Chapitre 20

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  Un grand sourire illumina le visage de Sirius. Étant tous d'accord pour ne commencer à aborder le contenu de la mission que le lendemain, Harry et moi montâmes dans notre chambre. En dépit de ces quelques jours on ne peut plus reposants, le dîner semblait nous avoir éreintés d'une traite. Néanmoins, nous nous sentions honorés et plutôt optimistes.
Une fois arrivés à l'étage, Harry me fit signe de me taire, puis ferma la porte avec précaution. Pris au dépourvu, je l'interrogeai du regard mais j'eus à peine le temps d'apercevoir l'éclair qui avait traversé ses yeux que déjà mes lèvres étaient liées aux siennes. Soudan, l'atmosphère se remplit d'une tension inexistante auparavant, comme si nos corps réchauffaient la froideur de cette sinistre maison. Délicatement, je glissai mes mains glacées sur son visage et à l'arrière de sa nuque, ce qui lui procura un frisson d'une intensité sans nom. Pour la première fois depuis ce qui m'avait semblé être un siècle entier, Harry se livra à moi de toutes les façons possibles. Son corps réagissait à mes gestes, son souffle s'accélérait peu à peu, et je savais qu'il perdait comme moi tout contrôle de lui-même. C'est avec une certaine forme de tristesse que je m'avouais intérieurement être dans l'incapacité de le contredire, de protester contre sa parole ou sa volonté. Je n'étais plus maître de mon esprit, d'aucune façon ; et pourtant, même si la peur montait en moi, je l'accueillis à bras ouverts. Peut-être que j'avais besoin de cette authenticité, de lui montrer la moindre de mes faiblesses pour qu'il m'aide à la réparer.
"Je t'aime", me dit-il avec d'une voix chaude et suave, m'embrasant presque instantanément. Pour toute réponse, je ne vous donnerai qu'une vague image de nos vêtements atterrissant par terre avec délicatesse, et de nos sourires plus étincelants que jamais.
                                                                     🌸🌸
Après une trop courte nuit d'amour et de rêves, nous descendîmes dans la cuisine main dans la main. Sirius nous y attendait, les yeux rivés sur son exemplaire de La gazette du sorcier. Il les leva un instant, puis un rictus se forma sur ses lèvres lorsqu'il vit notre air encore espiègle :
"Bien dormi, les garçons? Mieux que moi, je l'espère. Asseyez-vous, j'ai des informations à vous donner."
Devant notre questionnement apparent, il reprit :
"Harry, Drago, votre objectif est de vérifier plusieurs informations douteuses du Ministère. L'Ordre les soupçonne de dissimuler des éléments importants et falsifiés aux Aurores et aux sorciers chargés de l'ordre et de la justice de notre monde. Dans le bureau d'Ombrage...
-Le bureau d'Ombrage? Sirius, si cette vieille harpie nous surprend à fouiller dans ses affaires...", l'interrompit soudainement Harry.
"Harry, calme toi. Vous êtes tout à fait en droit de refuser. Mais réfléchis-y de plus près, si vous réussissez, cela nous rendrait un immense service. Et puis, vous avez un avantage qu'aucun de nous ici ne possède : la cape d'invisibilité de ton père."
Nos regards se croisèrent, confirmant que nous étions prêts à prendre le risque. Ce fut moi qui pris la parole :
"D'accord, je suis partant et je crois qu'Harry aussi. Qu'est-ce qui se trouve dans le bureau d'Ombrage?
-Un dossier confidentiel, ensorcelé bien sûr, mais Severus nous sera d'une grande aide pour cela.
-Et si l'on se fait prendre?
-Vous transplanerez, et nous enverrons des hommes sur place en cas d'ennui majeur."
Tout compte fait, ça ne semblait ni impossible, ni inconscient. Chaque détail était planifié, ça relevait de la folie mais avec une certaine raison.
"Et quand devrons-nous passer à l'action?
-Pas plus tard que demain, dans la matinée, à l'heure où les employés arrivent en masse. Vous passerez aussi inaperçus que possible, c'est plus sûr."
La conversation se termina par de brefs conseils agrémentés des recommandations minutieuses de Madame Weasley, qui paraissait scandalisée que l'on envoie "ces pauvres enfants dans un endroit aussi dangereux". Rassurés, mais encore sous le feu de l'adrénaline, Harry et moi décidâmes de sortir un moment. Cette maison devenait étouffante.

L'air frais m'avait terriblement manqué, et le soleil sur ma peau me parut être une douce brûlure. Je souriais, ce qui fit rire Harry.
"C'est si drôle que ça?
-Pourquoi tant de sarcasme?
-Pourquoi riais-tu?
-Parce que j'aime ta façon de sourire, c'est tout. Maintenant, hâte toi si tu ne veux pas que je fasse demi-tour et finisse ma journée à dépoussiérer une des innombrables pièces de cet endroit hanté."
Il était irrésistible lorsqu'il parlait avec cette désinvolture, elle éveillait en moi des instincts insoupçonnés. Nous nous rendîmes au Chemin de Traverse, où nous discutâmes durant un nombre d'heures indéterminé de nos ouvrages préférés dans une librairie un peu égarée. J'appris qu'il appréciait les livres moldus, il adorait Jane Eyre, et même les poètes romantiques français. Nous nous perdîmes, emportés par la vivacité de la discussion, noyés dans un monde que nous avions façonné de toutes parts.
À notre retour au quartier général, la soirée se passa sans grand entrain, se délectant de l'ordinaire avant l'appréhension du lendemain. Néanmoins, et c'est sans aucun doute parce qu'il me tenait fermement dans ses bras imprégnés de son parfum, je m'endormis une fois de plus heureux et désireux de vivre comme je ne l'avais jamais été.

A❤️

Toi contre moi- DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant