Chapitre 40; Part 2

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     Le sous-sol est bien désert. J'en aie la chair de poule. Nous avançons vraiment lentement pour éviter de nous faire prendre. Une violente explosion s'est faite entendre avant que nous pénétrions dans le Prétoire. C'était le signal. La réaction des natifs ne s'est pas faite attendre : ils ont directement mordu à l'hameçon. Une deuxième a eu lieu quelques secondes après. Normalement les deux proviennent des gares. Nous avançons prudemment en direction des Arceaux. Ça fait vraiment bizarre de se retrouver ici. Les dortoirs sont vides, pareil pour les boutiques ou le bar. On essaye au maximum de faire le moins de bruit possible. On ne sait jamais si des natifs sont encore là. Normalement les sous-sol servent juste aux entraînements des recrues ainsi que pour leur préparation. Les natifs eux restent dans les différents étages de la tour. Je prie pour que la présidente soit restée dans ses quartiers. Qu'ils n'aient pas eu l'idée de sortir. Après ça m'étonnerait beaucoup, ils nous ont à peine salué lors de notre arrivée donc théoriquement ils vont rester dans les étages. Nos fusils restent en joug et nos sens en alerte au moindre bruit. J'ai l'impression qu'on fait un boucan incroyable avec notre équipement. Boucan complètement en opposition avec le silence de mort qu'il règne ici bas. Il n'y a personne, pas un bruit. Notre reflex est de constamment regarder au-dessus de nous vers la verrière. Peut-être que des natifs sont cachés là-haut à nous observer...

     Nous empruntons les escaliers qui mènent aux salles d'entraînement. Loan passe devant. Il s'assure qu'il n'y ait personne en descendant, il pointe son arme en contre-bas tandis que je m'assure que personne ne nous suit ou ne déboule d'un niveau inférieur. Nous gagnons les couloirs qui mènent aux salles. L'éclairage y a été coupé, seul les lumières bleues de sécurité sont enclenchées. Je peux à peine voir le visage de Loan dans cette pénombre. Nous nous positionnons chacun à un poteau d'où nous sortons de nos sacs les explosifs. Nous les fixons tous à chaque pilonne avant de les enclencher. Nous hésitons un instant. A compter du moment où nous les activons, nous avons exactement sept minutes pour sortir d'ici. Normalement nous devons prendre en compte dans ces sept minutes le temps de nous mettre à l'abri dans notre conduit parce que le souffle est vraiment puissant. Mais pour l'heure je veux juste qu'on sorte d'ici vivant. C'est vraiment trop silencieux. Je n'ose même pas parler à Loan ou lui adresser le moindre mot. On se doutait que les natifs n'auraient pas d'utilité à rester au sous-sol une fois notre départ. Ils étaient obligés de nous surveiller mais puisque nous ne sommes plus là ils sont retournés dans leurs quartiers, seulement ça m'inquiète de ne pas entendre le raffut au-dessus de nous. Mais je crois pas avoir déjà entendu du bruit durant notre formation. Ça doit être drôlement insonorisé pour nous confiner le plus possible...

     Je lance un regard à Loan qui me lance le signal. Nous activons nos explosifs avant de passer aux suivants. Nous allons très vite quitte à regarder furtivement si nous sommes seuls. Tous les explosifs sont allumés. Si jamais nous en oublions un il se déclenchera une fois que les autres auront sauté. Je ne tiens pas à m'éterniser ici. Je récupère mon sac, mes armes, vérifie que l'on ne laisse aucune trace de notre passage et nous filons.

*

LOAN

     On l'a fait. Ça y est. Les explosifs sont en place il nous faut juste rejoindre la surface. Ade est devant. Nous rejoignons les escaliers. D'ici quelques minutes tout ceci sera détruit. Si tout se passe comme prévu nous pourrons en avoir finit pour ce soir. Seulement après ? Qu'est-ce que l'on va faire une fois l'Organisation tombée ? Je parie que nous n'aurons pas longtemps à attendre avant que d'autres troupes n'arrivent pour instaurer une nouvelle organisation. J'ignore comment nous pourrons nous sortir de ça une nouvelle fois... J'espère que mon frère est dehors, qu'il est partit voir quelles ont été ces explosions et qu'il a compris que c'est pour lui un signal de se mettre à l'abri. Je ne suis vraiment pas pour ce plan : des centaines d'innocents vont y passer, je sais d'ores et déjà que l'on peut compter sur pas mal de morts rien qu'aux gares. Mais tout a été préparé pour faire le moins de victimes possibles côté civil. A cette heure-ci il y a un peu de monde mais moins que si nous étions  intervenu en pleine matinée. J'ai quand même des scrupules à tuer des natifs. Avec le cocktail explosif qu'a ramené Ade il y a peu de chance de survie. Il faut vraiment que mon frère soit en sécurité.

     Nous nous arrêtons net dans les escaliers. Des voix se font entendre. Je barre la route à Ade de mon bras. Nous redescendons prudemment. Un pas après l'autre en prenant garde à ce que les natifs n'arrivent pas trop vite. Nous atteignons le palier inférieur et nous terrons dans la pénombre. La porte au-dessus s'ouvre bruyamment, tapant contre le mur. On entend leur pas juste au-dessus de nos têtes. Un des natifs commence à descendre, on voit un de ses pieds passer sur le palier supérieur. Ça en est finit de nous. S'ils ne sont que deux on peut essayer de les combattre mais on risque aussi de rameuter d'autres ennemis. Foutus entraînements que j'aurai dû suivre... Je remarque du coin de l'œil que Ade commence à positionner son fusil en direction des dernières marches, je reste prudent et attends de le voir arriver. Soudain une déflagration lui fait perdre l'équilibre ainsi qu'à nous, surpris. Le groupe d'Eileen a fait sauté ses explosifs. Il faut vraiment qu'on se dépêche de sortir de là, les nôtres ne vont pas tarder à lâcher aussi. Le natif resté sur le palier vient se presser vers son ami pour remonter. La porte ne claque cependant pas. Par précaution nous attendons un peu mais je dois avouer que je préférerai sortir maintenant. Il doit bien nous rester quatre minutes. Tant pis. Hors de question de mourir ici.

     J'empoigne Ade pour que nous remontons nous aussi. Une autre déflagration nous fait perdre l'équilibre et nous fait basculer dans les escaliers. Là c'est sûr on est repéré vu le bruit que nous avons fait en tombant. Je me suis prit un barreau dans les dents dans ma chute. J'ai un goût de sang dans la bouche. Je demande à Ade si elle va bien et un filet de sang s'échappe de mes lèvres pour couler sur mon gilet par-balles. Nous nous relevons et sortons au plus vite, armes en joug, à grande foulée quitte à faire du bruit tant pis. Je passe rapidement ma main sur ma bouche pour enlever le sang qui laisse une marque sur ma joue. Il ne nous reste que deux ou trois minutes grand max pour remonter à l'escalier dérobé et redescendre dans les rues sans se faire surprendre par les natifs. Normalement la dernière explosion à se produire sera la nôtre, pour la surface. Si tout se passe bien les natifs vont voir les habitants et les suivre dans les égouts. Il faut vraiment que ça marche.

     Nous courons avec Ade dans le Prétoire pour rejoindre les escaliers. Jamais je n'ai couru aussi vite, même lorsque je me faisais courser après mettre fait prendre à voler. Nous enjambons les marches deux par deux et je n'hésite pas à pousser Ade pour qu'elle avance plus vite. Arrivé en haut elle me tire pour que je saute les dernières marches et ainsi atterrir directement sur le palier. Elle vient donner un coup de crosse sur la porte métallique pour l'ouvrir et nous sautons pour nous réceptionner sur les graviers. Notre chute n'est pas bien haute mais nous tombons tout de même avant de courir jusqu'à l'échelle. Un tir se répercute sur les graviers juste à ses pieds. Nous regardons furtivement avant d'entrevoir des natifs. Merde merde merde ! Ade ne semble pas s'en inquiéter, elle dévale l'échelle de secours d'où nous sommes bombardé de tirs. J'en envoie à mon tour et commence ma descente. Nous sautons des barreaux pour arriver plus vite en bas. Ade tir dans le tas touchant des fenêtres ou les briques des murs. Une balle vient s'écraser tout près de nous, il doit bien rester trois mètres avant le sol mais tant pis, la même idée nous vient. Nous lâchons les barreaux et tombons au sol. Notre réception laisse à désirer mais on ne prend pas le temps de vérifier que tout va bien et continuons de tirer. Une de mes chevilles me fait mal et je suis tombé sur Ade qui boite. Nous tirons mais en fait ce ne sont pas des natifs qui nous prennent en chasse mais des commerçants du quartier. Nous nous précipitons vers un abri en tirant cette fois dans le vide pour éviter de les blesser et vu leur technique on ne risque rien. Vite vite. Le temps presse. J'espère que les explosifs vont faire leur effet. Le temps impartit doit bientôt être finit, je pense que dans la précipitation on a bien avancé. J'espère vraiment.

     Un souffle vient nous aider à avancer plus vite. On décolle littéralement du sol, comme propulsé. Des éclats de verres viennent me frapper les yeux, de la poussière aussi, du béton. J'ai perdu Ade, quelque chose me tire et je sombre dans les profondeurs. Mon atterrissage me heurte la tête et d'autres projectiles viennent s'engouffrer avec nous. Le goût de sang dans ma bouche persiste et celui de la poussière lui permet de s'épaissir. Je n'arrive pas à voir où nous sommes mais nous sommes à l'abri. Une dernière déflagration provoque un tremblement monstre suivi d'un bruit d'une teneur incroyable.





L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant