Lèvres traîtresses

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Tw : sang, homophobie

Au fait il n'a pas de nom. Ou peut-être qu'il n'en a plus. Peut-être qu'il s'est disloqué au rythme des coups portés droits aux rotules, éclaté en miroir aux os lentement devenus poudre, peut-être les lettres se sont-elles noyées dans les vagues de sang échouées sur son dos, peut-être ont-elles été bouffées par les lèvres parentales, les lèvres dénonciatrices, les lèvres traîtresses, les lèvres retournées des embrassades aux lames injurieuses, peut-être qu'il n'a même plus le droit d'en avoir de nom, même pas un petit surnom affectueux de chien parce-qu'il n'aurait pas même le pouvoir d'être un chien, non, lui n'a pas de vie, comment l'a-t-il dit déjà ce connard, Il est impossible de détenir et de maltraiter des gens qui n'existent pas dans notre république, et cette phrase faut pas qu'il y pense, surtout pas, c'est une phrase qui déferle, propage la bile des intestins directement mordre les parois de ses veines, mais peut-être aussi que le nom s'en est juste allé, qu'il est parti dans un endroit plus chaud, un endroit plus agréable, peut-être qu'il a fuit les murs de bétons tandis que lui, l'homme, l'homme sans nom est obligé d'y rester et c'est normal, lui a un corps, un corps beaucoup trop solide pour traverser la matière, oui peut-être qu'il ne pouvait pas voir tout ça, le nom, ce nom qui fait de lui un humain, il ne pouvait pas supporter le monde dans lequel on l'a catapulté alors il s'est mis à hurler, griffer, mordre, à s'arracher de son cœur pour rejoindre celui de l'amant, il ne sait pas où il se trouve, mais le nom, lui, a dû s'y lover.

Reprends ton souffle,
Oublie l'horreur,
Efface les barreaux,
Détruis l'odeur du sang,
Relève la tête,
Affronte.

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Comme j'aurais aimé que ce texte ne tienne que de la fiction :/

Dans les corps souffle le ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant