Chapitre 9

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Les jours qui suivirent, je passai plus de temps en compagnie avec Harry que seul, ce qui était un exploit si l'on prenait en compte mon attitude solitaire habituelle. Pourtant, je ne me lassais en aucun cas de sa présence; en réalité, j'avais la très nette impression que mes membres et mes sentiments se déchiraient lorsque qu'il était avec ses autres amis ou dans son dortoir. Nous nous retrouvions à la bibliothèque, ou bien dans ma chambre durant les heures où les autres Serpentards vaquaient à leurs occupations. Les cours se finissant tôt, le temps libre ne nous manquait pas. L'atmosphère entre nous était perpétuellement électrique, comme si le ciel et les enfers avaient souhaité que nous soyons l'un avec l'autre envers et contre tout. Néanmoins, nous trouvâmes le self-contrôle et le sérieux nécessaires pour réfléchir à nos péripéties. De toute évidence, arriverait un moment où nous serions contraints d'agir avec un sorcier plus puissant que nous, en l'occurence un adulte. Rogue? Harry était trop réticent. Les autres professeurs ne nous semblaient être d'aucune utilité. Restait Dumbledore, mais l'ampleur de notre histoire n'était probablement pas assez grande pour troubler la sérénité de notre directeur. Nous stagnions.
Le sixième après-midi, tandis que nous marchions entre les remparts (presque) protecteurs de l'école, Harry s'assit sur le bord du mur, les jambes dans le vide, et m'annonça sans prévenir:
"Fuir, Drago: la voilà la solution. Si nous fuyons, nous serons libres et nous réglerons le problème avec le Ministère, ou des personnes influentes de notre monde."
Mon air hébété ne sembla pas le dissuader de sa théorie plus que douteuse.
"Mais enfin, c'est totalement inconsidéré. Imagine que nous nous perdions, ou que nos familles apprennent notre fugue, nous serions renvoyés de Poudlard Harry!...
-Nous avons beaucoup à perdre, mais mon oncle et ma tante me méprisent autant que possible et ton père veut faire de toi un Mangemort cruel et inhumain. Laquelle de ces perspectives te semble la plus envisageable? Tenter de nous préserver, et je ne parle pas seulement de toi et moi, je sous-entends aussi Nous; ou bien nous livrer comme le ferait des lâches et renier nos propres natures? Je t'aime, Drago Malefoy, et ton nom n'est rien. Ni une partie de ton corps, ni un fragment de ton âme. Alors choisis tant que tu le peux encore. Je t'en prie Mon ange."
Dans sa voix, les choses paraissaient si optimistes. L'amour que je lui portais se manifestait dans mes réactions, mon incapacité à lui résister. Il était si bienveillant, si attentionné. Mon imprégnation et mon dévouement envers lui s'accentuaient d'heure en heure. D'un ton doux bien qu'un peu tremblant, je renouai le dialogue:
"Oui, nous pourrions partir aussi loin que nous le souhaitons. On irait en volant, à Londres ou en Amérique, là où ce scandale éclaterait au grand jour. Mon père n'aurait plus la permission d'utiliser la magie et les Aurores trouveraient ses contacts, puis les démantèleraient. Oh Harry...comme cela semble simple...
-S'il y a un problème, c'est qu'il peut être résolu. On ne se laissera pas abattre. Ils savaient tous autant qu'ils sont que nous aurions ce lien, et leur soif de pouvoir a rendu ces hommes fous, Drago. Je suis navré pour ton père...
-Mon père ne m'a jamais aimé. Je l'ai toujours senti. Je préfère le savoir hors d'état de nuire plutôt que dans la nature à agir comme il lui plait.
-Hmm,..quand veux-tu partir? *Il n'avait pas connu son père, mes propos devaient le bouleverser. Mais il comprendrait. Avec le temps. J'avais foi en lui.*
-Le soir des vacances de Noël, le Poudlard Express viendra chercher les élèves qui rentrent chez eux pour les fêtes. Il nous suffira de prendre le train et de passer à l'action une fois que nous serons à Londres.
-C'est plausible. Dans combien de temps?
-Huit jours. Nous avons huit jours pour élaborer un plan et sauver notre liberté. J'ai un cours de métamorphose dans dix minutes, je te laisse."
Nous nous embrassâmes durant quelques secondes qui me parurent durer un infime laps de temps, puis je courrai vers les escaliers en pierre avant de laisser mon envie de faire demi-tour avoir raison de moi.

Toi contre moi- DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant