Toi contre moi- Drarry

Chapitre 23

"Je sais que tu veux y retourner, et je le respecte".
Mes yeux rencontrèrent ceux d'Harry, et leur manque d'éclat me confirma qu'il était au courant. Inutile de faire semblant, il me connaissait trop bien, et puis s'il avait entendu ne serait-ce que des bribes de ma conversation avec Sirius c'en était fini de ma crédibilité.
"Ah...tu...tu sais...
-Oui, je sais, et je ne t'en veux pas. Crois moi. Je comprends parfaitement que tu veuilles reprendre tes études, ta vie d'adolescent, mais...sache que je ne te suivrai pas. Je t'aime beaucoup, à la folie même mais je ne peux pas envisager toute mon existence en fonction de toi...Drago?"
Ce fut plus fort que moi, les larmes coulèrent d'elles-mêmes. L'injustice de la situation m'étouffait parce que je ne voulais pas être séparé d'Harry. Je l'aimais. Tendrement et sans aucun doute. Notre histoire d'amour aurait une fin, dans le fond je l'avais toujours plus ou moins su, mais cela me semblait si lointain que je ne m'en étais pas préoccupé de façon sérieuse. Et voilà qu'à cet instant, toute notre insouciance quant à l'avenir nous retombait dessus sans prévenir. Je devais me résigner, l'Ordre ne me convenait pas, ou alors juste temporairement. La dureté qui me faisait face m'empêchait de relativiser et de voir les prochains mois avec espoir. Je tentai de sauver la conversation désastreuse qui se déroulait :
"Alors...qu'est-ce que tu vas faire?
-Rester ici. J'ai toujours souhaité vivre avec Sirius, loin des sorciers qui me veulent du mal. J'en souffre, tu sais. J'ai besoin de toi, je t'aime, avant toi il n'y a eu personne et j'aurai besoin de temps une fois que...bref. Je ne suis pas prêt à vivre sans toi, je ne peux pas être pleinement heureux sans ta présence. Mais nous devons être réalistes, voir les choses telles qu'elles sont et nous projeter dans un futur proche où "toi et moi" se désintégrera sans même que nous nous en rendions compte. Je veux garder une image très positive de notre histoire, même si elle est plus courte que nous ne l'aurions voulu. Nous devons sourire parce que c'est arrivé, et non pleurer parce que ça va se terminer. Viens dans mes bras...on sera toujours les meilleurs amis du monde, hein? Tu viendras me rendre visite et on se racontera nos anecdotes pendant des heures sans personne d'autre. Il y aura toujours cette alchimie, ce lien qui nous lie et nous empêche d'avoir l'esprit totalement occupé par autre chose. C'est beau, regarde comme c'est beau, Drago. Regarde combien c'est euphorique de se réveiller le matin et d'aller savourer la lumière du soleil, faire l'amour s'embrasser avec passion s'aimer à 200% et vivre à mille à l'heure. Je te suis reconnaissant à un point que tu es loin d'être capable d'imaginer, pour ces quelques mois d'innocence et de bonheur le plus total. Regarde moi, regarde moi, arrête de pleurer."
Alors, je lui ai offert ce regard qui le laissait lire en moi comme dans un livre ouvert à la page décisive. J'ai savouré le goût salé et doux de ses lèvres capables de m'envoyer dans une dimension parallèle, et j'ai enroulé mes bras autour de sa taille si fine. J'ai sombré dans un sommeil si profond, que le dernier souvenir qui me revient en mémoire, c'est la sensation de ses doigts parcourant mes cheveux.
⭐️⭐️⭐️⭐️

Trois semaines plus tard, gare de King's Cross

Sa main serre toujours la mienne, et nous avons tous les deux un rictus sincère gravé sur nos visages un peu endoloris d'avoir autant pleuré. Harry m'a offert l'un de ses sweats, il est imprégné de son parfum, il voulait que j'emporte une part de lui dans ce qu'il appelle "mon long périple". Peut-être est-ce seulement le début de quelque chose de nouveau, qui sait. Mais je ne cherche plus à savoir. Je me sens serein, c'est probablement le plus beau trésor que m'aura apporté cet épisode de ma vie. Arrivera ce qui doit arriver, vivre au jour le jour m'emplit de joie. 9h45. Mon train part dans dix minutes. Mon coeur se serre un peu, et j'inspire une grande bouffée d'air pour ne pas me laisser gagner par la tristesse. Il n'y a plus qu'Harry et moi, les autres nous laissent un moment de répit seul à seul. D'un commun accord visuel, on décide de s'assoir sur le banc au bord du quai.
"Bon...tu n'as pas oublié tes livres?
-Ai-je une tête à oublier mes livres?"
Il sourit, c'est tellement beau.
"Non...je devrais avoir appris à ne plus te sous-estimer ainsi, c'est vrai."
Le silence s'installe. Autour de nous, les trains arrivent et repartent dans un mouvement continu tandis que nous nous trouvons dans un aura de sérénité, le regard dans le vide comme dans un refuge. Alors, sa main vient saisir la mienne et je suis parcouru d'une électricité semblable à la toute première fois. Perdu dans mes songes, je ne vois pas le Poudlard Express qui vient de s'immobiliser à deux mètres de nos silhouettes. Et c'est cette immense locomotive noire, qui me ramène à la réalité.
"Bon...et bien..., essaie-je d'entamer.
-Chut...ne dis rien. Viens là."
Je me blottis contre sa poitrine, et je perçois les battements de son coeur encore plus intenses que d'habitude. Ça aussi, ça va me manquer. Il desserre peu à peu son étreinte,  je dois y aller. Je me penche pour saisir ma valise, et une fois ma tête relevée je plonge mes pupilles dans les siennes. Celles de mon seul amour. Mon âme soeur. Ma définition de la beauté.
"Je t'aime, Harry Potter."
Son visage s'illumine, nos lèvres se joignent tandis que le train s'apprête à démarrer. Notre baiser s'interrompt une ultime fois, alors je me sens vidé de toute crainte. Tout ira bien. La vie est belle. Ne pas pleurer. Ne pas trembler. Sourire. Respirer. J'entame ma marche vers le wagon, sans me retourner. Ma vue devient floue. Mon coeur se brise. En mille morceaux. Alors, au moment où le sol vibre sous mes pas, ma tête pivote instinctivement et je l'entends à peine me dire à travers le brouhaha :
"Je t'aimerai toujours, Drago. Je t'aime. Je t'aime."
Le train s'éloigne, son crâne prend une forme de plus en plus vague. Mais je ne pleure plus. Mon sang coule dans mes veines avec une énergie méconnaissable. J'ai envie d'hurler de bonheur. Je m'appelle Drago Malefoy, et je suis heureux car j'ai trouvé l'amour.

The End. ☀️