L'Organisation [ TERMINÉE ]

Chapitre 16; Part 1

Avant-propos: Le début de ce chapitre est un flash-back de Loan. En espérant que ça vous plaira !

LOAN

     Noah était à son appartement. Ade est retournée vaquer à ses occupations tandis que je pénétrais dans le nouveau foyer de mon frère. C'est si contrasté lorsque l'on sait dans quoi on vit au sein des blocs. Ici sa maison est bien plus spacieuse, propre, fraîche. Mais très peu lumineuse, voire pas du tout. Des néons éclairent les pièces mais aucunes fenêtres ne donnent sur quelque chose de vivant.

     Je m'avance timidement au milieu du salon. Noah reste debout, face à moi. Sûrement surprit de me voir et s'attendant à ce que je vienne me prendre la tête avec lui sur quelque chose. Je toussote et me lance :

- Ça te dirait de revoir les blocs ? Il y a pleins de trucs qui ont changé...

*

     Nous parcourons la Draperie pour rejoindre notre foyer. Ça fait vraiment du bien de sortir du sous-sol de l'Organisation pour prendre l'air et retourner chez soi. Les couleurs du marché me ravissent, les odeurs des poudres se réveillent dans ma mémoire. Je recroise des visages familiers au coin des rues. J'ai l'impression d'être parti depuis des années et que rien n'a changé.

     En chemin je raconte à Noah les premières années d'école de Caeli, son penchant pour la lecture, les histoires qu'on lui inventait... Je lui explique comment Lyra est devenue espiègle à mes dépends -elle me volait littéralement mes prises pour les revendre plus cher derrière mon dos- mais qu'elle partageait la recette me jugeant trop commerçant durant les transactions. Nous ne sommes qu'à un carrefour de notre quartier. Je suis à la fois excité et anxieux de revoir ma sœur. Noah ralentit le pas. Je m'arrête pour lui laisser le temps de se préparer et nous nous retrouvons à gravir les marches des blocs. Je pose ma main sur la poignée, la tourne et pousse la porte.

     La cuisine sent toujours cette odeur de lait chaud mélangé aux herbes que nos parents font sécher à la fenêtre. Je retrouve la chaleur de notre maison, le soleil qui tape continuellement. Noah avance timidement dans la pièce, il s'arrête devant la chambre de nos parents. Touche les meubles du bout des doigts. Je monte à l'étage et en passant devant mon lit creusé dans le mur, je m'arrête un instant à mon tour. Je repense à la dernière nuit qui a précédé mon départ, le stress qui m'a tenu éveillé, la boule au ventre qui me rongeait... J'enjambe les autres marches pour rejoindre la chambre de Caeli et Lyra. Il est là assit en « w » au sol, un bouquin à même le sol en train de lire à haute voix. Je toussote dans mon poing pour qu'il relève les yeux. En me voyant il stoppe sa lecture.

- Tu es trop grand pour me saluer désormais ?

- On m'a dit que tu partirais longtemps. Tu es revenu vite !

     Il se lève pour venir me faire un câlin. Je serre son petit corps contre moi en le portant. C'est une des rares fois où j'enlace mon frère. Habitués à passer toutes nos journées ensemble, ça n'avait pas d'utilité.

- Où est Lyra ?

- Elle a dit qu'elle avait des choses à faire mais qu'elle revenait vite.

- Est-ce qu'elle t'a dit où ?

     Il secoue la tête avant de réclamer de descendre. Il prend son livre sous son aisselle et vient prendre ma main.

- Viens, on va l'attendre en bas. Je te raconterais l'histoire que je lis aujourd'hui.

     Je ris et emprunte les escaliers avec lui. Arrivés au salon, Noah est assit sur le canapé, les mains jointent. Caeli n'ose plus s'asseoir et serre ma main et son livre sous ses doigts.

- Bonjour...

- Salut. Tu ne te souviens peut-être pas de moi. Je m'appelle Noah, je suis ton grand-frère.

- Mais c'est Loan mon grand-frère ?

- En fait... J'ai menti pour impressionner ta maîtresse. Noah est notre grand-frère, je suis le deuxième, ensuite Lyra et enfin toi.

- Alors tu as le même papa et la même maman que nous ?

- Exact. Loan m'a dit que tu aimais la lecture, c'est quoi le livre que tu as ?

     Il n'en fallait pas plus à Caeli pour rejoindre Noah sur le canapé. Il a commencé à lui lire ses passages préférés avant de lui détailler la couverture. Noah n'a pas arrêté de sourire, de lui poser des questions... Il avait autant besoin que moi de revenir ici.

     Je n'ai entendu la porte d'entrée que lorsqu'elle s'est refermée en grinçant. Lyra reste sur le palier, son sac sur l'épaule. D'ici elle ne voit pas Noah ni Caeli, je suis le seul qu'elle a en vue. Elle porte toujours ce même débardeur, son bracelet de cheville faite à partir de corde et son vieux sac. Ni une ni deux elle me rejoint pour m'embrasser. Je la soulève et touche ses cheveux, son visage. Ce moment est le nôtre.

*

- Alors comme ça tu travaille à l'Orsath Enterprise ? Continue Lyra.

- Comme instructeur. Je forme les nouvelles recrues.

- Je suis contente qu'au moins vous ne soyez pas seul aussi bien l'un que l'autre. Et.. est-ce que les gens sont au courant que vous êtes frères ?

- Non je ne préfère pas. Juste une fille mais je pense qu'un instructeur s'en doute...

- A qui tu penses ? Me demande Noah.

- Caden. Je sais pas si je suis parano mais j'ai la sensation que dès que je te parle, il est dans les parages.

- Et c'est quelqu'un de sympa ? S'inquiète Lyra.

- Un formateur. Il n'a ni à être sympa ni à être méchant mais... Il a ses moments en fait.

- C'est mon chef si tu préfères. On est trois à former les recrues et Caden chapeaute le tout. C'est sûr que ton escouade est moins avantagée niveau social avec lui mais il a fait ses preuves.

- C'est ton formateur ?

     J'acquiesce de la tête. Bon maintenant c'est confirmé Caden n'est pas vraiment le meilleur formateur soucieux de ses recrues. Lyra a continué de poser des questions sur l'Organisation, sur la formation suivit, sur la vie là-bas... Noah a volontiers répondu, il l'a interrogé à son tour sur ses études, ce qu'elle compte faire pour s'en sortir.L'après-midi est passé à une vitesse folle. Si bien qu'on a décidé d'attendre la débauche de nos parents pour les surprendre. Nous sommes restés dîner avec eux avant de reprendre le chemin de la tour pour ne pas être trop absents et éveiller les soupçons.