Chapitre 4; Part 2

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     L'escalier donne sur l'arrière d'une boutique. Je m'accroupis avant de m'avancer plus à découvert. Il n'y a plus d'éclairage dans tout le Prétoire. L'endroit où je suis est rempli d'étagères métalliques chargées de bouteilles de toute sorte. Je dois être dans la réserve du bar. Je m'avance prudemment vers la porte, j'y colle mon oreille pour entendre des personnes discuter ou marcher. J'ouvre la porte timidement. Absolument tout est plongé dans le noir. Je peux distinguer les chaises, des tables qui sont en fait de grosses tâches sombres, mais rien de plus. Le soleil s'est couché au fur et à mesure du jeu, désormais tout est dans l'obscurité.

     J'entends des voix au loin mais elles sont étouffées. Je ne pense pas qu'elles se rapprochent. J'en profite pour m'approcher des Arceaux. Les voix viennent d'en bas. Plusieurs personnes de ma formation sont assises à même le sol. Des natifs les surveillent, ceux-là ont dû perdre et attendent que les autres se fassent prendre à leur tour. Des pas résonnent sous mes pieds, les gars chargés de surveiller les prisonniers se manifestent, un autre les rejoint avec deux recrues. Attachées ? La luminosité est vraiment mauvaise, je ne sais pas si elles le sont vraiment, ou bien si c'est mon imagination qui me le fait voir. Les deux recrues se font aider pour s'asseoir. Un des natifs les attache avec le reste des prisonniers, bien attachés. Les natifs discutent entre eux mais je n'entends rien de là où je suis. Un d'eux se dirige vers l'escalier. Je retourne à l'intérieur du bar cherchant un abri. Je me résous à me réfugier derrière le comptoir. Mauvaise idée si l'on considère que si des personnes rentrent, je suis juste devant les alcools... Mais ceci dit, peut-être que personne ne rentrera. Je reste tapis, silencieux, caché dans l'ombre que le natif monté redescende. Je peux percevoir ses pas, il est monté à cet étage. Le problème c'est que je l'entends de deux côtés différents. J'aimerais relever la tête pour voir d'où il vient mais en fait je comprends assez vite. Le natif est monté rejoindre d'autres amis à lui.

- Ok, on en a onze maintenant.

- Ouais mais il nous en reste toujours à trouver.

- Cette année ils ne sont pas mauvais. Le jeu a commencé depuis deux heures et on en a pas attrapé la moitié.

- Où est-ce qu'ils étaient ceux-là ?

- Dans le sous-sol près des salles de combats.

- Vous avez fouillés le parking ?

- Ils viennent d'arriver, ils savent pas qu'on a un parking.

- Ouais mais on en a qui ont trouvé l'escalier qui mène au toit, et pourtant on leur a pas montré. Putain il y a pas un million d'endroits où se cacher.

     Les natifs restent là un moment avant de partir. Et même là je ne suis pas sûr qu'ils soient partis. J'attends encore un peu et après je repars. Il faut que je bouge mais je ne sais pas où. Sinon je peux retourner sur le toit et attendre dans la rue que le jeu soit fini. Peut-être que Bajra y a pensé et qu'il attend juste en face. Je me relève doucement, observe les lieux et avance lentement. Je m'arrête net lorsque j'entends un natif crier à travers le Prétoire.

- Et de cinq Recrues ! Toute une escouade ! Aller avancez rejoindre les autres.

     Je me suis instinctivement réaccroupis. Cinq d'un coup, mais où étaient-ils cachés ? Maintenant nous ne sommes plus que huit. Je vais changer mes plans. Je peux retourner sur le toit pour attendre, il est possible qu'ils n'y retournent pas, mais l'inverse est possible également. Je peux aller aux salles de combats, mais là encore ils peuvent y revenir. En fait tous les endroits vont être passés en revue, ils ne vont pas s'arrêter avant de nous avoir tous. De là où je suis je peux retourner sur mes pas, avec la nuit si je reste dans un coin on ne me verra peut-être pas, ou je peux emprunter l'escalier du fond pour retourner vers le dortoir. Les natifs restent en bas, discutant des nouvelles prises. Je décide de retourner aux dortoirs.

     En sortant du bar, je me plaque contre le mur, j'avance très, très lentement. Lorsque j'approche des portes des autres boutiques, je me décale légèrement au cas où un natif soit dans une d'entre elles. J'observe le contre-bas, les natifs discutent toujours mais ils ne vont pas tarder à retourner en chasse. Je pense être bien protégé grâce à l'obscurité qui m'évite de me faire voir. Un pied après l'autre je me rapproche un peu plus. Je suis pris de palpitations à chaque fois où mes semelles font des leurs en couinant sur le sol. A chaque bruit je m'arrête pour vérifier que personne n'ait entendu, comme les fois où j'allais dans la cuisine chercher des restes pour faire taire mon estomac et que mes pieds craqués à chaque pression sur le sol. J'avais peur que mes parents me surprennent -leur chambre étant accolée à la cuisine- là je suis tout autant terrifié mais plus parce que je ne sais pas ce qui se passera une fois qu'ils nous aurons tous attrapés.

     J'arrive finalement aux escaliers sans avoir était repéré. Dans les dernières marches, j'entends les natifs bouger. Je m'arrête prudemment, en remontant même quelques marches. Aux sons de leurs chaussures, je dirais qu'ils sont deux. J'attends encore un peu avant de sortir du colimaçon de l'escalier pour retourner aux dortoirs. L'endroit est vraiment bizarre sans les lumières. Il n'y a pas un bruit, l'ambiance est diamétralement opposée qu'en début de soirée. Je crois entendre des bruits partout, des chuchotements, ou des respirations. Étrangement je n'ai pas pensé à aller me « rendre » pour rester tranquille et arrêter de paniquer à chaque bruit imaginaire.

C'est bon calme-toi, ce n'est qu'un jeu.

     Le dortoir est désert à première vue. Soit les Recrues ont déjà étaient capturées, soit elles sont parties ailleurs. La luminosité est quasi nulle dans cette partie du sous-sol. Je passe devant nos lits, examine la possibilité de me cacher sous l'un d'entre eux mais abandonne vite l'idée étant donné que c'est probablement le premier endroit qu'ils vérifient. Je pourrais tout simplement arrêter de me cacher et attendre qu'ils me trouvent.

- Je suis sûr qu'ils se sont tous planqués dehors.

- Comment ils auraient pu sortir on était aux ascenseurs.

- Tu verras qu'on les retrouvera ailleurs qu'ici.

     Les deux natifs passent furtivement devant le dortoir. Je retiens ma respiration. J'étais debout entre deux lits et personne ne m'a vu. Je n'ose pas bouger ni même déglutir de peur d'être entendu. Ce jeu me met trop de pression. Ce n'est qu'un jeu, ils nous mettent dans les conditions. Il faut que je me détende. Je juge bon d'aller aux toilettes me passer un coup d'eau sur le visage. En arrivant, je me rue sur les robinets pour accueillir dans mes paumes le liquide frais. Peu m'importe le bruit que la tuyauterie produit lorsque l'eau est enclenchée. J'inonde ma nuque et mon visage d'eau. Ma main passe plusieurs fois dessus. Qu'ils viennent. En me retournant, je m'adosse au lavabo cherchant quel recoin de cet endroit je pourrais bien trouver pour patienter jusqu'à la fin de la chasse. 

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant