Chapitre 41; Part 1

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EILEEN

     Nous regagnons à grands pas la résidence. Les natifs venus aux gares sont déjà arrivés, ceux qui nous poursuivent nous tirent dessus. Putain fait chier. Pourquoi j'ai accepté de donner un coup de main ? Nous avons dû les attirer dans les diverses entrées de métro pour être sûr qu'ils nous voient et surtout qu'ils nous suivent. C'est vraiment l'enfer ici bas. Les habitants ne sont pas tous partis, la grande majorité est sûrement en chemin pour rejoindre le port comme convenu mais il en reste encore. Dans les galeries c'est l'horreur : les natifs tirent dans le tas touchant des habitants. Nous ripostons tant bien que mal en nous dispersant. Je pense que nous avons seulement l'avantage du terrain ici mais sans plus. Je profite de la dispersion générale pour foncer à mon appartement. Je défonce la porte -de toute manière il va partir en fumée- et me précipite vers la cuisine d'où je récupère tous les couteaux qui pourraient me servir ainsi qu'un fusil que je cache sous un faux plancher. Une fois le tout prit je me dirige vers les niveaux inférieurs. Le plan consiste à laisser les prisonniers où ils sont et malheureusement les malades trop sévères, ce qui me dégoûte. On a pas le temps d'aller chercher tout le monde et ça serait trop d'effort sachant que tout sera détruit. Je préfère ne pas y penser pour courir vers la prison. Je sais que Bélem y a été enfermé à cause de ses décisions mais on ne peut pas l'abandonner ici. Surtout pas maintenant. Dans ma course je retombe sur une galerie où les natifs font feu, je me prends quelque chose dans la hanche mais je cours au plus vite pour me mettre à l'abri. Ça fait vraiment mal. Je titube pour m'accroupir quelque part et regarder ça de plus près. Étrange je ne saigne pas. Je relève mon t-shirt et découvre une sorte de pointe, comme une fléchette qui me laisse une belle marque rouge à l'endroit de l'impact. Qu'est-ce que c'est ? Je l'arrache et me remets à courir. Bordel mais qu'est-ce que j'ai ? Ma tête tourne et j'ai du mal à parfaitement voir ou distinguer les choses autour de moi. Je tourne à un endroit puis à un autre mais je crois que je ne dois pas avoir les idées claires : il semblerait que je sois perdue ou en train de tourner en rond. Merde. J'entends des coups de feu autour de moi, des gens courir, d'autres crier. Je m'adosse à un mur, secoue la tête. Il faut que je reprenne mes idées.

     Quelqu'un m'attrape pour me tirer avec lui, je manque de tomber en voulant voir de qui il s'agît. Si l'on me traîne dans les galeries comme ça une chose est sûre : ce n'est pas un natif sinon j'aurai déjà reçu une ou plusieurs balles. J'essaye de bien voir son visage mais je n'y arrive pas, je commence à ne plus voir les côtés de mon champs de vision. J'essaye de bien regarder la personne. Avec cette coupe de cheveux sales et cette longueur je reconnais Born.

- J'y vois rien. Je vois plus les galeries.

- Oui c'est normal, les natifs utilisent des fléchettes tranquillisantes et apparemment certaines d'entre elles peuvent faire perdre la vue. Temporairement ou pas j'en sais rien. Ça va ?

- Me lâche pas je vois plus rien.

     Born me tient la main et me tire à travers les galeries, les tirs persistent à travers les différents niveaux, je me prends des gens, j'ignore totalement où nous sommes. Pourquoi il y a autant de monde ? Je ne sais pas dans quoi je fonce, je ne sais même pas d'où sont tirés les tirs, ni où ils s'impactent. J'espère que l'effet de ces maudites fléchettes ne durent pas longtemps parce qu'on ne doit pas avancer bien vite avec Born.

- Il faut qu'on sorte de là au plus vite, dépêches-toi !

- Laisses-moi le temps de voir. Ho attends on oublie Bélem !

     Je tire son bras pour qu'on ralentisse mais lui aussi me tire de son côté.

- Il doit déjà être parti, on y va ! Les charges ont déjà été posées ça ne va pas tarder !

     Je me résigne à le suivre. Il a raison, Bélem a pas mal de soutiens ici. Soutiens qui l'ont probablement déjà fait sortir. On se dépêche, je pense qu'on a monté d'un niveau, les tirs sont un peu plus lointains. Nous devons remonter vers des stations plus en hauteur que Graftar pour se mettre à l'abri du souffle. Je ne sais même pas quelle est la puissance de ces explosifs mais de ce qu'on a pu entendre des explosions des gares en étant au centre-ville je peux me faire une idée de l'ampleur que peuvent avoir ceux-là.

     J'essaye de voir ce qui m'entoure. Je force sur mes yeux pour les obliger à me rendre l'image. Le fond noir se dissipe mais je ne devine que des formes grossières, tout est flou et encore sombre. Je vois juste le dos de Born mais je ne peux strictement pas savoir où je suis.  

- On y est. A partir de là où est-ce qu'on va ? Me demande-t-il.

- On est où ?

     J'essaye de reconnaître les lieux mais les lumières m'agressent. Elles obstruent totalement mon champ de vision. J'entends toujours les tirs au loin, des gens hurler. Je ne sais pas du tout où est-ce que Born m'a emmené.

- Tu te souviens où est-ce que tu devais te rendre ?

- Oui, oui je m'en souviens.

- Ok eh bien on y est. Après quel chemin tu devais prendre ?

     Au cas où des natifs traînent pas loin, Born évite de me donner notre position. Ok donc normalement on est à la deuxième station après Graftar ce qui veut dire que nous devons nous diriger vers une embouchure pas loin des wagons entreposés là.

- Est-ce que tu vois des wagons ?

- Euh... Ouais il y en a pas mal.

- D'accord, et est-ce que tu vois ceux près d'un mur ?

     J'attends impatiente qu'il me réponde. Dépêche Born.

- C'est bon.

     Il me prend la main pour nous y rendre. Ok donc à partir de là il faut trouver l'embouchure, elle est derrière le sixième wagon, à hauteur d'homme. Je me précipite vers les wagons et commence à compter.

- Dis-moi ce que tu cherches.

- Un accès en hauteur qui mène sur un autre niveau.

- Un accès. Ok, genre un trou ?

- Non un accès, bon cherche... Oui une sorte de trou énorme.

     Je continue mes recherches. Aller mes yeux regardez ! Il me faut la vue ou on va finir mort et par ironie du sort déjà enterré.

- Hé j'ai ! Viens par ici !

     Je suis sa voix en me tenant au wagon. Born m'agrippe et m'aide à monter dessus. Il me hisse dans l'accès avant de s'y glisser aussi. On se remet debout pour trottiner jusqu'à un mur, Born me fait la courte-échelle pour que je puisse atteindre l'ancien poste de maintenance. Le local est complètement à l'abandon, je sais pour y être déjà allée que les vitres sont cassées, qu'il ne reste qu'une chaise et tout un tas de papiers. J'entends Born arriver derrière moi. Avec la pénombre me yeux me font moins mal, je peux distinguer les formes des meubles et repérer la porte.

- Par là. On doit faire environ cinq cents mètres pour atteindre un des postes d'observation. Après quoi on sera près d'un marché à l'ouest. C'est bon pour toi ?

- Tirons-nous de là.



L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant