Chapitre 28; Part 1

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EILEEN

     Je redescends au niveau des appartements. Les Galeries grouillent de monde. Les enfants ne vont pas tarder à quitter l'école et les relèves pour surveiller les diverses entrées vont avoir lieues. Il faut que je me change pour faire la mienne.

     J'arpente les égouts. Les conduits cachent de la fumée -pour certains- ou suintent d'eau usagée pour d'autres. Cet endroit est crade, puant. On peut lui trouver tous les défauts du monde mais ça a été ma maison, mon foyer. Je connais tous les habitants, tous les recoins possibles et inimaginables. Je sais quelles bouches donnent sur quel quartier de la ville, quel raccourci prendre à quel endroit. Je connais tout. J'ai grandi ici. C'est chez moi. Mais Oskar n'a pas tort : nous devons reprendre ce qui nous appartient. Pourquoi laisserait-on Quinn Orsath diriger nos vies ? Pourquoi choisirait-elle qui peut vivre en surface et qui doit vivre comme un misérable dans les égouts ? J'ai été déçue lorsque Oskar a dû laisser sa place. Surtout pour la laisser à une ancienne recrue. Alors ça. Bajra a de la chance d'avoir son père comme soutien. Je n'aurais pas donné cher de sa peau les premières semaines, mais il a su conquérir les foules c'est indéniable. Il a appris à nous entendre, à nous comprendre. Il a su s'adapter contrairement à ses amis. Ils profitent de notre hospitalité, surtout la recrue Born. Alors lui. Si ça ne tenait qu'à moi je le renverrai en surface seul avec son destin. Je serai curieuse de voir combien de temps il survivrait.

     J'arrive chez moi. Le niveau des appartements est à hauteur des évacuations d'eau de pluie du quartier aisé de la ville. Assez bien placé, très peu de risque de se faire repérer. Après tout, ça fait presque trente ans que ma famille habite ici et jamais personne n'a soupçonné leur présence. Les habitants de la ville serait surpris de voir que toute une ville s'est constituée sous la leur. C'est amusant. La porte n'est pas verrouillée comme toutes les autres. En cas d'attaque surprise il faut que l'on puisse entrer chez les gens en urgence pour les évacuer ou prendre de quoi se défendre. Je pénètre dans le salon. Je constate avec énervement que le couteau de Loan est posé sur le meuble de l'entrée. Il sort de la chambre nonchalamment, traînant des pieds. Je lui lance son arme sur le canapé en face. Il me regarde en la ramassant et en la coinçant dans son pantalon.

- Ça va je savais que c'était toi.

- Ha oui ? Et si c'était pas le cas ? J'aurai pu te bondir dessus et te tuer.

- Crois-moi. Si j'avais les armes de l'Organisation, je t'aurai descendu plus vite. C'est pas avec un couteau qu'on va faire quoique ce soit.

- Pour l'instant c'est tout ce qu'on a. Bajra fait son nécessaire pour trouver quelque chose.

- Ouais.

     Il s'étale de tout son long sur mon canapé. Ça commence à bien faire son comportement.

- Lui et Oskar mettent tout en œuvre pour nous sortir d'ici. Et toi ?

- De quoi moi ? Je ne suis pas chef dieu merci.

- Tu fais quoi de tes journées ?

- On va pas revenir dessus. Si on avait l'autorisation de quitter cet endroit crois moi qu'on serait déjà loin.

     Je m'assoie à ses côtés. Je suis fatiguée d'entendre toujours la même histoire.

- Tu aurais dû partir comme cette fille au lieu de rester pour ta famille. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

- Ne me parle pas de comment je dois m'occuper de ma famille.

     Il m'empoigne le bras suffisamment fort pour me faire comprendre de ne pas en parler. Mais c'est mal me connaître. Je lui tape dans l'épaule pour qu'il me lâche et le repousse contre le canapé.

- J'ai ma ronde dans une heure. Tu viens avec moi.

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant