Tournent les pieds

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Elle pédale. Tournent les pieds sur l'engin à deux roues. Se vide la tête. Se vident les larmes. Elle comme ça, elle pleure pour rien. Elle s'est faite engueuler par l'orthodontiste. Et ça coule, et ça coule, et ça coule. Pas un sanglot, jamais elle ne fait de bruit. Ça se contente de dévaler ses joues. Les yeux se brouillent. Regarder la route. Ne pas la perdre de vue.

Elle a réussi à les retenir pendant tout le rendez-vous, les larmes. Au fond, elle en est fière. Mais la tempête dans ses poumons prend toute la place, son implosion, chasse toute forme de pensée. Elle s'est faite engueuler. Elle a déçu quelqu'un. Ce quelqu'un elle le déteste mais plus que tout elle déteste décevoir.

Elle s'est faite engueuler. Ce ne sont que des paroles, ça ne devrait pas l'attaquer comme cela. Seulement pour elle les paroles sont des coups de couteau.

Elle pédale, elle pédale, elle pédale. Ça coule, ça coule, ça coule.

L'impression que son corps est rempli de larmes, que ça ne s'arrêtera jamais, l'émotion qui s'emplifie toujours plus alors qu'elle devrait s'épuiser. Ça fonctionne comme ça avec elle, la simple bruine fini toujours en orage.

La grande descente. Celle qui mène à sa maison. Elle lâche les bras. Le vent souffle dans ses cheveux, ça souffle de plaisir dans son cœur. Un sourire, un rire intérieur, un rire fracassant.

Ça va mieux.

Dans les corps souffle le ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant