chapitre 13

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Lou se redressa d'un bond dans son lit. Sa chambre était plongée dans une obscurité qui contrastait parfaitement avec la clarté qui inondait le parc, derrière la fenêtre. Elle prit le temps de calmer sa respiration et porta une main à son ventre. Elle avait une sensation très désagréable. Comme si elle avait réellement était renversé par cette voiture. Elle respira profondément avant de réfléchir. Elle avait voulu voir Lydia, et elle l'avait vu. Elle avait vu les derniers instants de vie de Lydia. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle était innocente et amoureuse, mais on lui avait pris la vie. 

Lou, n'avait pas une vie facile. Personne ~ ou presque ~ n'avait jamais tenu à elle, et elle avait du endurer les dures épreuves que la vie lui faisait subir.

C'était injuste, terriblement injuste. Injuste pour Lydia et pour Stiles, qui aurait mérité de connaître ce qu'il y avait de meilleur dans ce monde, injuste pour Lou qui n'avait jamais goûté au bonheur. Les gens avaient trouvé des moyens pour se calmer et se rassurer, des histoires qui étaient plus simple de croire plutôt que d'affronter la réalité. Appelez-les comme vous le voulez, le destin, l'inévitable, le karma, peu importe. Lou ne croyait pas à ces choses la. Ces conneries n'étaient pour elle que des inventions pures et simples qui permettaient au monde de continuer à tourner.

Pourtant, ce n'est que l'avenir, un avenir incertain, dangereux et fourbe qu'il est impossible de prévoir et qui est un chemin compliqué à emprunter.
Personne n'aurait pu empêcher ce tragique accident d'arriver, quand bien même chacun l'avait désiré le plus ardument qu'il soit. Il était désormais impossible de revenir en arrière, et il fallait continuer d'avancer sur un fil qui s'amoindrissait à mesure que le temps passait. 

C'était immonde de voir toutes ces vies gâchées, tout ces avenirs détruits et de se dire que la vie continuait juste à suivre son cours sans prendre le temps de s'arrêter pour les âmes en peine.

Lou était triste, en colère et elle avait encore du mal à digérer la nouvelle venue qui partageait désormais son esprit.
Mais au moins, elle comprenait. Elle comprenait ce qu'avait vécu Stiles, Lydia et toute leur meute. Elle comprenait la complexité et la dureté du monde.
Il n'y a pas de pitié pour les faibles. On survit, ou on ne survit pas.

Mais au moins, elle ferait honneur à Lydia. Sa dernière volonté serait réalisée.

Stiles serait sauf, il serait aimé et heureux. Et Lou y veillerait.

Elle rabattit ses couvertures jusqu'à son menton et ferma les yeux. Elle avait besoin de repos.

Après tout, la nuit porte conseil.

***

Stiles attendit patiemment le retour de Scott qui se tardait à refaire son apparition. Il finit par sombrer dans un sommeil lourd. Ce furent les rayons du soleil qui le tirèrent de son sommeil. Il observa d'un air songeur la fenêtre qui donnait sur le couloir. Il était là, à attendre sagement que quelque chose se passe, tandis que derrière ce mur, des gens se battaient pour leur vie et d'autre dévouaient la leur pour l'humanité. Il y avait des infirmières qui couraient, des gens qui pleuraient. Le silence était rare dans le couloir, mais Stiles n'entendait rien. Il pouvait juste lire la souffrance des gens sur leurs visages dévastés. Pourtant, il y avait plus de sourire que de larmes. Plus de rire que de pleurs, plus de peur que de mal. L'hôpital était peut être un endroit de mort, mais surtout un endroit d'espoir.

- Salut. Dit timidement Lou en entrant dans sa chambre. Elle ne portait pas sa robe d'hôpital, mais un jean délavé et un sweat à capuche noir. Stiles ne lui posa pas de questions sur la provenance de ses vêtements, ni sur les paroles qu'elle avait prononcé la veille. Il ne voulait pas risquer de gâcher leur relation déjà très fragile pour satisfaire sa curiosité.

Il n'avait pas besoin de tout savoir.

- Salut. Dit-il plus enjoué. Elle comprit que Stiles ne lui poserait pas de question, et fut satisfaite, car elle avait de toute façon décidé de ne lui donner aucune réponse. Elle ne lui parlerait pas de sa vision, ni des révélations qu'elle avait eu.

Stiles était quelqu'un de très intelligent et de très ouvert d'esprit, mais elle pensait à juste titre qu'il était loin d'être en état pour apprendre que sa petite amie morte vivait à travers elle. Ça serait certainement trop pour lui, et d'ailleurs Lou ne désirait pas qu'il la regarde comme si elle était Lydia. Elle était Lou, elle était toujours elle-même. Elle n'avait rien demandé, et ça lui était tomber dessus. Mais au moins, elle avait accepté cette situation. Elle la mettrait au profit de Stiles, et au sien, si elle venait à en avoir besoin. Les connaissances de Lydia étaient loin d'être inutiles.

Elle s'approcha de lui et s'avachit sur le fauteuil à ses côtés.

- Tiens. Dit elle d'un ton neutre en tendant à Stiles une boite. Il la saisit et l'ouvrit délicatement. À l'intérieur, il découvrit des chocolats. Il en manquait un, celui du milieu.
Un sourire rieur apparut sur ses lèvres.

- Allez, mange en un. Tu me dois bien ça. Dit Lou en ne parvenant pas à retenir elle aussi un sourire enjoué.

Il en prit un au hasard et l'engouffra dans sa bouche sans hésitation. Une grimace tordit son visage tandis qu'il avalait tout rond la "chose" que quelqu'un d'insensé avait appelé chocolat.

 Stiles se rinça la bouche avec un gobelet d'eau et tira une moue dégoûté.

- Ils sont vraiment immondes. Dit-il en grimaçant.

Elle éclata de rire. C'était la première fois depuis bien longtemps qu'elle riait. Stiles eut le souffle coupé devant son rire. Il était si pur, si cristallin. Si beau. Et elle aussi, elle était belle, ne put s'empêcher de penser Stiles. Son rire illuminait son visage d'habitude terne. Ses épaules étaient secouées de tremblements et elle avait presque les larmes aux yeux.

- Excuse moi, mais ta grimace était tellement... Elle fut incapable de finir sa phrase tant elle riait.

- Je te déteste. Dit-il tandis qu'un sourire apparaissant sur son visage. Il la regardait rire, et il souriait.

Un véritable sourire, pas ceux qu'il servait d'ordinaire aux gens pour les rassurer. C'était un sourire enjoué, rieur, heureux.

Et Lou dut le remarquer, puisqu'elle arrêta de rire et se contenta de sourire de toutes ses dents. Ils ne parlaient pas, mais leurs sourires leur suffisait pour qu'ils se comprennent. Il y avait quelque chose dans leurs sourires et dans leurs regards, quelque chose de particulier.

Quelque chose qui les liait.

Un sentiment.


Parce que l'erreur est humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant