Chapitre 9 : Tatouages

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Média : via pinterest (la chambre de Sam)
Musique de fond : Mercy, Muse
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« Qu'est-ce que tu fous ici ? »

      Amabilité, bonjour ! Je souris hypocritement au Viking.

« Détends-toi, Samuel. Je viens dans ton intérêt, après, c'est comme tu veux.
— C'est Sam, pas Samuel.
— Je m'en fiche un peu, tu sais. Comme t'as séché ton dernier cours de natation, j'ai des documents que Noah a reçu pour toi. Et comme ton ami est flemmard et manipulateur, il m'a offert une place de ciné en échange de ce petit service. »

      Je soupirai : « Il m'a prise par les sentiments, que veux-tu ! Je suis à court d'argent de poche, alors je profite de toutes les occasions, même si ça signifie devoir te voir, toi. »

      Il haussa un sourcil.

« Hé, et moi ? Ma rémunération pour te supporter, elle est où ?
— Ah ça, cher ami, il faudra s'en plaindre à l'expéditeur. Je ne suis que la messagère ! » m'exclamai-je allègrement.

      J'étais curieusement de bonne humeur de le voir. Je profitai du silence du blond pour extraire de mon sac et plaquer sur son torse le paquet de feuilles que Noah m'avait donné à son intention.

« C'est quoi tout ce bordel ? demanda Sam, perplexe.
— Des conneries administratives pour vos compétitions, je crois. Enfin je crois. Lis, tu verras bien. »

      Il ne m'écoutait déjà plus. Les sourcils froncés, il parcourait le premier document de la pile. J'en profitai pour aller admirer son piano de plus près. Il était vraiment magnifique. Il avait dû coûter un bras, pour rester polie. En même temps, ses parents ne semblaient pas particulièrement pauvres.

      J'effleurai délicatement les touches du clavier et une musique vint me hanter. Light of the seven, de la série Game of Thrones. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je parvins à les empêcher de couler. C'était la musique de la période où je le voyais encore.

      Je pensai subitement à la proposition que Sam nous avait faite. Je ne voulais pas passer pour une profiteuse, mais j'avais vraiment besoin d'un court instant qui me ferait l'oublier.

« Sam ? Du coup, pour ce weekend, ce serait bon ?
— Hein ? Qu- ah, ouais, c'est bon, j'ai demandé à ma mère, ils partent vraiment et elle est d'accord pour que j'invite des amis. Mais comme tu peux l'imaginer, avec son éducation de bourge', elle ne veut que je voie que des gars.
— Ha ! Ben elle a dû apprécier tes tatouages, alors. Sérieux, moi je fais ça, ma mère me décapite. Je croyais qu'ils étaient plutôt laxistes, tes parents, vu ton attitude et ton vocabulaire pseudo-rebelle. »

      Son visage s'éclaira d'un sourire goguenard.

« C'est qu'elle a de la répartie, la p'tite Alice. Effectivement, elle a adoré. Tout le monde n'est pas mademoiselle parfaite, n'est-ce pas ? Il se trouve que je dispose de mon corps à ma façon, et que si cela ne leur plaît pas d'avoir un fils plus beau que Leo DiCaprio, j'estime que c'est tant pis pour eux. Je suis majeur et vacciné. »

      Je ris.

« Il y a tellement de modestie en toi, Sam. Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas t'évanouir en te regardant dans le miroir le matin comme s'évanouissent les fans de Justin Bieber en le voyant.
— Franchement, je me le demande aussi si ça peut te rassurer.
— T'es fantastique, toi », déplorai-je en secouant la tête.

      Je repris plus sérieusement :
« Je voudrais me faire tatouer, moi aussi.
— Et pourquoi ça ? Tu veux agir comme le "pseudo-rebelle" que je suis ?
— Bien sûr que non. Je ne veux pas me tatouer parce que c'est à la mode et que ça représenterait une rebellion à l'encontre de l'autorité parentale. Non.. pour moi, un tatouage doit signifier quelque chose. Je suis bien d'accord qu'il y a un côté esthétique au truc, mais ça doit parler de toi ! De ce que tu es, de ce que tu as été, de ce qui fait ton identité profonde... »

      Sam s'assit sur son lit.

« Mais tu serais donc prête à exposer une partie de toi à la vue de tous ?
— Je peux me faire tatouer dans des endroits peu visibles. Et de toute façon, je voudrais un tatouage discret, rien qu'un petit symbole qui résumerait une partie de ce que je suis.
— Hum. Je vois. Mais ton copain le verrait de toute façon.
— J'ai pas de copain, Sam. Et puis c'est quoi ces allusions salaces ? »

      Je levai les yeux au ciel en souriant et il éclata de rire.

« Non, plus sérieusement, reprit-il, je te suis totalement sur ce sujet. Je comprends ce que tu veux dire. Si je suis beaucoup tatoué, c'est aussi parce que je l'ai fait dans ma période de quête d'identité. »

Il passa une main dans ses cheveux.

« Je crois vraiment qu'on est des êtres trop complexes pour pouvoir se résumer. J'ai essayé d'appréhender au maximum ma vraie nature, tu vois. Et quelque part, en plus de marquer ce que j'ai été et ce que je suis toujours pour certains tatouages, au travers des dessins que l'encre fait sous ma peau, je définis une autre partie de moi : celle qui fait que je me cherche toujours. »

      Je fus une fois de plus surprise de sa tendance à passer d'une connerie sans pareille à un sérieux inébranlable.

« Est-ce que tu crois qu'on va se trouver un jour, Sam ?
— Est-ce que tu crois que je ne me suis pas posé cette question des milliards de fois sans jamais en trouver la réponse ? lâcha-t-il d'un air las. Sincèrement, je ne sais pas. »

     Je vis son regard se perdre vers les touches de son piano, comme si la musique lui permettait de tout redécouvrir sous un autre angle.

      Dans un haussement d'épaules, il repris une contenance.

« Pour en revenir à nos moutons, comme je te le disais, ma mère ne veut pas que des filles viennent chez moi. Donc ne ramène pas toutes tes meilleures amies hystériques.
— Oh ! rêverais-je ou le beau Sam m'autorise à venir squatter sa demeure ? Finalement j'aime bien ton côté rebelle, je retire ce que j'ai dit tout à l'heure.
— Hahaha, mais c'est seulement parce que je sais que Noah sera là pour te surveiller. C'est ma petite vengeance pour aujourd'hui.
— Écoute, je pense que ça ne nous dérangera pas plus que ça ni l'un ni l'autre, ajoutai-je en souriant.
— Je trouverai une manière de vous embêter », m'assura-t-il d'un air confiant.

       Je haussai les sourcils.

ALICE ET CE SALOPARD DE CUPIDONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant