chapitre 1

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Il faisait froid. Terriblement froid. Cette température était étrange en sachant que l'été venait de commencer.
Mais elle n'en n'avait rien à faire. Qu'il fasse froid ou chaud, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, elle s'en fichait royalement. Rien ne la ferait dévier de son but.
Elle marchait d'un pas déterminé, traçant seule son chemin dans la sombre forêt dans laquelle elle avait atterri il y avait de ça quelque jours.

Un vent glacial se leva soudain, dégageant de son visage émacié quelques mèches de ses cheveux. Elle ne savait même plus de quel couleur ils étaient, tant la couche de crasse qui les recouvrait était épaisse. Depuis qu'elle c'était enfuie, elle n'avait pas trouvé de nombreuses occasions de se laver.

Mais elle en avait marre. Elle en avait marre de fuir, de toujours avoir peur. Elle n'avait plus envie d'être en constante survie. Elle voulait pouvoir se poser les mêmes questions que les adolescentes de son âge, à savoir quelle robe allait elle mettre au bal de promo, ou quel rouge à lèvres lui allait le mieux, plutôt que se demander si le lendemain elle aurait de quoi se nourrir, ou juste un endroit ou elle pourrait passer la nuit à l'abri de la pluie. Un jour, elle avait croisé une jeune fille comme ça. Une adolescente bien habillée, les cheveux propres et le visage ravagé par les larmes. Son petit ami l'avait quitté de se qu'elle avait compris. Une bouffée de colère et de tristesse lui était montée à la tête en se disant que cette idiote pleurait pour ça alors qu'elle ne connaissait pas la vraie valeur de la vie.

Donc elle marchait, en direction de sa mort.

Voici la solution qu'elle avait trouvée pour résoudre tous ses problèmes. La mort la libérerait du poids de sa misérable et pathétique vie. De toute façon, qui se soucierait d'elle une fois qu'elle serait morte? Personne. Parce qu'elle n'avait personne.

Ha si, il y avait bien son père. Mais c'était un monstre. Et elle frémissait de peur rien qu'a l'idée que ce dernier la retrouve. En faisant ça, elle rejoindrait sa mère. Elle ne serait plus seule.

Elle arriva bien vite au bord du précipice. Elle observa la vallée en contrebas, les lumières de la ville qui plongeaient la forêt dans une clarté fantomatique.
Elle inspira un grand coup, cherchant à faire parvenir de l'air dans son cerveau embrumé par l'adrénaline et la peur.
Et maintenant elle attendait. Elle n'arrivait tout simplement pas à se jeter dans le vide. Toute sa vie elle aura était lâche. Même pas foutue de mettre fin à ses jours dignement. Devant le fait accomplis, elle était juste incapable de faire le grand saut.

- Allez, je peux le faire. Je ne sers à rien! Je ne suis personne! Et je le serais à jamais! Alors vas-y, qu'on en finisse. Je veux juste mourir. Laisse moi le faire.


Elle se parlait à elle même, pour se donner du courage, et surtout pour avoir l'impression de ne pas être seule. Elle aurait voulu qu'il y est du monde à son enterrement, pour qu'elle puisse avoir l'impression d'avoir une famille. Elle aurait voulu qu'il y est des gens pour la pleurer. Mais il n'y avait personne, et elle n'aurait sûrement même pas d'enterrement.

Elle ferma les yeux et pinça fort ses lèvres gercées.

Et elle fit un pas en avant.

Elle se sentit pendant une seconde libre et délivrée. Elle l'avait enfin fait. Elle allait pouvoir goûter au repos éternel. Elle allait pouvoir dormir. Pour l'éternité.

- Qu'est-ce que tu fais bon sang?! Hurla une voix derrière elle.

Elle ne répondit pas, se disant que de toute façon, c'était inutile. Elle sentit soudain quelque chose lui agripper le bras. Elle essaya de résister à la force qui l'attirait sur terre, mais elle était beaucoup trop frêle et faible. Elle se retrouva couchée au sol, quelque chose, ou plutôt quelqu'un sur elle.

- Mais tu es malade, tu aurais pu te tuer ! Cria le garçon qui ne c'était toujours pas dégagé. Elle retrouva vite ses esprits et donna un bon coup de genou dans les bijoux de famille du garçon qui venait de lui faire rater sa mort.

- Je t'ai sauvé la vie, et c'est comme ça que tu me remercies !

- Stupide garçon ! Je voulais mourir ! Dit elle tout en se relevant tandis que le garçon ayant roulé sur le côté, se tordant dans tous les sens à cause de la douleur provoqué par son coup.

- Pourquoi dis-tu ça ? Tu ne devrais pas souhaiter mourir. Dit le garçon tout en se relevant sur ses jambes chancelantes.

- Je fais ce que je veux. Et toi, tu n'as pas à te mêler de ma vie.

- Ta vie que tu comptais écourter ?

- Exactement.

- Très bien. Je t'ai fait rater ton suicide. Tu n'as qu'a recommencer. Je reste ici, et si jamais tu n'es pas morte une fois en bas, je t'achèverais moi-même.

Elle plissa les yeux.

- C'est du sarcasme ?

- Non, tu crois ? Dit le garçon d'une voix exaspéré.

Elle souffla un bon coup.

-écoute moi bien. Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu veux, mais je vais te dire une chose que je te conseille fort de faire si jamais tu ne veux pas prendre un deuxième coup: dégage.

- Sauver les cas désespérés, je passe mon temps à le faire. Un peu plus un peu moins, ça ne changera rien. Alors tu vas me suivre au commissariat. Ou a l'hôpital, vu l'état dans lequel tu es. Et tes menaces, elles me sont totalement égales.

- Ho toi, je ne vais pas t'aimer du tout.

- Ça aussi ça m'est égal.

Elle s'avança dans le but de le gifler avant de s'enfuir en courant, mais à peine fit elle un pas qu'elle s'effondra au sol. Le fameux garçon eut juste le temps de placer une main sous sa tête pour éviter que cette dernière ne reçoive un trop gros choc.

- Who, est ce que ça va? Dit il d'une voix inquiète.

- Ça ira mieux quand tu sortiras de mon champ de vision. Vociféra-t-elle entre ses dents.

- Arrêtes-tu veux? Tu ne vas pas bien du tout.

- Si, je vais bien. Pour appuyer ses propos elle se leva, mais faillit retomber une deuxième fois s'il ne l'avait pas rattrapé.

- Tu viens avec moi. Dit il.

- Ne me touche pas. Grogna-t-elle.

Il ne répliqua pas et la prit dans ses bras, ignorant les insultes et les ordres qu'elle murmurait et qui finirent par l'épuiser.

- On est tous les deux dans le même bateau. Et si moi, je n'y arrive pas, il est hors de question que toi, tu y échappe. Dit il gentiment à l'oreille de l'inconnue qu'il portait dans ses bras.

Et il partit, l'emmenant avec lui.

Parce que l'erreur est humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant