Chapitre 31 : Visage blanc comme le cul d'Alix

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Média : via tumblr → Alice
Musique de fond : Everybody Hurts, Avril Lavigne
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Je vis Sam serrer les dents ; les dessins de sa mâchoire carrée ressortirent encore plus coupants de la modification de son expression. Ses yeux brillaient de colère et ses poings se formèrent avec tant de hargne que ses doigts devinrent blancs.

Il me fallut seulement quelques fractions de secondes pour reprendre mes esprits et repousser violemment Léandre, mais le mal était fait. Sam, les yeux maintenant fermés, se balançait d'avant en arrière sur ses talons, et je pensai qu'il devait hésiter entre venir nous casser la gueule ou se barrer avant de tout péter.

Moi-même, je ne savais que faire. Alors je me tins là, immobile, à attendre qu'une météorite vienne nous tuer et faire taire ce silence dans une explosion digne d'un film d'Hollywood. Je sentais mes mains qui tremblaient, de tristesse, de rage peut-être. J'avais envie de frapper Léandre, de lui dire que non mais oh, il se prenait pour qui, que je n'étais pas une poupée et encore moins la sienne, mais je n'en trouvai pas la force.

Je vis Sam avancer vers nous, en semblant mesurer la distance de chacun de ses pas, régulant l'expression de son visage jusqu'à ce qu'il n'affiche plus rien, mais ses yeux le trahissaient. Il s'arrêta à une enjambée de nous, toujours silencieux. J'aperçus une veine sur son front battre furieusement, un autre signe de sa colère bouillonnante qu'il tentait de dissimuler.

Alors que nous étions tous les trois figés, à sembler attendre un signe divin pour enfin exploser, Léandre rit. Ce fut le signe que nous attendions. Ce dernier tenta de s'approcher de moi à nouveau. Et je ne sais qui de nous deux réagit le plus rapidement, mais Sam et moi nous précipitâmes. Ma main droite claqua avec tant d'ardeur la joue du garçon que j'avais aimé que tout son visage partit dans le même sens, et Sam le prit au col.

Il le porta jusqu'à le plaquer au mur, et je sentis qu'il était près de l'implosion.

« SAM ! », je hurlai comme je n'avais jamais hurlé.

Je courus le plus vite possible vers les deux garçons. Léandre, qui n'était pas un poids plume, venait d'empoigner les cheveux de celui que j'aimais, et tentait de lui éclater le crâne contre le mur. Sam retorqua par un coup de coude dans les bijoux de famille, ce qui fit tomber Léandre à terre. J'en profitai pour tirer Sam par le bras. Mais je n'avais aucune force, et la colère démultipliait la sienne.

« Sam.. » implorai-je cette fois, la voix brisée.

Il se dégagea brusquement. Il attrapa une bouteille posée sur la table de jardin à côté de lui, et la balança par terre en criant :

« PUTAIN ! »

Je me rapprochai de lui. Peu importe la violence qui régnait dans ses yeux, je devais lui parler, je devais lui expliquer, je devais lui faire comprendre que je n'avais pas voulu de ce baiser, qu'il n'y avait que lui, et seulement ses baisers à lui que je voulais, que Léandre était un connard sans cœur qui aimait jouer avec les filles qu'il considérait comme siennes, qu'il n'était plus rien pour moi, et que jamais je ne pourrais faire quelque chose comme embrasser quelqu'un que je n'aimais pas.

« Sam, je voulais pas, je te jure, je voulais p -
- Arrête Alice, PUTAIN ! TU CROIS PAS QUE C'EST ASSEZ DUR COMME ÇA ? »

Les larmes me montèrent aux yeux et je ne sus plus quoi faire, alors, impuissante, je regardai Sam regagner le salon et jeter un dernier regard haineux à l'intention de Léandre qui affichait un rictus de douleur, prostré au sol, et une larme que je ne pus retenir dévala mon visage. Ce ne fut qu'à ce moment là que je réalisai que nous n'étions plus seuls, parce que Noah venait de m'entourer de ses bras. Je me réfugiai dans son odeur comme j'en avais l'habitude avant l'épisode Victor, et les larmes continuèrent à couler, mais ses bras autour de moi étaient un barrage contre le monde extérieur et je pus enfin me briser totalement.

Je sentais que l'ambiance était hostile, et j'essayai de me convaincre que les bras de Noah étaient une muraille suffisante pour empêcher ces émotions ennemies de pénétrer ma bulle de tristesse mêlée à une colère sans fin. J'avais mal à la main à cause de la claque que j'avais donnée à Léandre, et j'espérai très profondément que ce salaud souffrait aussi.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé, darlin' ? » demanda doucement Noah à mon oreille.

« Je veux pas en parler. »

Ma voix trembla malgré moi.

« Je viens ce soir. Je me fiche de ce que tu vas dire, ok ? T'as pas le choix. T'as besoin de moi. Et essaye pas de me dire le contraire. »

Comme il avait raison, et que de toute façon, il ne servait à rien d'argumenter avec Noah, je ne dis rien. Il me raccompagna à la maison, et il négocia avec ma mère pour rester. Elle me jeta un regard surpris, parce qu'elle avait conscience de notre froid, mais ne dit rien. Elle avait dû voir mon visage, qui d'après les dires d'Alix, était blanc comme son cul (qui serait plus blanc que blanc).

Nous montâmes, et pour une fois, Noah resta avec moi. Nous ne parlâmes pas. Nous ne fîmes que de nous tenir dans une étreinte rassurante le reste de la nuit, sans dormir. Vers quatre heures du matin, ce fut moi qui parlai, entamant un silence devenu trop lourd à supporter.

« Il m'a embrassée, ce salopard. J'y crois pas. Il m'a embrassée. Tu réalises ce que ça veut dire ? Devant Sam. Il doit me prendre pour une pute. »

Noah releva ma tête et essuya les larmes qui la dévalaient en silence.

« Il suffit de lui expliquer que ce n'était pas toi.
- Comme si c'était simple. Est-ce qu'il va me croire, Sam, tu penses ? Je veux dire, moi, ce baiser, je le voulais pas du tout ! Et s'il croit que c'est moi qui l'ai embrassé ? Léandre est prêt à tout pour me faire souffrir, il ne dira jamais que c'est lui qui m'a embrassé !
- Alors ne dis rien. Ça peut paraître niais, mais ça se voit dans les yeux des gens, s'ils sont honnêtes ou pas. Tu l'es. Ça saute aux yeux, justement. »

ALICE ET CE SALOPARD DE CUPIDONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant