L'Organisation [ TERMINÉE ]

Chapitre 35; Part 2

     Elle se retourne. De dos on voit très clairement son marquage. Elle a coupé ses cheveux au-dessus de sa nuque et je remarque qu'elle a plusieurs anneaux à chaque oreille. Aucun n'est pareil et elle a l'épaule tatouée. Sacré changement. Elle garde ses poings sur ses hanches. Je m'avance vers elle pour la saluer et prendre le temps de discuter avant de retourner au conseil.

- Comment vas-tu ?

     J'arrive à sa hauteur et l'enlace. Elle me donne une tape sur l'épaule et relâche l'étreinte.

- Alors, quand commence-t-on les attaques ? S'enquiert-elle.

- Ho, et bien nous allons organiser une réunion dans les prochains jours le temps que vous vous reposiez et...

- Faisons-en une demain. On a très peu de temps.

     Je suis assez surpris. Je pensais qu'il valait mieux les laisser au repos. Je n'avais pas l'intention de précipiter les choses. Rien ne serait pire que de foncer tête baissée. Non nous avons besoin d'un plan structuré, d'un de secours si jamais tout ne se passe pas comme prévu...

- Pourquoi tant de précipitation Ade ?

- On nous attends chez nous. J'ai promis que nous serions rentrés bien assez tôt pour convaincre ces gens de venir. Et je tiens à tenir ma parole. Demain matin nous organiserons une réunion pour déjà mettre au point une stratégie. Avec ce que nous avons emmené ça ne prendra pas longtemps.

- Comment tu as pu te procurer ça ? J'ai fait l'inventaire et il y a de quoi faire.

- Ne t'occupe pas de ça, concentre-toi sur la bataille.

- Très bien. Et donc tu es leur chef ?

- Bien entendu que non. Les vrais chefs ne se déplacent pas, ils sont restés en arrière. Disons que je suis l'intermédiaire dans l'histoire.

- Une fois tout ceci terminé, je leur enverrez un mot.

- C'est pas la peine Bajra.

- Bien, tu m'excuseras je dois aller au conseil. A moins que tu ne veuille te joindre à moi ?

*

     Nous rejoignons la salle du conseil. J'ai tenu à ce que Ade m'accompagne, si jamais Loan ou Gaci décide de venir contre mes recommandations voir Weny, je ne tiens pas particulièrement à ce qu'ils tombent sur elle. J'ai prévu les retrouvailles pour demain, et les présentations pour les autres. Ça va être une longue journée. Aujourd'hui était stressant mais c'est demain que ça va être pire. Nous avons pleins de choses à voir, à mettre au point, à étudier... Toute une logistique qu'il faut chorégraphier. Je suis bien heureux de ne pas être seul à faire ça. Avec le soutien d'Oskar, l'aide de Ade, des anciennes recrues et des habitants d'ici, on peut être en mesure de faire quelque chose qui tienne la route.

     Nous arrivons à la salle. Vu l'heure nous ne serons pas dérangés par les habitants. Je sais aussi que les conseillers veillent à moitié donc je pourrai m'entretenir avec Bélem et Oskar sans être importuné. J'invite poliment Ade à entrer la première. Sans surprise je retrouve mes conseillers personnels dans la salle avec quelques autres personnes. Ça ne durera pas longtemps, nous devons tous être en forme pour les jours à venir, nous nous y préparons depuis des mois, ce sont les derniers efforts.

- Oskar, Bélem, j'aimerais vous présenter Ade. Représentante des renforts.

     Oskar la salue poliment tandis que Bélem lève seulement son menton en guise de défi.

- Nous tenons à vous remercier au nom de toute la communauté pour votre aide. Commence Oskar.

- Et bien je ferai passer le message. Je pense qu'une fois que tout ceci sera terminé beaucoup reviendrons habiter par ici.

- Où sont allés nos frères ?

- Un peu partout. Nous venons de la côte, au nord. Mais il y en a sûrement plus près comme plus loin.

- Dans peu de temps nous pourrons à nouveau revivre ensemble. Cette attente va enfin être récompensée.

- Il nous faudra quand même un peu plus de temps pour tout faire. Avez-vous des contacts avec l'extérieur ?

- Comment ça ? Demande Bélem.

- A part nous, avec qui parlez-vous ?

- Nos communications sont plutôt restreintes.

- Restreintes dans quelle mesure ?

     Un silence sert de réponse. Nous avons pu échanger uniquement avec ce groupe, principalement parce que la majorité venait de la ville mais les contacts à plus grande échelle ne se font pas.

- Bajra il n'y a que nous ? Nous sommes les seuls renforts que vous ayez ?

- Nous avons discuté avec les tiens et ça leur paraissaient suffisant aux vues de nos effectifs.

- Tu n'as demandé à personne d'autre ? Est-ce que tu sais qu'avant notre ville, pleins d'autres sont en état de siège. Il existe des Organisations partout à travers le pays qui dirigent et conditionnent les gens pour éviter l'anarchie. Je croyais que le plan c'était ça : les faire cesser. Que tu avais des contacts avec d'autres personnes d'autres régions qui auraient attaqué simultanément. On a rien de tout ça ?

- Je ne pensais pas qu'il aurait été nécessaire d'avoir plus de monde.

- Et donc c'est lui notre chef, lance amèrement Bélem. Vous m'excuserez mais je vais aller économiser mes forces pour cette grande « bataille ».

     Bélem quitte le conseil, rejoint par Oskar qui se retire tout en politesse. Je m'assoie sur mon siège, le menton sur la paume. Je n'avais pas pensé que quelque chose d'aussi grand se cachait derrière une simple tour. Aussi illégale que puisse être ses activités, elle n'a jamais semblait attirer les soupçons. C'est encore plus étonnant d'apprendre qu'il y en a pleins à travers tout notre pays.

- Un problème à la fois. Nous choisirons comment régler le nôtre demain et on verra ensuite pour les autres. Ok ? M'encourage Ade.

     Elle vient poser sa main sur mon épaule. Me tire ma main, celle qui contenait mon menton pour venir agripper de son bras le mien. Elle passe l'autre bras par dessus mon épaule et me dirige vers les galeries. Nous marchons ainsi jusqu'à mes appartements. Il nous faut la tête froide pour prendre les bonnes décisions. C'est notre rôle de chef et il ne faut pas que nous faiblissons.