Chapitre 26 : Princesse Disney

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Média : via tumblr → la main de Sam
Musique de fond : Love you like a love song, Selena Gomez
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« Est-ce que tu m'aimes vraiment ? » j'osai enfin lancer.

Sam me regarda longuement en semblant réfléchir à la réponse appropriée.

« Tu sais que si ça ne venait pas de toi, je me serais sincèrement vexé ? Alice, 'faut vraiment que tu comprennes que t'as beau ne pas t'aimer du tout, certaines personnes t'aiment viscéralement, et tu pourras rien faire contre ça. Pour faire ça clair, je t'apprécie, ok ? Et plus que ça, même. Alors arrête de t'inquiéter et profite de ma beauté. »

À la fin de sa phrase, je me doutais que l'habituel sourire narquois était venu éclairer son visage d'ange, je l'avais pressenti dans sa voix.
Je ris, soulagée. Je sentis presque un poids s'envoler de ma poitrine. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point cette angoisse d'être abandonnée me pesait. C'était sans doute à cause de celui qui n'avait jamais été là pour moi.

J'avais besoin d'attaches solides pour ne pas m'éparpiller aux quatre coins du globe. Si je n'étais pas assez pour retenir Sam comme je n'avais pas été assez pour retenir mon père - et ce, avant même qu'il apprenne à me connaître - ni pour retenir Léandre et Victor, alors je savais que le peu que j'avais réussi à reconstruire partirait en fumée ; je ne résisterais pas à un départ de plus.

Et si l'amour est fait de hasard, alors le seul que je ne voulais pas connaître était celui d'un futur incertain où il pourrait me jeter comme une vulgaire paire de chaussettes, trouée par le surplus d'émotions qui m'emplissait.

« Sam ?
- Ouais ? » il demanda.

J'attendis quelques instants, profitant de la légère caresse du soleil sur nos corps étendus, et je déclarai d'une voix calme :

« Je t'aime. »

C'était sorti naturellement. Tellement naturellement que même ma pudeur habituelle ne vint pas rosir mes joues. Je sentais l'odeur de sa lessive mêlée à son parfum et à son odeur me monter aux narines, et sans même rouvrir les paupières, closes depuis la fin de son morceau, je sentis un désir inexorable monter en moi.

J'avais envie de goûter sa peau et de m'imprégner de son odeur, j'avais envie de toucher des doigts son corps et en même temps le rêve qui me tendait les bras, j'avais envie de sentir ses mains agripper mon visage et ses lèvres toucher les miennes.

Un murmure rompit le court silence qui avait suivi ma déclaration.

« Moi aussi. »

J'ouvris grand les yeux en clignant des paupières plusieurs fois pour me réhabituer à la luminosité qui coulait à flots dans la pièce et je me redressai. Je posai enfin mon regard sur Sam. Il était toujours allongé, le visage paisible, les yeux clos, un léger sourire creusant sa fossette droite.

J'avais terriblement envie de plonger sur ses lèvres, et je m'en fichais si j'échangeais les rôles et que je devenais le prince et que Sam était Aurore dans La Belle au bois dormant, et je pensai avec humour qu'il ne fallait surtout pas que je le dise à voix haute parce qu'il se vexerait d'être comparé à une princesse Disney, mais encore une fois je me fichais de ce qu'on pouvait attendre de moi ou de lui puisque je l'aimais et qu'il m'aimait et que j'avais le droit de l'embrasser, moi, pour une fois.

Alors je fis exactement ce que m'ordonnait mon cœur et m'interdisait ma conscience ; je me penchai sur Sam, chatouillant sans doute son cou avec mes cheveux, et je l'embrassai à pleine bouche, emplie d'un feu si ardent que seule la froideur d'un certain individu nommé Sam et dont les lèvres se trouvaient sous les miennes aurait pu me refroidir. Mais il n'était pas froid, au contraire ; il attrapa fermement ma nuque et me colla à lui, et je sentis que lui aussi avait soif d'amour.

Plus rien n'avait de sens, sinon cette réalité brûlante qui me semblait irréelle tant elle était idyllique, et avoir les yeux fermés était sans doute la meilleure chose que je pouvais faire, parce que chaque fois qu'une parcelle de sa peau frôlait la mienne, un frisson remontait toute ma colonne vertébrale, m'éléctrisant à un tel point que je crus mourir d'une crise cardiaque une bonne cinquantaine de fois, ce jour-là.

Je savais que le bonheur n'est que prêté et que pour chaque seconde de joie il faudrait payer des litres de pleurs, alors je décidai que quitte à souffrir d'avoir vendu mon âme au diable, autant en profiter pleinement.

Les lèvres de Sam traçaient un parcours du combattant de ma bouche à la naissance de mon cou, et chaque fois qu'elles embrassaient un autre endroit de ma peau, je croyais défaillir tant les émotions que je ressentais me submergeaient.

À ce moment-là, j'aurais pu être comparée au Titanic, si un auteur s'était emparé de mon histoire pour la romancer. Il aurait dit que tous les sentiments qui m'emplissaient prenaient le dessus sur ma raison, et que j'avais beau paraître sans failles, il suffisait d'un glacier pour me couler. Ce glacier, c'était la bouche de Sam, curieusement gelée au point que j'aie l'impression qu'elle laissait autant de traces sur mon corps brûlant que si j'avais été marquée au fer.

Et curieusement, j'avais envie qu'il reste des traces sur mon corps de ses baisers passionnés, pour toujours me souvenir de cette après-midi de mai durant laquelle j'avais plongé dans un espace-temps parallèle où n'existait plus qu'une envie : celle d'aimer à jamais.

Lorsque ses baisers vinrent s'échouer tout le long de ma clavicule, je poussai un soupir.

« Sam ? Arrête...
- Pourquoi ? »

Il haletait. Moi aussi. La proximité de nos deux corps fiévreux faisaient de nous des morceaux d'humains en fusion.

« Parce que je ne saurai pas repartir si tu continues. », je chuchotai fébrilement.

Je tentai de calmer les battements de mon cœur et de desserrer notre étreinte, parce qu'il aurait suffit qu'il m'effleure encore de l'une de ses mains d'homme et je me serais embrasée telle une feuille de papier au contact de la flamme d'un briquet.

Il attrapa ma main et passa ses doigts entre les miens. Je décédai dans la seconde. Je m'apprêtai à protester à contre-cœur, seulement, Sam se fichait de tous mes efforts pour tenter de m'extraire de ses bras. Du moins, c'est ce que je compris de son étreinte qui se resserrait et de sa réponse.

« Et si je ne veux pas que tu partes ? »

ALICE ET CE SALOPARD DE CUPIDONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant