L'Organisation [ TERMINÉE ]

Chapitre 23; Part 2

     Je crois avoir perdu connaissance à un moment car je me suis réveillée par terre, Bajra au-dessus de moi. Je me souviens avoir eu une intense douleur dans la poitrine. Bajra m'a ramené chez lui non sans peine, m'a allongée sur un lit avant de disparaître dans la pièce voisine. J'ai dû m'endormir aussi parce que la lumière de la pièce a changé. Je me relève, le visage en feu. J'essaye de me tenir debout mais je suis bien sonnée. Une pièce d'eau est adjacente à la chambre, j'y vais pour m'observer un instant, pour mettre une image sur ce qui s'est passé. Ce que je découvre me terrifie. Pas les marques rouges sur mes joues ou mon nez coupé où le sang a séché laissant une cicatrice le long de l'arrête. Non je ne m'étais pas vu depuis le jour où j'ai quitté ma maison pour l'Organisation. Mes joues sont creusées, j'ai l'air épuisé, des cernes sous les yeux, un teint blafard. On ne dirait même pas moi. Je quitte la pièce mais surtout cette image qui me dégoûte. La chambre est vide, j'ignore si c'est celle de Bajra ou non mais elle est toute à l'image de la Draperie : des tissus sont suspendus au plafond, sur les fenêtres, des tapis sont accrochés au mur, tout est coloré et gai. J'entends des voix provenir des pièces voisines. Je m'avance timidement, tenant mon ventre avec mon bras. Je tombe sur un homme assis sur un canapé, Bajra à ses côtés. Il se lève pour me présenter à son père, j'incline la tête et le remercie de m'avoir aidé.

- C'est mon fils qui vous a amené ici. J'espère que vous guérirez vite, mais sortez de chez moi s'il-vous-plaît.

     J'acquiesce et quitte la pièce extrêmement gênée. En passant à côté de son père je n'ose même pas le regarder. Bajra me raccompagne. Je m'attendais à ce qu'il retourne chez lui mais au contraire il fait le chemin avec moi jusqu'à l'Organisation. J'aimerais lui parler mais j'ai peur qu'il ne me remballe. Je retrousse mes lèvres et me lance.

- Comment tu m'as trouvé ?

- J'étais passé chercher des affaires au marché. J'ai vu la cohue et je me suis avancé.

- Comment j'étais ? Est-ce que j'étais encore consciente ?

- Tu étais au sol. Le gars te frappait au ventre. Ça va ?

- Oui. Merci. Vraiment.

     Je suis choquée d'avoir failli mourir, que des gens aient souhaité ma mort. C'est complètement l'inverse, d'ordinaire c'est nous qui tuons les gens et là ça s'est retourné contre moi. J'en reviens pas que Bajra m'ait sauvé la vie. Il aurait pu passer son chemin à cause de la rancœur mais il m'a sauvé. Je ralentis le pas, ça me bouleverse. Je ne sais pas pourquoi en plus. Bajra se tourne vers moi, ne sachant pas si je vais m'évanouir ou non. Je ne lui laisse pas le temps de parler que je me jette sur lui pour l'enlacer de tout mon être. Même s'il me repousse ce n'est pas grave, j'ai terriblement besoin de ce contact.

- Merci infiniment, lui murmurais-je.

     Nous rentrons à l'Organisation, inquiets de se faire agresser en chemin. Dans le sous-sol Bajra m'invite à aller à l'infirmerie mais je refuse. Si jamais Loan me voit comme ça il va paniquer et ne va pas s'empêcher de vouloir rentrer dans le jeu. Mais le problème c'est que Bajra ne me laisse pas le choix. Et je pense que les instructeurs non plus. Ils ne vont pas s'amuser à nous remplacer à chaque fois, pour qu'au final les recrues soient exclusivement constituées de natifs. Arrivée à l'infirmerie, je constate amèrement que plusieurs de mes coéquipiers sont allongés sur des lits. Je vois Yossin, Matt, Kate, Makayla et Born, le visage tuméfié, les lèvres boursouflées et coupées pour certains. Un médecin vient me voir et se plaint de voir qu'il y ait encore des recrues blessées. Il m'installe sur un lit pour m'examiner. Je me tourne vers les autres pour voir leur état, ça n'a pas l'air d'être la grande forme, je me demande bien ce qu'il leur est arrivé.