flash-back n°5

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Lundi 28 décembre 2015

13:43

J'ai enfilé mon plus beau costume. J'ajuste ma cravate devant mon miroir quand ma mère frappe à ma porte pour me prévenir qu'on part. Je souffle une dernière fois et sors de ma chambre.
Près de 30 minutes plus tard, on arrive au tribunal. Mon coeur bat à une allure calme, je suis plutôt confiant. Je vais dire ce que j'ai à dire, je serais innocenté et voilà, je rentre chez moi. J'entre et... wow. C'est comme dans les films. Les jurés sont installés ainsi que mon avocat qui m'attend. Je laisse mes parents s'installer et vais le rejoindre.

Jeremy - Comment tu te sens?

Moi, en soufflant - Plutôt bien. J'espère que ce sera rapide.

Jeremy - Si tout se passe bien, ça ne devrait pas durer.

Je hoche la tête et me retourne. C'est à ce moment là que j'ai croisé son regard. Mon coeur a commencé à accélérer et tout ce que je voulais c'était l'attraper par les cheveux pour qu'elle m'explique ce qu'il lui est passé par la tête pour inventer toute cette histoire. Mais mon avocat, Jeremy, m'a très vite stoppé en attrapant mon bras.

Jeremy - Non, non. Ne l'approche pas. Reste calme. Tout ce que tu as à prouver, c'est à la barre et pas ailleurs.

Je souffle, exaspéré et tourne la tête. La séance débute. Le juge balance son charabia et je suis appelé à la barre. Je me lève et vais m'asseoir. Une série de questions s'enchaîne devenant de plus en plus personnelles.

Avocat de Kehlani - Donc, vous avez été adopté me semble-t-il.

Moi - Oui.

Avocat de Kehlani - Quel âge?

Moi - 8 ans.

Avocat de Kehlani - Mh... La France, ça change de Madagascar hein. Vous avez bien vécu le changement d'environnement?

Je cherche le regard rassurant de ma mère avant de répondre.

Moi - Non. Pas très bien.

Avocat de Kehlani, en lisant mon dossier - C'est ce qu'il me semblait. Plusieurs arrestations dues à des bagarres, du vandalisme, des vols à l'étalage...

Je ne réponds pas. Il a réellement accès à ces informations? J'avale ma salive difficilement et hoche la tête positivement. Je me demande où est le rapport avec Kehlani.

Avocat de Kehlani - Vous êtes plutôt habitué à avoir un comportement violent si je me réfère à tout ça, non?

Je ne sais pas quoi répondre putain, il m'a prit de court. Je me reprends rapidement et prends la parole.

Moi, sur la défensive - C'était une longue période de ma vie où je n'étais pas au meilleur de ma forme. Oui, j'ai fais des bêtises mais c'était avant.

Avocat de Kehlani - Les rechutes, ce n'est pas que chez les addicts, jeune homme.

Il me lance un regard accusateur. Ce procès s'annonce plus compliqué que prévu.

16:02

La séance est levée. Par manque de temps, on a pas pu aller jusqu'à la fin. La prochaine est dans 2 semaines. C'était vraiment horrible. Tout ce que je disais était contré par l'avocat de Kehlani. Il m'a bombardé de questions sur toute ma vie. Sur ma scolarité, mon enfance. Tout le monde est au courant de ce que je voulais garder secret. Putain. Mais bon, je préfère ne pas prendre de risque en leur cachant des trucs, ça pourrait aggraver ma situation. On est sur la route pour rentrer. Le trajet se fait en silence, personne n'ose parler.

Samedi 9 janvier 1016

Assis à côté de mon avocat, la séance débute. Cette fois-ci avec Kehlani. Elle se lève, arrange son pantalon cigarette et s'assoit à la barre. Mon avocat se lève.

Jeremy - Bonjour Kehlani.

Kehlani - Bonjour.

Jeremy - Je vais pas passer par 4 chemins, tu veux bien me raconter les faits selon ce que tu te souviens?

Kehlani - Et bien, on sortait ensemble depuis plus de 3 mois et ça se passait vraiment bien. Il était très attentionné mais maintenant je pense que c'était simplement pour m'amadouer...

Quelqu'un y croit?? Sincèrement?

Kehlani, la voix tremblante - Et un jour, j'étais seule chez moi et je voulais qu'il passe parce que je n'aime pas être seule. Et... Il est arrivé. Bourré. Il m'a ensuite déshabillé de force et...

Elle se met à pleurer. Je lève les yeux au ciel, c'est de la pure comédie. Je mets ma tête entre mes mains et tente de me calmer.

Kehlani, en pleurs - Et il m'a poussé sur le lit. Il a attrapé mes poignets tellement fort, j'ai cru qu'il les avait cassé... J'ai essayé de me débattre mais il est beaucoup plus fort que moi. Alors j'ai arrêté de me battre et je l'ai laissé faire. Malgré mes cris, il a continué... Et il m'a violé.

Jeremy - Bien... C'était la première fois avec Kiran?

Kehlani - Oui. Jamais on n'avait été plus loin que de simples câlins.

Je ne fais que soupirer devant tant de mensonges. Je ne peux pas supporter ça.

Le juge - Un problème monsieur Martinez?

Moi - Elle ment.

Kehlani - C'est toi qui ment Kiran, tu m'as détruite, arrête de vouloir me faire passer pour une folle!

Moi - Mais c'est tout ce que tu es!

Le juge - SILENCE.

16:45

La séance s'est terminé dans les larmes pour Kehlani. Moi, j'avais juste envie de la prendre et de lui faire la peau. Je suis sorti du tribunal en enlevant ma veste et en déserrant ma cravate. Je suis au bord de la crise d'asthme. Je marche jusqu'à la voiture et pose mes mains sur le haut de la voiture. J'essaie de reprendre une respiration normale mais bordel. Je vais perdre un poumon. Je sens la main de ma mère se poser sur mon épaule.

Maman, d'une voix douce - Ça va bien se passer... On est là pour toi.

Je passe une main sur mon visage pour effacer les éventuelles larmes qui ont coulé. Je me calme et entre dans la voiture.

Le mois d'après, après la dernière séance qui avait eu lieu fin janvier, j'ai pris rendez vous avec mon avocat. On a établi une stratégie contre Kehlani, parce qu'elle est très maligne cette malade. On a plus de preuves et maintenant. On est équipés.

FIN DU FLASH-BACK

Blow it in the windOù les histoires vivent. Découvrez maintenant