J'entends le clic de la porte de l'immeuble résonner, elle arrive. Je me détache de Aiden avec hantise, l'air se ratifie autour de moi et ma colère envahie peu à peu tout mon être.
L'odeur de fraise que Camille dégage m'arrive aux narines dès qu'elle pénètre dans l'appartement, à m'en donner la nausée. Et la voir se ruer sur lui ne fait qu'accroître mes sens une fois de plus.
La jalousie que j'avais enfouie se refait docilement un chemin dans ma tête, et c'est mon estomac qui se soulève quand leur langue se rencontre juste à côté de moi. Mes pensées divaguent complètement, je sais que ce soir il va la baiser, je me demande encore une fois quel foutu choix j'ai fait. Je vois déjà Léo m'expliquer que si ce choix s'est imposé à moi, ce n'est sûrement pas pour rien. Je vais lui rétorquer qu'elle n'y connaît rien avec ces 12 ex qu'elle n'a jamais réussi à lâcher alors qu'elle a certainement raison. Camille coupe le fil de mes pensées pour me demander comment c'est passé le week-end. Plusieurs réponses me viennent en tête et je sens le regard inquiet de Aiden sur moi. Baltringue ! Je pourrais lui dire que son mec m'a baisé dans à peu près toutes les pièces de l'appartement, en me disant que mon cul était meilleur que le sien mais je me retiens et lui rétorque simplement que c'était calme. Avant d'atteindre la limite de ce que je peux endurer de démonstration d'hypocrisie d'amour je pars dans ma chambre en prétextant, je me cite " Je vous laisse en amoureux " ! Une phrase n'a jamais été aussi dure à sortir de ma bouche, et surtout sonné aussi fausse. Si je reste dans l'appartement je vais exploser, et il est hors de question, que Camille ou Aiden se rendent compte de mon état, et encore moins d'entendre leurs ébats de retrouvailles. Sans réfléchir j'enfile un jogging et sors en trombe de ma chambre. Lorsque je traverse le salon les amoureux sont recroquevillés dans le canapé, sans un mot je récupère mon sac et quitte l'appartement. Aiden ne fait que respecter les clauses de notre contrat, et pourtant je suis en colère contre lui. En colère qu'il m'ait proposé ça, qu'il est tout fait pour qu'on aille plus loin, qu'il ne se soit pas battu pour que je change d'avis. Putain c'est quoi ses pensées de loveuse acharnée la ? Je suis en colère pour un choix qui est le mien, Lia tu es une sacrée idiote ! Quand je m'engage sur l'autoroute, je n'ai aucune idée d'où je vais, et surtout pourquoi. Je sais juste que rouler sans réfléchir ne pourra que me soulager de ma colère. Je monte le son, laisse la musique me pénétrer et lâche mes larmes haineuses, pour lui, contre moi.
- Lia dis-moi ce qu'il se passe ? Ou es-tu ?
Sa voix résonne dans les haut-parleurs de ma voiture et l'inquiétude que je ressens dans la voix de Léo, m'indique que mon propre état doit être alarmant.
Entre le rire et les larmes je lui explique :
- À 200 bornes de la maison.
- Quoi ?
- J'avais besoin de réfléchir et de me calmer, avant de péter un plomb. J'ai roulé pendant deux heures et je me suis dit qu'il serait plus raisonnable de t'appeler.
- Tu aurais pu penser à être raisonnable ici, et pas à 200 km ! Déballe l'épisode que j'ai loupé !
- Tu vas me tuer, et je vais te mettre dans une position que tu ne vas pas du tout, du tout aimer...
- Je t'aiderais à cacher un cadavre s'il le fallait, alors déballe !
Cacher un cadavre et partir au Mexique, c'est notre plan au cas où tout bascule un jour pour nous. Mais pour l'heure je me lance dans le récit de ce dernier mois. Je vais dans les moindres détails, je n'épargne rien à Léo. Jamais. C'est une partie de moi, et j'ai besoin qu'elle comprenne clairement mon choix, mes interrogations et mon mal-être. Les larmes coulent, entremêlé a des rires selon les situations pittoresques que je lui raconte. Une fois mise totalement à nue, j'attends qu'elle prenne la parole. Je sais que de l'autre côté du téléphone elle cherche les mots exacts pour me mettre sur la bonne voie. En commençant par son petit ton moralisateur, qui ne prend pas vraiment avec moi.
- Je t'avais prévenu Lili...
- Je sais. Mais je ne regrette rien.
- Alors assume, bouge ton cul et retourne à la coloc.
- Je n'en suis pas capable, c'est trop tôt.
- Arrête de faire ta fiotte tu veux ! Je ne connais pas de fille plus forte et orgueilleuse que toi ! Tu n'as pas voulu qu'il la quitte, alors assume et rentre dans le tas !
Ces mots sont durs, francs et limite grossier par moments mais elle arrive à me rebouter et me voilà repartit sur la route, direction l'appartement. De toute façon je ne comptais pas dormir dans ma voiture, et la nuit tombant de bonne heure je commence à flipper d'être loin de chez moi. L'entendre m'avoir dit ce que mon cerveau savait mais refusait de s'avouer est tout ce qu'il me fallait. Je remets la musique à fond, mais cette fois plus une larme ne coule.
Arrivé devant la porte de l'immeuble, je mets plusieurs secondes à me décider à rentrer. La montée des escaliers est comme l'entrée sur un ring de boxe. J'y vais sur de moi, je ne ferais plus machine arrière. C'est aussi chez moi. J'aurai aimé demandé à Léo de passer la nuit chez elle, mais le ton sur lequel elle m'a lancé son " Alors assume " m'ouvre une porte, et je dois foncer, je vais assumer mon choix. Aussi con soit-il. Quand je me faufile dans la coloc il est déjà 23 h 00. L'appartement est plongé dans le noir, sans un bruit je me dirige dans ma chambre. Je n'ai pas la force de me changer alors je me glisse dans mon lit et sors mon portable. Juste une fois. Je veux la voir juste une fois. Sans attendre les directives de mon cerveau mes doigts ouvrent les photos. Revoir son sourire, dans mon cou. La photo est sublime et reflète parfaitement le moment passé avec lui. Une partie de moi aimerait l'avoir en fond d'écran afin de le contempler jour et nuit et l'autre partie se moque vulgairement de la première. Tu m'étonnes ! Depuis quand je fais dans le romantisme, être piqué peut rendre vulnérable le plus fort des êtres. J'entends la porte de ma chambre s'ouvrir doucement, instinctivement je planque mon portable sous mon oreiller et ferme les yeux. Son poids affaisse le matelas et la chaleur de son corps réchauffe instantanément le mien.
- Tu m'as manqué petit cul, ne pars plus jamais sans donner d'explication.
Sa voix, et l'ordre qu'il me fait m'excitent et me rassurent. Le tout m'arrache un délicieux frisson. Je reste la muette contre lui.
- Je sais que je t'ai manqué même si tu es trop buté pour le reconnaître.
Sa réflexion me fait sourire, quel adorable idiot. Il me retourne et m'embrasse tendrement. Fatigué de toutes ses nuances d'émotion, je laisse tomber les barrières, au moins pour ce soir. Et me love dans ses bras. Je suis réveillée quelques minutes plus tard, par le froid qui me confère l'absence de ses bras. J'attrape mon portable pour regarder l'heure et reste sans voix devant mon fond d'écran. C'est nous, et ce n'est pas moi qui l'ai mis.
Assume. Assume. Assume. Assume. Assume. Assume. Assume. Assume.
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Sunrise { Terminé }
Romance" Elle disparaissait toujours brutalement. Elle faisait claquer les coeurs en claquant les portes. Cette fille là, c'était un mirage que personne n'oubliait. " Pendant qu'elle résistait, il lui livrait ses aveux sur un plateau d'argent, posés la, n...