Chapitre 15 : La nouvelle

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Média : via we ♡ it
Musique de fond : Kalki, E. S. Posthumus
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« C'est une blague, j'espère », je dis d'une voix que je m'efforçai de garder calme.

Mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine et je n'avais plus qu'une envie : envoyer ma main dans son visage d'ange qu'une larme dévalait. Je n'avais jamais eu aussi mal. Mon cœur me hurlait d'y planter un couteau. Et la seule chose que je voulais, après l'avoir giflé, c'était de me recroqueviller sur moi-même pour mourir.

Il secoua la tête en signe de dénégation et baissa les yeux. Je ne pus supporter plus longtemps d'être en sa présence. Ma bouche essaya de former des mots, mais ma douleur était telle que je n'arrivai pas à former ma phrase totalement.

« ... plus jamais. »

Je levai la main, poussée brusquement par une fureur telle que mes membres en tremblaient, mais je l'arrêtai juste avant d'atteindre sa joue, retenue par l'affection que je continuais à lui porter. J'aurais aimé le détester comme j'aurais aimé détester Victor.

Mais je ne pouvais pas.

Je fis volte-face et enfin, je lâchai prise. Je sentais le reste de mon cœur détruit battre avec plus d'ardeur que jamais à ma tempe et les larmes qui coulèrent dans ma bouche se mêlèrent à l'amertume et à l'étrange sentiment de trahison qui m'envahissait.

J'entendis au loin la voix de Noah qui criait mon prénom, mais je l'ignorai.
Je me précipitai vers les toilettes des filles pour chasser mes pleurs à grands coups d'eau sur le visage.

Les quatre heures de cours qui suivirent passèrent comme dans un cauchemar. Je sentais mes yeux se remplir de larmes à chaque fois que je les ouvrais.

Plusieurs personnes me demandèrent ce qui n'allait pas, mais leurs voix me parvinrent comme si un écho de plusieurs kilomètres nous séparait. Je leur dis que j'allais bien, même si je savais que mes yeux rouges me trahissaient. Mes professeurs me jetèrent des coups d'œil inquiets mais ne dirent rien.

L'envie furieuse d'empoigner ma veste, mon sac, et de sortir en trombe de la classe m'occupa l'esprit pendant les trois quarts du temps que j'y passai. Le quart de temps qu'il restait, mon cerveau était tout simplement trop choqué pour pouvoir réfléchir à un échappatoire.

***

Arrivée à la maison, je laissai les pleurs me submerger. Je ne sais combien de temps je restai là, prostrée, dans mon pauvre lit qui n'avait jamais du boire autant de larmes de toute sa vie.

Je me forçai à me lever, et je me dirigeai comme un zombie en direction de mon canapé. J'allumai la télé et mis en route une saison de Downton Abbey. Celle où Sybille meurt. Ma mère avait du prendre l'option "cerveau masochiste" quand elle m'avait créée, parce que quand j'étais dévastée, je ne regardais, n'écoutais et ne lisais que des choses déprimantes.

Je me remis à pleurer avant même qu'elle ne perde la vie, mais je continuai à regarder la série. Elle me distrayait au moins un peu.

J'étais seule mais je murmurai :
« Putain. Putain. Noah. Putain. Je te déteste. »

Parfois, les cris ne suffisent même plus à exprimer la colère. J'avais envie de mourir.
Je savais pertinemment qu'il ne pourrait pas m'entendre, mais parler à haute me permettait de me débarrasser d'une partie de la rage qui ne cessait de croître en moi.

Je pensais que ma vie ne pouvait pas être plus pourrie : le mec que j'aimais était parti loin et pour toujours, et le seul mec qui pouvait potentiellement me le faire oublier était en couple.
Ce qui était déjà pas mal, quand on y pense.

Mais non. Non. Ça n'était pas assez. Il fallait que cette chieuse de vie m'enfonce un peu plus. Parce que ce n'était pas assez drôle.
Il fallait, par exemple, que j'apprenne que mon meilleur ami était bisexuel (ce qui, en soi, ne me posait pas de problème).

Le problème était ailleurs. C'était sans doute, je ne sais pas pourquoi, vraiment, mais c'était peut-être le fait qu'il soit en couple avec Victor.

« Je te déteste. Je te déteste ! T'es qu'un mythomane. Putain, et dire que je t'ai cru quand tu me "réconfortais"..! »

Ma voix prit des intonations méprisantes même si je parlais aux murs.
Je n'arrivais pas à croire qu'il ne me l'ait pas dit avant. C'était sans doute ce qui me blessait le plus. Avec le fait qu'il ait oublié de me dire qu'il l'aimait lui aussi.

Je me sentais trahie, souillée, détruite. Mon téléphone ne cessait de vibrer. Noah n'arrêtait pas de m'envoyer des messages.
Je n'avais même pas envie de les lire. Je savais qu'il s'excusait. Mais je me fichais de ses excuses. Il m'avait brisée. Il n'y avait plus rien à dire. Il n'existait pas de mot qui aurait pu refermer la plaie béante qui venait de rouvrir mon cœur.

Je savais que je lui pardonnerais. Mais je savais aussi que je n'oublierais pas. Et je savais que ça changerait tout. J'éteignis mon téléphone, je ne voulais plus penser à lui, ni à Vic, ni à rien d'autre.

Je tombai dans mon lit sans prendre la peine de manger. J'essayai pendant plusieurs heures de m'endormir, et quand je me rendis compte que je n'y arriverais pas, j'allumai mon ancien Mp4 puisque je n'avais pas l'intention d'utiliser mon téléphone et d'être harcelée, et j'écoutai de la musique à fond pendant le reste de la nuit.

Le lendemain, comme je n'avais aucune envie de retourner en cours et surtout pas de revoir Noah, je dis à ma mère que je me sentais mal. Elle ne m'aurait jamais autorisée à sécher, mais j'avais de la fièvre et elle me crut.

Lorqu'elle partit, je récupérai dans le meuble du salon la bouteille de whisky qu'elle avait ramené de son voyage en Écosse, et j'en engloutis une bonne partie, cherchant à tout prix une ivresse qui me ferait tout oublier.

Je finis par sombrer sur le canapé, avec la phrase "Le plus triste dans la trahison, c'est que ça ne vient jamais de vos ennemis" qui résonnait en moi.

***
NdA : Ça va, vous ne me considérez pas trop comme une tortionnaire ? ;p

ALICE ET CE SALOPARD DE CUPIDONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant