont se bouger pour venir la prendre cette gosse? Elle se met à pleurer plus fort encore. Je me lève subitement avec une grosse envie de foutre un coup de pied dedans mais je suis stoppé par Laure qui arrive en courant pour prendre sa fille dans ses bras. Sauvée par le gong. Je vais donc dans ma chambre jusqu'à tomber de fatigue dans mon lit.

samedi 19 aout 2006

Je me réveille avec les rayons du soleil. D'assez bonne humeur pour faire de nouvelles bêtises, ahah. Je sors de ma chambre et vais dans la cuisine prendre mon petit déjeuner. Je parle à personne comme d'habitude. Le bébé est sur sa chaise haute, pfff j'ai réellement envie de la faire tomber. Elle m'a réveillé toute la nuit, cette imbécile. Je mange les céréales vite avant de quitter la table, la vérité, elle me fout les nerfs, je sais pas pourquoi. Je vais dans le salon, devant la télé. Je suis rejoinds par les 2 gignols et leur bébé là, putain. Jamais seul. Mais j'ai jamais vu cet épisode de Johnny Test alors je vais rester.

Une vingtaine de minutes plus tard, le bébé se met à pleurer. PUTAIN. Fais chier cette merde. Laure est partie dormir donc il n'y a que Yannick pour s'occuper de la bestiole. A moitié endormi, il se redresse et essaye de la calmer mais vas y, elle pleure encore plus. Le petit vacarme dure une bonne dizaine de minutes et l'incapable, là, il sait pas s'y prendre. Il attend encore quelques instants avant de se lever et de quitter le salon. Le bébé est à côté de moi, la gueule ouverte putaaaaaain, je vais lui faire mal, je le sens. Elle pleure encore. Encore. Ça finit plus putain, j'en peux plus. Je réfléchis pas, je prends le premier coussin et l'enfonce sur sa tête. Le son est étouffé mdr le jeu de mot, vous avez vu. Bref. J'entends presque plus rien quand je suis violemment propulsé en arrière.

Yannick - ESPÈCE DE PETIT MERDEUX, C'EST QUOI TON PROBLÈME, T'ES CON OU QUOI, MERDE!

Il prend le bébé dans ses bras et la berce.

Yannick - LAURE! LAURE, VIENS TOUT DE SUITE, EH JE VAIS LE TUER SI JE CONTINUE DE LE VOIR.

Elle débarque toute fatiguée dans le salon et je crois qu'elle va vraiment être déçue. Yannick lui explique en exagérant bien les faits pour bien qu'elle me déteste. Plus il lui raconte les faits, plus son regard sur moi devient noir et amer. Elle m'a toujours regardé de manière douce et aimable, même si je l'ai insulté au moins 31845663224 fois de me regarder comme une tapette, j'aimais qu'elle me regarde de la sorte. Une fois au courant de la bêtise, elle fonce sur moi, attrape mon bras et m'embarque dans ma chambre. Elle a jamais été aussi brute de sa vie je pense. Elle me pousse à l'intérieur et me crie de faire mes valises. Je reste sans voix, sans bouger. Quoi? Genre, je rentre à Madagascar?

Laure - FAIS TES VALISES KIRAN-MODJO, TU FAIS TES PUTAINS DE VALISES

Elle est retenue par Yannick, heureusement parce que je sentais qu'elle allait me frapper sinon.

Yannick, froidement - Tu l'as entendu? Fais tes valises.

Et il claque la porte. Je vais rentrer à l'orphelinat? Sérieusement...?

J'ai fini par faire mes valises comme ils me l'ont dit. Et j'ai entendu leur conversation téléphonique disant qu'ils allaient me placer en foyer. Je sais même pas ce que c'est, ça.

Fin du flash-back

Blow it in the windOù les histoires vivent. Découvrez maintenant