chapitre 7

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Lou était dans un état pitoyable. Elle avait des problèmes de croissances qui l'empêchait de se déplacer correctement et elle était extrêmement faible. Elle était en sous-poids et son corps était aussi frêle qu'une plume. Elle avait de nombreux malaise vagal qui la maintenait constamment au lit. Les médecins avaient tous les soirs peur qu'elle ne tienne pas la nuit. Sa vie ne tenait qu'a un fil.

- Bonjour! Vous êtes-vous décidé à nous donner votre nom? Vous savez qu'on en a besoin pour appeler vos parents, ainsi que pour faire marcher votre mutuelle. Il faut bien que quelqu'un paye vos frais médicaux! Dit une infirmière en entrant dans la chambre ou se trouvait Lou et Stiles.

- Elle s'appelle Lou. Dit Stiles. Cette dernière lui jeta un regard noir et voulut l'insulter, mais elle n'en eut pas le temps.

- Très bien Lou, il est temps de manger.

- Ni comptez pas. Dit-elle entre ses dents.

L'infirmière n'entendit rien et déposa devant sa patiente un plateau repas qui avait l'air tout sauf appétissant.

- Je ne vais pas manger ça. Dit elle fermement.

- Tu préfères des chocolats? Intervint Stiles d'une voix faussement soucieuse.

- Des chocolats? Mais c'est très riche ça, ça va te donner un bon coup de boost.

Avant que quiconque n'est le temps de réagir, l'infirmière s'était armée d'un chocolat à la pistache et l'avait enfourné dans la bouche de Lou.

Stiles avait assisté à toute la scène de loin et peinait à rester debout tant il rigolait face à la tête dégoûtée de Lou.

- Hé bah voila, ce n'était pas si dur! Dit l'infirmière.

Lou eut un haut- le-cœur qu'elle retint à grande peine et Stiles n'en finissait pas de rire.

- Bon, je vous laisse finir de manger tranquillement, je reviendrais bientôt et... Ho mon dieu, vous vous étouffez? Hurla l'infirmière devant le visage rouge et essoufflé de Stiles. Il fit non de la tête respira un grand coup et repartit dans un fou rire incontrôlable.

- Vous m'avez fait peur. Rire, ça fait du bien. Elle s'en alla en fredonnant une comptine.

- Tu n'es qu'un sale con!

- Et fier de l'être. Articula Stiles, avant de se relever de reprendre son souffle et d'essuyer une larme qui perlait au coin de son œil droit.

- Excuse moi, mais ta tête quand tu mangeais le chocolat, c'était tellement beau...

- Ferme là!

- Dis moi, tu serais pas de la famille Hale?

- Quoi? Pas du tout, c'est qui eux?

- Ho personne. Stiles sourit, savourant une blague que lui seul pouvait comprendre.

- Bon, il faut vraiment que tu manges par contre. Tu n'as que la peau sur les os. Dit Stiles pour une fois sérieux.

Lou s'observa minutieusement et ne put qu'être du même avis que Stiles. Sa peau saillait sur ses os et elle flottait dans sa robe d'hôpital. Elle jeta un regard au plateau et constata que c'était le premier vrai repas qu'elle avait à sa disposition depuis plus d'un mois. Depuis qu'elle avait quitté sa famille en fait. Il était hors de question qu'elle donne son nom de famille, il risquerait de la retrouver. Et ça ne serait pas bon pour elle, pas bon du tout. Elle attaqua finalement le plateau et se surprit à le dévorer avec appétit. Certes, la viande avait le goût de carton et la purée la consistance de chewing-gum, mais elle avait besoin de se nourrir.

- Dis moi Stiles, tu n'as pas une vie en dehors de cet hôpital dans lequel tu traînes tout le temps?

Ses yeux se voilèrent pendant une minute et reprirent ensuite leur aspect normal. Il ne répondit pas et Lou ne chercha pas plus à obtenir de réponse.

- Je viens de Miami. Bizarrement, je suis aussi pâle que la mort, ce qui m'a valut bon nombre de blagues et surnoms. À l'école, je n'avais pas d'amis, je faisais peur à tout le monde. Alors j'ai décidé de rester seule, c'est ce que je savais faire de mieux. Les mots sont devenus ma seule arme. Les gens ont fini par croire que j'aimais cette solitude, et que de toute façon j'étais insensible à leurs mots, à leurs gestes et leur regard. C'était loin d'être le cas. Mais l'image que je renvoyais me permettait au moins d'obtenir une relative tranquillité. En échange de mon exclusion et du fait que je paressais être forte, j'ai eu la paix. Mais c'était faux. Je n'ai jamais été forte. Et à force de mentir, et de me mentir, je suis devenue personne.
Je suis personne.

Stiles la regarda.

- Pourquoi me dis-tu ça? Demanda-t-il gentiment.

- Parce que tu es la première personne à ne pas me fuir depuis que j'ai quatre ans. Et que malgré toutes mes tentatives pour te faire dégager, tu reste accrocher à moi comme une sangsue.
Mais surtout parce que tu me ressemble bien plus que je ne te le laisse croire. J'ai parfaitement entendu ce que tu m'as dit hier Stiles, et ce que tu m'as dit ce matin.
Tu es aussi brisé que moi.

- C'est vrai. Dit il en baissant la tête.

- Ce n'est pas grave tu sais.

- Si ça l'est. Mais on s'y fait. On se fait à l'idée de ne plus être que l'ombre de soi-même. Répondit-il. C'est surtout mon cœur qui est brisé chez moi. Et il est trop tard pour le réparer.

- Il n'est jamais trop tard. Dit elle d'un air déterminée.

- Et c'est toi qui dis ça? Répliqua-t-il en rigolant.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Lou sourit.

- C'est moi qui dit ça. Mais aujourd'hui, je me sens optimiste. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, alors au temps en profiter.

Stiles hocha la tête pour lui faire comprendre qu'il était d'accord. Ils restèrent tous deux à s'observer dans le plus parfait des silences.

Parfois, il n'y a pas besoin de mots.

***

Stiles rentra chez lui vers dix-huit heures. Il trouva son père installé dans le canapé, un soda dans la main.

- Je me demandais où tu étais passé! Dit le shériff.

-J'étais à l'hôpital.

- Comment ça, qu'est ce qui c'est passé? Dit son père inquiet.

- Rien, tout va bien. Je suis juste passer voir... Une amie. Stiles avait hésité à qualifier Lou comme son amie, mais c'était bizarrement ce qu'elle devenait petit à petit.

Il monta dans sa chambre après avoir rapidement dîner et s'allongea sur son lit. Il regarda son téléphone qu'il avait laissé sur sa table de chevet ce matin et constata qu'il avait trois appels manqué de Scott.

T'inquiètes Scotty, ton vieux Stiles va bien. Je n'avais pas de batterie alors je n'ai pas pu te répondre aujourd'hui.

Stiles n'attendit pas la réponse de Scott.

Il avait sommeil aujourd'hui.



Parce que l'erreur est humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant