chapitre 20

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Stiles aurait voulu rester ici indéfiniment. Juste avec elle, à respirer.

Mais ce n'était pas possible, et le klaxon de la voiture de son père le lui rappela.

- Stiles, qu'est ce qu'on va faire maintenant? Qu'est-ce que je fais, qu'est ce que je deviens? Je ne veux pas vivre à tes crochets, mais si je veux vivre normalement, c'est ce que je vais être obligé de faire. La réalité n'a vraiment rien d'attirant...

Stiles eut un sourire. Encore un vrai. Quand on le voyait comme ça, à discuter avec une amie, à sourire, on aurait pu croire qu'il était normal.

- Mon père est déjà au courant. Dès que tu m'as dit que tu allais rester, je lui ai parlé de ta situation. Alors maintenant, laisse nous prendre soin de toi. Mon père a déjà accepté et tout prévu de toute façon.

La négociation avait été bien plus difficile que Stiles ne le laissait paraître. Son père était à juste titre, loin d'être enthousiaste à l'idée d'accueillir et de nourrir une adolescente suicidaire. Il allait devoir prendre en charge tous ses frais, scolaires, médicaux, ménagers... Avoir une enfant en plus à la maison était loin d'être amusant. Mais Stiles lui avait promis de trouver une solution dès que possible, qu'elle ne resterait chez eux que le temps de remettre dans l'ordre dans sa vie, et qu'elle rembourserait tous les frais qu'elle leur devrait. Il avait parlé en son nom, mais c'était une évidence que Lou se ferait un devoir de respecter ces conditions.
Et face à son fils qui de toute évidence semblait heureux en la présence de cette gamine, M. Stilinski avait finalement accepté.

- Accepter quoi?

- Tu viens à la maison, et c'est non négociable. Un sourire découvrit ses dents parfaitement blanche, et son sourire était contagieux. Lou lui donna une petite tape amicale dans le bras avant de le suivre jusqu'à la voiture du shérif.

- Attends, ton père est shérif? Demanda Lou en s'arrêtant net.

- Oui, mais ne t'inquiète pas. Il sait tout ce qui se passe à Beacon Hills, et il connaît ta situation. Il m'a dit qu'on avait un délai de deux mois pour payer les frais hospitalier. On a le temps...

- En deux mois, j'ai le temps de trouver les 450 dollars que je dois à l'hôpital. Et c'est moi et moi seul qui paierais ces frais, compris? La coupa-t-il.

Stiles soupira et hocha la tête.

- Bonjour. Dit timidement Lou en saluant le shérif.

- Bonjour! Dit-il plus enjoué. Je vous dépose à la maison hein. Stiles acquiesça et le trajet se fit dans un silence gênant. Lou ne cessait de se triturer les mains dans les longues manches de son sweat.

- monsieur, je ne sais pas quoi vous dire, m'accueillir chez vous, c'est quand même une grande responsabilité et tout ce genre de chose...

- Tu n'as rien à dire Lou.

- merci quand même. Dit timidement Lou en rendant son sourire au père de Stiles.

Elle pénétra dans la maison en ayant qu'une envie, s'affaler dans un lit et ne plus en sortir de toute sa vie.

- Ce n'est pas très reluisant, mais...

- C'est magnifique! Dit Lou en souriant. La maison était plus que correct. Certes, la peinture s'écaillait à certains endroits et la moquette faisait des peluches, mais elle semblait chaleureuse.

Le père de Stiles sourit.

-Stiles je suis désolé, il faut que je retourne au boulot. J'enchaîne les heures, mais comme ça je pourrais rentrer à la maison à dix-sept heures et rester avec toi samedi et dimanche la semaine prochaine.

- t'inquiètes pa', vas y.

En un coup de vent, le shérif avait disparu, laissant Stiles plongé dans ses souvenirs et Lou complètement déboussolé. Elle remarqua vite le regard triste de Stiles. Cet endroit représentait beaucoup pour lui, beaucoup trop. Elle prit ses mains entre les siennes.

- Je commence à en avoir marre de te prendre la main Stiles. Elle disait ça en plaisantant, pour le faire réagir et pour le tirer de sa léthargie. Sa petite stratégie marcha au tant qu'elle l'avait espéré et Stiles reprit ses esprits.

- Viens, je vais te faire visiter. Il lui fit faire le tour de la maison et Lou eut l'impression de ne pas être à sa place. Cet endroit était rempli de souvenirs, et ce n'étaient pas les siens.

- Voici ta chambre. Stiles la fit entrer dans une petite pièce éclairé par un velux. La plupart de la pièce était encombrée par des cartons et ici et là des objets cassés. Un vieux clic clac miteux trônait au milieu de la pièce.

- Je t'avoue que je n'ai pas vraiment eu le temps de mettre de l'ordre.

- Merci. Dit Lou. Elle n'avait pas besoin de plus, elle se contenterais très bien de ça.

- Il n'y pas de quoi. C'est vraiment trois fois rien. Répondit Stiles. Ils se regardèrent sans que ni l'un ni l'autre ne sache ce qu'il était censé faire. Stiles se gratta l'arrière du crâne d'un air gêné.

- Tu as un plat préféré? Demanda Stiles en attirant Lou à la cuisine. Il avait dit la première chose qu'il lui était passé par la tête, et il ne se rendit compte qu'après-coup de la stupidité de sa question. En ayant erré pendant un an dans la forêt, elle n'avait certainement pas eu l'occasion de rechigner sur la nourriture qu'elle trouvait.

- Je ne suis pas difficile, je me contente de tout et de rien. Enfin surtout de rien. Elle eut un petit rire et Stiles aussi, par pure politesse. Entre eux deux tout se passait si bien avant, c'était normal. Mais là, il y avait une gêne qui ne voulait pas s'en aller. Après une dizaine de longues, très longues minutes de silence, quelqu'un toqua à la porte. Stiles ne se fit pas prier pour aller ouvrir et quitter pendant quelque temps l'ambiance pesante de la cuisine.

- Mélissa salut, qu'est ce que tu fais là? Demanda Stiles étonné devant l'infirmière qui se tenait sur le perron de sa maison.

- Je suis venue apporter quelque chose à Lou. Je me suis dit qu'en temps que fille qui devait vivre avec deux garçons, elle aurait besoin de quelques trucs que vous n'avez pas.

Elle tendit à Stiles une petite valise qui semblait bien remplie.

- Ho attends, je vais l'appeler...

- Non, ne le fait pas. Elle va refuser ces affaires. Pour certaines, je les ai achetées, mais la plupart je les aie récupérées dans l'hôpital. Des personnes qui viennent et qui ne repartent jamais... Ça peu paraître morbide, mais ça ne l'ai pas. Il faut bien que ces affaires servent à quelqu'un. Enfin bref, prends les et donne les lui. Elle va en avoir besoin.
Merci Stiles.

Stiles lui sourit et fit une nouvelle apparition dans la cuisine. Lou n'avait pas bougé d'un seul pouce.

- Lou, fait comme chez toi, n'hésite pas. Tiens, ce sont des affaires de filles que Mélissa te fait parvenir.

- Ho il ne fallait pas vraiment... Lou récupéra la valise et monta dans "sa" chambre pour l'ouvrir. Il y avait dedans de nombreux vêtements et sous vêtements, une trousse de toilette pleine de produits de santé et de maquillage et d'autre chose intime. Lou remarqua alors une petite boite en fer où il y avait inscrit dessus au marqueur indélébile son prénom.  s'était le seul cadeau qu'elle n'est jamais reçue. Et dedans, il y avait un pendentif. Elle sentit des larmes rouler sur ses joues, tandis qu'elle l'accrochait autour de son cou d'une main fébrile.

Je me suis dit que tu voudrais garder ça.

C'était ce qu'il y avait écrit sur le post-it accroché sur la boite. Lou avait cru la boîte perdue lors de son hospitalisation, mais la retrouver lui réchauffait le cœur.

Elle se sentait un peu moi seule.

Parce que l'erreur est humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant