Chapitre 15

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    Les jours s'écoulèrent, sans vague ni préoccupations quelconques. Notre histoire interdite s'ancrait d'un ordinaire si délectable qu'il nous fut impossible de nous en lasser. Chaque instant était un havre de paix pour nous, pour nos âmes confondues. J'espérais secrètement, avec je l'avoue une certaine crainte, que tout cela allait pouvoir durer et devenir notre quotidien.
    Un soir, j'étais sur le point d'entrer dans la salle commune de Serpentard, quand soudain j'aperçus le regard perçant et lumineux de Harry quelques étages plus bas. Je connaissais cet air: il voulait dire "Viens, j'ai quelque chose à te montrer". Me résignant à passer une énième soirée à lire ou à philosopher sur des sujets insolubles, je descendis les marches bondées d'élèves. Il m'attendait tout en bas, près de la Grande Salle.
"Drago, viens avec moi. Il faut que je t'emmène.
-Tu as vu l'heure? Et puis, m'emmener où?!
-Fais moi confiance. C'est un bel endroit, personne ne remarquera notre absence."
Presque à contrecoeur, je le suivis en dehors du château. Voyant que nous nous éloignions de plus en plus de notre partie de l'édifice, je me risquai à lui demander: "Mais enfin, où veux-tu donc bien aller?". Pour toute réponse, je n'obtins qu'un sourire qui se voulait rassurant. Nous prîmes un chemin sinueux, qui aboutit à une entrée...pour la tour d'astronomie. La tour d'astronomie. Il était déjà 23h, et lui ne pensait qu'à aller se promener dans la tour d'astronomie. Malgré moi, cette remarque me fit sourire: je l'aimais bien trop pour lui en vouloir ou lui reprocher quoi que ce soit.              
   Tandis que nous commencions à monter les escaliers en colimaçon, sa main s'empara de la mienne et la serra avec une légèreté semblable à la douceur de notre amour. Arrivés en haut, nous nous assîmes comme à notre habitude sur le rebord des remparts. Les ténèbres étaient tombés depuis déjà un long moment, je ne pouvais qu'entrevoir le contour de son visage. La pénombre nous enveloppait, dans un langoureux son du silence. Je brisai ce dernier de la manière qui se voulait la plus subtile possible:
"-Mon amour, pourquoi ici, pourquoi maintenant?
-J'avais besoin de me confier à toi. De simplement t'exprimer mon dévouement. Ce que nous avons créé, Drago, ce n'est pas banal. C'est un lien hors du commun. Peut-être que si nos étoiles n'étaient pas aussi contrariées, nous ne nous serions jamais connus, ou alors seulement d'une façon insignifiante. Je t'aime, je t'aime tellement, Drago. C'est comme si l'éternité nous était servie sur un plateau d'argent, alors que la plupart des gens disjoncteraient d'apprendre le dixième de ce que nous partageons. J'ai réalisé une chose importante, Drago. Avant, j'aurais souhaité vivre une longue existence avec des relations "normales", du moins dans la mesure du possible. À l'heure actuelle, je n'ai qu'une obsession: être avec toi. Et c'est étrange mais, même si nous étions en de mauvais termes, dans le fond je sais que je serais absolument incapable de me retenir de t'aimer. Tu es le ying de mon yang. Mon âme soeur. Ma vie ne vaut d'être vécue que si tu m'aimes, Drago Malefoy."
Sa voix tremblait dans ses dernières phrases, alors que de chaudes larmes coulèrent sur mes joues pâles, invisibles dans l'obscurité. Infiniment épris, je poursuivis sa tirade:
"C'est toi, c'est toi, tout ce que je fais. Tout est pour toi. Le paradis est un lieu sur Terre quand nous sommes ensemble, alors dis moi, raconte moi tout ce que tu aimerais que nous vivions. Bébé, il n'y a que nous."
Il m'interrompit. Je sentis la paume de sa main courir dans mes cheveux, et d'instinct, je cherchai ses lèvres des miennes. Les frissons parcoururent mon corps avec quelque chose...d'addictif. Nos contacts me devenaient vitaux. Tout s'effaça autour d'Harry et moi. Affalés sur le sol en pierre glacé du sommet de la tour d'astronomie de l'école, nous  perdions le contrôle. Nos baisers étaient en train de prendre une dimension incontrôlable, sans que nous cherchions à la repousser. Je tremblais, mais pas d'angoisse ou de froid. Je me sentais vivant, plus que je ne l'avais jamais été. Mon souffle se dissipait dans l'air tiède d'une nuit de printemps.
  Peu à peu, le calme se réinstalla et, enfin rassasiés, nous nous allongeâmes côte à côte, nos chemises défaites et nos coiffures en bataille. Le silence nous sembla alors si bienvenu, que nous nous tombâmes dans un profond sommeil, nos coeurs encore virevoltants et nos esprits enlacés.
                                                                       ⭐️⭐️

Toi contre moi- DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant