chapitre 9

155 10 0
                                    


À seize heures pile, Stiles arriva dans le parc. Le ciel s'était chargé de nuages gris, et ils ne tarderaient sûrement pas à déverser sur lui des trombes d'eau.

- Stiles! L'interpellé se retourna et plaqua sur son visage un sourire qui malgré tous ses efforts sonnait faux.

- Hey Scott, ça va?

- Bien et toi?

- Bien. Mentit-il. Il était tellement plus facile de donner aux gens ce qu'ils désiraient, plutôt que de leur dire la vérité.

- Tant mieux. Ça fait du bien de se retrouver. Lui sourit son meilleur ami.

Stiles et lui restèrent ensemble tout le reste de l'après-midi, à simplement profiter de l'instant. Les nuages menaçant ne s'étaient toujours pas décidés  à se mettre à pleuvoir, ce qui ravissait les deux adolescents. Ils marchaient dans le parc en parlant de tout et de rien, comme ils en avaient autre fois l'habitude. L'herbe était jaune et séchée, ce qui était compréhensible puisque cela faisait plus d'un mois que la région n'avait pas était arrosée. Après tout, une pluie fine et légère ne ferait pas de mal.
Stiles faisait quant à lui tout son possible pour paraître le plus normal possible. Il souriait, il riait, et surtout, il se passait la main dans les cheveux. Un geste anodin qui pourtant n'en était pas un. C'était chez lui un signe d'anxiété. C'était un tic qu'il ne pouvait s'empêcher d'avoir.

Stiles retourna chez lui en ayant une impression de vide. Cette après-midi avait été l'une des meilleurs qu'il eut passé ces derniers temps. Il s'était pour une fois laissé aller à profiter de l'instant présent. Il avait laisser de coter sa tristesse, et son souvenir pour se permettre d'être heureux. Mais désormais que le soir était tombé, il avait cette étrange sensation au fond de la poitrine.
 Parce que maintenant qu'il était sans Scott pour le divertir, sans rien pour lui occuper l'esprit, il ne pouvait s'empêcher de se sentir seul.

Terriblement et irrévocablement seul.

Il n'avait jamais ressenti sa solitude avec une si forte intensité. D'habitude, il s'enfermait dans ses souvenirs pour tenter de revivre son bonheur envolé, mais il en était désormais incapable. Quelque part, il avait pris conscience qu'il était dans la vraie vie, et que rien ne pourrait changer le fait qu'elle était morte.

- Elle est morte. Murmura-t-il. Et pour la première fois depuis un mois, ces trois petits mots eurent enfin dans l'esprit de Stiles tout leur sens.  Il ne servait plus à rien de repenser à tous les moments qu'ils avaient partagé, car ce n'était qu'un rêve, qu'une illusion.
Il était dans la vraie vie.
Et elle était morte.

Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'il est pût contrôler quoique ce soit. Il attrapa rageusement le vase en verre qui trônait sur la table de la cuisine et le jeta à travers son salon. Il n'avait aucuns regrets d'avoir brisé en mille morceaux ce vase. Il se contentait d'observer insensiblement les petits morceaux de verre qui étaient désormais éparpillés dans tout son salon. Une larme coula, suivit d'une autre. Et il se rendit compte que ce vase, c'était sa mère qui l'avait acheter. C'était ce vase qu'elle avait choisi dans le magasin parmi tant d'autre.

Il se précipita près des restes de ce vase et prit en main tous les débris de verre. Comme si les tenir en main les réunirait et le vase reprendrait sa forme initiale. Sauf que ça ne marchait pas comme ça.

D'autres larmes coulèrent tandis qu'il serrait ses poings qui contenaient toujours les débris.

Le sang commença à couler sans qu'il ne le sente.

Il tâcha la moquette.

Il essaya tant bien que mal d'essuyer le sang, mais plus il frottait le sol avec l'éponge, plus la moquette devenait rouge. Il se rendit compte que ce n'était pas une simple égratignure. Le sang coulait à flots le long de ses mains, comme une fontaine qui faisait jaillir de l'eau sans s'arrêter. Il détourna vite le regard pour éviter de perdre conscience.

Il avait mérité de souffrir. C'était en tout cas, ce qu'il pensait.

Il finit par sortir de chez lui, suivis par une traînée de sang. Il marcha dans la nuit glaciale sans savoir où il allait. Bizarrement, ses pas le menèrent jusqu'à l'hôpital. Était-ce son instinct de survie? Ou tout simplement son subconscient qui le menait là où il se sentait bien, avec Lou? Il n'en savait rien et il s'en fichait bien. Il entra dans l'hôpital tel un fantôme. Il piqua des bandages qu'il enroula autour de ses mains. Les bandages blancs ne prirent que quelques minutes à se teindre d'une couleur rouge écarlate. Sa peau palissait à vue d'œil tandis qu'il s'avançait dans le couloir. Des cernes entouraient ses yeux, et lui donnaient un air de mort-vivant.

Il entra dans la chambre de Lou sans faire de bruit et se glissa sur le fauteuil qui se trouvait dans la pièce. Il l'observa dormir. Sous les rayons fantomatiques de la lune, Lou semblait morte. Heureusement pour Stiles, il pouvait apercevoir la poitrine de la jeune fille qui se soulevait au rythme de ses respirations.

Il soupira.

Ses yeux devinrent lourds, il avait envie de dormir. Tellement envie de dormir...

- Stiles, qu'est ce que tu fais là bon sang?! S'écria Lou en se relevant précipitamment.

Malgré les efforts qu'il avait fait, un simple bruit suffisait à tirer Lou du plus profond sommeil qu'il existe.
Elle avait hérité de cette"facultée" durant ces derniers mois.

- J'ai juste envie de dormir. Dit Stiles d'une petite voix.

- Qu'est ce qu'elles ont tes mains? Dit Lou d'une voix inquiète en se rapprochant de Stiles. Elle s'était levée, et une fois suffisamment proche du garçon, elle remarqua la trainée de sang qui coulait le long de ses bras, sur son pantalon et le sol.
Ce dernier finit par arrêter de lutter et ferma ses paupières. Sa tête tomba sur le siège et son corps glissa le long du fauteuil.

Lou se précipita vers lui et lui retira ses pansements pour apercevoir les profondes plaies qui recouvraient ses mains et ses poignets. Elle blêmit (si toutefois il était possible qu'elle le fasse vu la pâleur déjà très prononcée de ses joues).

- Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider?! Hurla-t-elle avec l'énergie du désespoir. Elle se leva d'un bond, alluma la lumière et appela de nombreuses fois les infirmières.

- Que quelqu'un m'aide! Cria-t-elle de toutes ses forces.

Et Stiles continuait de se vider de son sang, sur le sol blanc de la chambre.

Son esprit était en paix.

Il l'avait rejoint.

Parce que l'erreur est humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant