L'annonce de mon départ a tout ravagé dans notre foyer. Lyra est montée s'occuper de Caeli pour éviter qu'il ne pleure en entendant notre mère casser le peu de vaisselle que nous avons. Après la sixième tasse mon père ne tente même plus de l'arrêter, il s'assied sur une chaise en regardant le plancher. Je ne sais vraiment pas quoi faire, aussi bien vis-à-vis de l'Organisation mais aussi avec mes parents. Le mur séparant notre salon de la chambre de mes parents soutient mon poids, les mains dans les poches je fixe également mes pieds. Je constate que mes chaussures sont sales, déchirées par endroit, usées sur le bout, les lacets ne tiennent plus donc j'y ai mis de la corde. Je n'aie pas de vêtements convenables pour demain. J'ai l'air d'un misérable, il faudrait que je ne sois pas le seul demain à ressembler à un mendiant du port. J'imagine des gens bien apprêtés pour leur arrivée à la société, certains doivent être issus de quartiers populaires alors il se pourrait que je ne sois pas le seul à l'allure négligée. L'absence de bruit me sort de mes pensées, ma mère s'est calmée et reste immobile les mains sur les hanches. Mon père se relève péniblement, se tenant le genoux et le coin de la table pour se redresser (il passe plus de temps accroupi à fixer des boulons ou à remettre des pierres sur les rails que debout). Je me retrousse les lèvres et décide à aller vers mes parents.
- Tu devrais te coucher, m'ordonne ma mère.
Mon père quitte la pièce pour rejoindre son couchage. Je suis abasourdi. Je pensais discuter de longues heures avec ma famille, ne pas dormir du tout tant l'angoisse et l'appréhension m'auraient tenus éveillés. Au lieu de ça je rejoins mon lit, niché dans l'escalier. Ma mère quitte la maison pour la nuit, je ne réussis pas à fermer l'œil jusqu'à son retour et même après. Tout ce temps je me demandais ce qu'elle faisait, où elle était et avec qui. Mais la connaissant je me doutais qu'elle aurait passé la nuit chez Mme Priesler. Mon père se leva de bonne heure, seulement quelques heures après que ma mère soit rentrée. Je somnolais tout en écoutant ce qu'il faisait, je voulais me souvenir. Je pensais -depuis environ deux heures du matin- que peut-être, je ne rentrerais pas chez moi dans l'immédiat. Je ne voulais pas sortir de mon lit, je ne sais pas comment sera la literie là-bas. Après que mon frère et ma sœur se soient levés, je décida de les rejoindre. Nous n'avons pas de petit- déjeuner ce matin encore. Seulement du thé que cultive une voisine et qu'elle nous donne gracieusement.
- Fais attention Caeli la tasse est chaude, indique Lyra.
Notre frère est tellement absorbé par son livre qu'il n'écoute pas, il tient son livre dans une main et approche celle de libre pour prendre son bol sans regarder. Je le tire vers moi pour qu'il lève les yeux sur ce qui l'entoure.
- Attention c'est chaud.
Il ne veut plus de son petit-déjeuner, je vide le contenu de sa tasse et la mienne dans la théière pour plus tard. Ma mère quitte sa chambre, et part à l'étage et en redescend avec des vêtements. Ceux de mon frère.
- Changes-toi.
Je m'exécute. En descendant, ma famille est devant la porte. Ma gorge se serre, je déglutis difficilement. Caeli se jette sur moi, j'enlace Lyra pendant un long moment.
- Prends soin de toi surtout, me murmure-t-elle.
Mon père m'étreint à son tour, je serre fermement ses épaules. Je sens ses mains sur mon dos, grandes, rugueuses par le travail.
- Ne te fies à personne là-bas fils.
Je hoche la tête incapable de prononcer un mot. Les yeux de ma mère s'embrument de larmes. Elle m'embrasse fortement avant d'ouvrir la porte. Ils m'accompagnent jusqu'à l'entrée des blocs, les jumeaux et le Rempart sont sortis sur les balcons. J'embrasse une dernière fois ma famille et quitte les blocs, mon foyer. Je ne sais rien de ce qui m'attend, je suis seul. J'inspire et expire fortement durant le chemin, je repasse devant l'école, la Draperie et la gare une dernière fois avant de pénétrer dans le centre-ville jusqu'à voir la tour de l'Orsath Enterprise s'élever devant moi.
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L'Organisation [ TERMINÉE ]
Science-FictionUne étrange tour domine la ville. Personne ne sait ce qui se passe entre ses murs: quelles sont ses activités, qui sont ses employés, que font-ils ? Une chose est sûre, dès lors que vous recevez la carte de cette "société", vous lui appartenez. Pour...