L'Organisation [ TERMINÉE ]

Chapitre 29; Part 1

LOAN

     La ronde a été plus que longue. Nous avons dû surveiller les quartiers de la ville sans rien faire. D'autant plus qu'avec les lentilles de leurs fusils notre portée n'était pas bien grande. Tout leur équipement de manière générale laisse à désirer. Ils sont loin d'avoir les mêmes moyens que les natifs de l'Organisation. Ils vont se battre dans un combat perdu d'avance puisqu'inégal. Bajra continue ses réunions pour mettre au point un plan miracle censé tous nous sauver, mais avec quelles armes ? On a pas assez d'hommes entraînés, pas assez de matériel, pas de moyens du tout niveau automobile. Comment est-on censé faire le poids face à, d'une part une supériorité numérique, et d'autre part un manque considérable de moyens ? On est voué à l'échec. On s'est condamné à l'instant où l'on a fuit la tour. On aurait dû partir en amont pour se laisser une chance de fuir la ville...

     Je regagne l'appartement de Eileen. Je pose ma veste sur l'accoudoir du canapé. Depuis notre arrivée je squatte chez elle. Les volontaires ont pu prendre en charge la poignée de recrues fraîchement débarquée lors de notre installation. Eileen s'est porté garante pour moi, mais je soupçonne Oskar de lui avoir imposé ma présence comme aux autres. Beaucoup d'habitants d'ici voient d'un mauvais œil notre installation dans les égouts. La plupart pense que nous allons attirer jusqu'ici les natifs ou que nous sommes nous-mêmes des infiltrés de Quinn Orsath. Il y a une tension importante entre tout ce monde. Tension qui s'accentue avec le fait que nous sommes terrés exactement comme à l'Organisation, sous terre, sans avoir la possibilité de retourner en surface, ne serait-ce qu'un peu.

     Je récupère le malheureux couteau destiné à me protéger avant de filer à la salle du conseil. Salle qui devrait se renommer « bureau officiel du chef suprême des égouts, Bajramsha Manjrekan ». Depuis son accession au pouvoir il est complètement inaccessible. On ne peut plus lui parler, nous ses amis, ses coéquipiers. On est relayé au même rang que les habitants d'ici alors que nous sommes cent fois plus entraînés qu'eux.

     Bizarrement Bajra est occupé avec Bélem et Oskar. La salle du conseil sert aussi d'accueil et de salle de rassemblement pour toute la ville souterraine. Si bien que des habitants viennent s'y retrouver entre amis, viennent y manger, jouer... Il n'est pas rare de voir constamment du monde ici. En même temps c'est pas comme s'ils pouvaient sortir.

     Je m'avance en direction du « trône » de Bajra -qui est surélevé du reste du plancher- mais Bélem vient à ma rencontre. Il me tend sa main, c'est limite s'il ne me la pose pas sur le torse pour m'arrêter.

- Excuse-nous Loan, on est en pleine discussion, tu tombe mal vraiment.

- Ha oui ? Comment se fait-il qu'il n'y ait aucun autre membre du conseil ?

- C'est bon Bélem, lance Oskar par dessus son épaule.

     Et sinon Bajra pourrait-il s'exprimer ? Après tout ce n'est pas comme si c'était lui le chef. Je me rapproche de l'estrade improvisée pour les rejoindre.

- Ce n'est pas le bon moment Loan, m'adresse enfin mon ami.

- Tu m'en vois navré. J'ai besoin de toi : il faut que je fasse partie de la mission de ravitaillement demain.

- Je suis contre, indique Oskar.

- Pourquoi ça ? Me demande-t-il.

- J'ai besoin d'aller dehors. Tu sais ce que c'est.

- On ne peut pas se permettre cela. On a pas le droit à l'erreur.

- Tu sais à quel point les conséquences d'un manque de lumière cause sur un organisme. Rappelle-toi notre formation.

- Notre chef t'as donné son veto, me crache Bélem.

- C'est bon -Bajra lève  sa main pour recadrer Bélem- Loan nous sommes près du but. Ce n'est qu'une question de temps avant de pouvoir attaquer. Fais-moi confiance.

- Et combien de temps ? A peu près.

- Nous attendons que nos renforts arrivent, nous avons un conseil d'ici une heure. Veux-tu te joindre à nous ?