ADE
J'émerge de mon sommeil, bien vaseuse et un peu déboussolée. Les calmants marchent plutôt bien, je ne sens plus du tout ma jambe. S'il y avait le feu et que je devais partir en urgence, je m'écroulerai sur-le-champ. Je me souviendrais de mon premier jour de formation à l'Organisation.Quel connard. Il a la rancune tenace, ça remonte à quoi? Trois ans maintenant, je pensais qu'il aurait oublié. Qu'il m'aurait oublié, après tout on s'est vu en tout et pour tout deux heures. Ça s'oublie vite deux heures, sans compter qu'il était simple formateur. Pas comme maintenant où il est formateur en chef, ce qui change tout. Putain mais quel connard quand même. Dès que j'arrive à nouveau à marcher il faut que je lui montre que même maintenant je peux le démolir, comme il y a trois ans. Il a bien changé. On est loin du gars du port.
En tournant la tête je constate avec une joie incommensurable que Loan est à mon chevet. Ça me fait vraiment plaisir qu'ils m'aient aidés à venir jusqu'ici. Même si ça faisait partie de l'exercice, le premier jour, ils auraient pu me laisser à mon sort.
- Merci d'être resté, dis-je avec une voix bien faible et nauséeuse.
- Comment tu te sens ?
- Je peux te dire que je ne sens plus ma jambe en tout cas.
Un petit rire manque de m'étouffer. Je tousse à pleins poumons me faisant tourner la tête.
- Tiens, bois.
Loan me tend une verre d'eau. Mon lit étant très légèrement incliné, je redresse ma nuque pour ne pas renverser le liquide sur mon t-shirt. Loan vient me tenir la nuque et pose sa main sur la mienne pour m'aider à boire. Quel assistée je fais. Pendant que le médecin me recousait, on m'a changé de tenue, mon pantalon déchiré est parti je ne sais où. Je me retrouve avec mon t-shirt et c'est tout.
- Quelle heure est-il ?
- Hum... environ quatre heures de l'après-midi.
- T'es pas à l'entraînement ?
- Aucun de nous n'y est allé. On s'est relayé pour rester près de toi. On s'est dit qu'un visage familier te ferait plaisir à ton réveil.
- Vous êtes vraiment adorables. Et stupides. Vous allez avoir des ennuis demain, fis-je remarquer.
- On a des circonstances atténuantes, me justifie-t-il en jetant un coup d'œil à ma jambe. C'est un sacré bandage pour l'entaille que tu as eu.
J'acquiesce d'un léger « hum ». Il n'est pas dupe. Mais c'est pas ses affaires. Et puis ce n'est pas moi qui me suis coupée. C'est à Caden qu'il devrait aller parler. Je préfère mettre court à la discussion.
- Je suis fatiguée, je vais dormir un peu. C'est gentil d'être resté.
- Repose-toi bien, Cirkel a insisté pour passer la nuit à tes côtés.
- C'est gentil à elle, dis-je avec un réel sourire.
- Vous... vous connaissiez avant ? Vous avez l'air proche.
- Oui, on s'était déjà croisées dans le centre. Mais rien de plus. Ça m'a fait plaisir de la voir parmi les Recrues, quoiqu'un peu suspect qu'elle y soit avec moi.
- Je comprends. Je connaissais Bajra avant d'arriver ici...
- Ha ouais ? C'est curieux qu'ils nous aient choisis.
Bien étonnant d'ailleurs, sur tous les jeunes de la ville, on est beaucoup à se connaître. Deux gars de chez Noah et deux autres de chez Kelsey. Tous à peu près du même milieu et du même quartier. Loan et Bajra pour le sud, moi et Cirkel pour le centre et un peu le port et les autres pour le nord et la gare. Ceci dit nous sommes vingt-quatre mais quelle coïncidence que sur les quinze, huit se connaissent de près ou de loin. La moitié. Ça fait une importante coïncidence.
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L'Organisation [ TERMINÉE ]
Science FictionUne étrange tour domine la ville. Personne ne sait ce qui se passe entre ses murs: quelles sont ses activités, qui sont ses employés, que font-ils ? Une chose est sûre, dès lors que vous recevez la carte de cette "société", vous lui appartenez. Pour...