Chapitre 22; Part 2

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     Une fois l'onde de choc passée, je constate que personne ne bouge. Nous sommes effarés par ce que nous venons d'entendre. La Draperie grouille de monde, des enfants jouent pas loin, des gens circulent de toute part dans les allées. C'est clairement l'heure d'affluence. Nous allons forcément être repérés, jamais on ne sortira vivant d'ici. Ou bien nous devrons utiliser nos armes...

- Qu'est-ce que vous attendez ?

- Il y a beaucoup de monde Caden, on doit vraiment l'abattre maintenant et ici ? On ne peut pas l'emmener ailleurs ?

- Cirkel, ordonne à tes recrues de tirer.

- Recrues. Ouvrez le feu.

     Sa voix est moins assurée que les fois précédentes. Je regarde autour de moi et remarque que Born ne l'a pas quitté des yeux, le natif ne bouge pas d'un poil. Il attend que nous nous exécutions. Je cherche à l'aide de mon fusil les autres natifs. Aucuns d'eux ne prend l'initiative, c'est vraiment un test. C'est à nous de faire le contrat. Je tombe sur Bajra qui secoue négativement la tête. Il articule quelque chose entre ses lèvres mais je ne comprends pas.

- Alors ?

- Euh... J'ai donné l'ordre. Nous allons, ils vont le faire. Recrues exécution !

- T'as vu le monde qu'il y a ? On ne peut pas l'abattre maintenant, on a jamais fait ça devant des gens Cirkel... L'implore Born.

- Bon ça devient long là. Aller, on se décide. Tiens, Ade, pour ton retard c'est toi qui t'y colle. Exécution la marquée !

     Je reprends mon souffle et me décolle de mon fusil.

- Je peux pas. Caden on peut pas tirer, il y a trop de monde !

- Arrêtez avec vos excuses, vous avez fait les contrats jusqu'à présent. Commencez pas à déconner.

     Le natif se rapproche de moi et arque un sourcil en me fixant. Ils ne sont pas là pour nous porter main forte pendant la convalescence de nos amis. Ils sont là pour s'assurer que nous faisons bien le travail. Quelle aubaine pour eux que trois des nôtres soient sur la touche, ils peuvent nous infiltrer pour s'assurer que nous marchons droit. L'exécution du contrat dans la tour était un rappel de notre engagement, aujourd'hui c'est la même chose.

- Je ne peux pas. C'est une marchande, je peux par lui tirer dessus.

- Et alors ? Marchande ou pas qu'est-ce qui t'empêche d'appuyer sur la détente ? Dépêches-toi.

- C'est pas la même chose que les autres contrats !

- Je t'en prie Ade ne tire pas !

     La voix implorante de Bajra me parvient. Je déplace mon objectif pour le voir tapit dans un recoin, me fixant avec de grands yeux.

- Si tu ne veux pas être sanctionnée, appuie sur cette foutue détente !

- S'il-te-plaît Ade, je la connais, ne tire pas !

- Je peux pas Bajra... Je dois... Pourquoi on doit l'éliminer, quelle est la menace ?

     J'essaie de gagner du temps comme je peux. Entre Caden d'un côté qui hurle dans mon oreille et Bajra qui m'implore dans l'autre, je n'ai même pas entendu Cirkel m'ordonner de tirer aussi.

- Vous n'avez pas besoin de savoir, tire simplement.

- Ade réfléchit, c'est une marchande, c'est quelqu'un comme nous. On ne peut pas la tuer !

- Je sais, mais je... J'ai Caden de l'autre côté.

- Bon Ade, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Magnes-toi !

- Ade, je t'en supplie. Je t'implore de ne pas tirer. Par pitié.

- Bajra... Je peux pas...

     Je vise son tronc et actionne la détente. La détonation fait siffler mes oreilles. Le corps de la femme s'écroule au sol, elle emporte avec elle un pan de son étalage. Les gens se mettent à l'abri, tout le monde court dans tous les sens, c'est la cohue sous la verrière. Je ne retire pas mes yeux de la lunette, je suis comme happée.Quelqu'un me tire pour lever le camp. En me tournant, je trouve Born, haletant, à couvert. Cirkel et le natif ramassent le matériel. Nous dévalons les escaliers à toute jambe pour rejoindre les autres. Nous évitons la Draperie pour passer derrière le marché. La foule ne met pas une minute à quitter la Draperie dans la peur et l'incompréhension totale. Mes oreilles bourdonnent, je n'entends que les battements de mon cœur. J'espère secrètement avoir simplement blessée cette pauvre dame sans avoir était celle qui a mit fin à ses jours. C'est bizarre, les autres contrats ne m'affectaient pas autant. Bien sûr j'étais et je suis toujours déconcertée par ce que j'ai fait. J'ai ôté la vie à des personnes, certes pas irréprochables, mais des personnes quand même. Sûrement avec une famille, une maison, toute une vie derrière eux. Mais je me déculpabilisais en pensant qu'ils étaient mauvais et qu'on me forçait à faire ce qui était juste. En fait il y a très peu de bonnes personnes, et je ne fais clairement pas partie d'elles.

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant