Toi contre moi- Drarry

Chapitre 19

Ce matin-là, je me souviens m'être réveillé le coeur léger, sensation qui m'était quelque peu inconnue. Le monde semblait flotter autour de moi, comme dans ces rêves dont certains détails restent profondément ancrés dans nos mémoires. Me tirant de ma mélancolie pour la première fois depuis un grand moment, je m'habillai avec mes habituels vêtements noirs, passai ma main dans mes cheveux puis descendis manger un morceau avant mon départ. Mais, au moment même où je pénétrais dans ma cuisine, j'eus un bond de surprise: Sirius Black était déjà là, en train de me préparer des toasts dans la poêle de ma mère. Il me demanda d'une voix un peu trop tranquille:
"-Bien dormi, Drago?
-Heu, oui, je...désolé, je ne m'attendais pas à vous trouver ici.
-J'ai préféré ne pas prendre de risque, on ne sait jamais qui aurait pu s'apercevoir que tu n'étais plus à Malefoy Mannor..."
Il dit cette dernière phrase en me lançant un clin d'oeil, signe qu'il insinuait parler des hommes de mon père. Je dégustai mon déjeuner pendant que Black m'expliquait rigoureusement les principes et valeurs de l'Ordre du Phénix, les réunions hebdomadaires, les dirigeants... . Je répondais par des hochements de tête réguliers, de plus en plus impatient.
Mes préparatifs achevés, nous nous réunîmes dans le salon.
"Tu es prêt, Drago?"
Une énième question se forgeant dans mon esprit, je lui demandai:
"Bien sûr, mais dites-moi, quand est-ce que je pourrai revoir Harry?
-Il nous rejoindra dès que Dumbledore lui en donnera l'autorisation, ce qui ne devrait pas tarder. Bon, et bien, prends ma main et surtout...ferme les yeux."
J'eus à peine le temps d'effleurer sa paume, qu'instantanément le riche décor de ma salle à manger laissa place à celui, plus sinistre, d'un vestibule austère. Mes yeux mirent plusieurs secondes à s'habituer à l'obscurité, et je sentis l'humidité ambiante me donner une impression de froid désagréable. Ce fut Black qui me ramena à la réalité:
"Eh bien...bienvenue au Quartier Général de l'Ordre du Phénix, Drago. Je devine que ce n'est pas exactement ce à quoi tu t'attendais, mais cette maison n'éveillerait jamais les soupçons. Et puis, elle se situe dans le centre de Londres, ce qui est pratique sous bien des aspects. Ta chambre se trouve à l'étage, première porte à droite. J'ai quelques affaires à régler en ville, je vais donc être obligé de te fausser compagnie. Tu trouveras de quoi manger au sous-sol, dans la cuisine. Ah, au fait, Drago...appelle moi Sirius".
Je voulus répliquer, mais il disparut sitôt sa tirade achevée. Ne sachant trop quoi faire, j'entrepris de monter mon énorme valise dans la chambre qu'il m'avait indiquée.
  Les escaliers sinueux étaient aussi poussiéreux que le rez-de-chaussée de la maison, et l'odeur fétide persistait. Pendant ma "visite", je perçus d'étranges bruits à l'intérieur même des murs. Je préférai me dire qu'ils provenaient à coup sûr des esprits errants qui avaient vécu ici auparavant.
Lorsque j'atteignis enfin le seuil de la porte de ma chambre, j'espérais secrètement y trouver une pièce un peu plus accueillante que les précédentes. En entrant, la première chose qui s'imposa à ma vue furent les deux lits individuels positionnés côte-à-côte, mais j'étais seul, pourquoi m'avait-on attribué...
"DRAGO!"
Son étreinte m'arracha brutalement à ma réflexion, provoquant un feu ardent dans tout mon corps. Je le serrai de toutes mes forces, me rassasiai de son parfum si familier, contemplai ses yeux qui m'étaient si chers. Dans un silence chargé de soulagement, toute mon existence sembla se reconstruire.
"Harry...
-Je n'en pouvais plus, tu m'es trop vital, on ne doit plus jamais être séparés."
Alors, il posa ses mains sur mes joues brûlantes et m'embrassa avec plus de passion que je n'en aurais cru possible. À cet instant-là, je me serais senti capable de devenir le maître du monde tant sa présence me revigorait. Après des heures, ou des siècles, nous finîmes par sombrer dans un sommeil sans rêve, mon crâne noyé dans sa nuque.
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  Les jours suivants, nous fîmes la connaissance des membres de l'Ordre: Molly et Arthur Weasley, les parents de Ron, plusieurs professeurs de Poudlard comme McGonagall, Lupin ou même Rogue, des représentants du Ministère de la Magie, et d'autres dont les noms m'ont vite échappé à cause du nombre. Nous assistions à certaines de leurs conférences, aidions à restaurer la maison, passions du temps ensemble. Cela dura une semaine, jusqu'à ce que Sirius nous interpelle lors d'un dîner avec les Weasley et Lupin :
"Harry, Drago, nous aimerions vous confier une sorte de...mission, si vous y consentez d'un commun accord bien entendu."
Pris au dépourvu, mon âme soeur et moi nous lançâmes un regard interrogateur, qui très vite laissa place à de l'approbation. Ce fut lui qui prit la parole:
"Bien sûr, Sirius. Explique nous."
Son parrain s'éclaircit la gorge, puis nous éclaira:
"Depuis environ une semaine, nous entendons fréquemment des rumeurs sur les Détraqueurs, à savoir que quelques-uns d'entre eux auraient échappé au contrôle du Ministère et se promèneraient...à leur guise. Connaissant le danger et les dégâts que ces créatures pourraient provoquer, nous souhaiterions que vous alliez en périphérie de Londres vérifier que ce ne sont que de fausses informations. Dans le cas contraire, il faudra que vous appeliez du renfort. Vous devez savoir que, même si d'après nos études vous ne courez aucun risque, votre sécurité ne peut être entièrement garantie. Qu'en dites-vous?"
C'était apeurant, et dans un autre contexte j'aurais probablement préféré sauver ma peau. Je n'avais pas la prétention d'avoir un grand courage. Et, pourtant, quand je croisai ses yeux, la réponse me parut évidente. Encore une fois, tout était différent. D'une seule voix en choeur, haut et fort, nous annonçâmes:
"Sirius, Monsieur et Madame Weasley, Professeur Lupin, c'est avec honneur que nous acceptons de rendre service à l'Ordre du Phénix."