Chapitre 22: Harry

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Au moment même où je passais le pas de la porte, je compris que la tension qui régnait dans la pièce n'était pas due au hasard. Drago posa ses yeux sur moi quelques secondes, s'attardant sur chaque partie de mon corps. Instantanément, mon adrénaline monta en flèche et je m'avançai vers lui d'un pas qui traduisait mon bouleversement. Une demi-seconde plus tard, ma langue retrouva le goût de ses lèvres et je sentis mon bas-ventre palpiter.
"Tu es divin, Drago."
Au son suave de ma voix, ses mains resserrèrent leur emprise sur mes joues et sa taille se fondit un peu plus dans la mienne. Puis, sa bouche s'écarta et il rétorqua :
"Tais toi, par pitié, ferme la".
Il n'y avait jamais de violence entre nous, qu'elle soit verbale ou physique. Nos vies étaient bien trop brutales pour que l'on en rajoute. Pourtant, ses propos me procurèrent une sensation presque dopante. J'eus à peine le temps de le réaliser que déjà mon t-shirt tomba silencieusement au sol, en harmonie avec le léger bruit que produisit l'ouverture de la fermeture éclair de mon jean. Il menait. Il dirigeait l'action, conscient du contrôle absolu qu'il exerçait sur ma personne toute entière.

"Et maintenant?, lui demandai-je alors que nous étions étendus dans notre lit.
-Comment ça, "et maintenant" ?
-Qu'est-ce qu'on fait? Qu'est-ce que l'on va devenir, toi et moi?".
Il se redressa, me jetant un regard presque inquiet. Il passa nerveusement la main dans ses cheveux blond encore en bataille.
"Pourquoi est-ce que tu parles de ça? Alors que tout va bien?
-Justement, parce que maintenant que nos problèmes sont réglés, en tout cas de façon temporaire...j'aimerais savoir ce que tu envisages pour l'avenir.
-Et pourquoi aurions-nous besoin d'en parler maintenant? Pourquoi aurions-nous besoin d'en parler ne serait-ce que dans quelques mois? On a tout le temps, et toi tu...tu te préoccupes de quelque chose qui n'a pas lieu d'être."
À ses mots, mes bras se raidirent et l'air commença à devenir plus lourd autour de moi. L'énerver était bien la dernière chose que je souhaitais après le perdre. Dans un élan désespéré, je tentai de lui expliquer mon raisonnement et sa source :
"Mais non...écoute. J'ai envie de rester avec toi, le plus longtemps possible. Je t'aime, Drago, profondément. J'ai jamais été amoureux avant toi...pas une seule fois. T'as fait de ma vie un endroit paisible où enfin je vis heureux, et je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions."
Ses yeux se déplissèrent un peu, et la pression intenable qui s'était installée retomba au fil des secondes. Il posa sa main sur la mienne, chose qu'il faisait souvent quand il devait me parler.
"Je sais...je comprends. J'essaie seulement de me dire que le temps nous dira ce qu'il y a à savoir, puisque de toute façon nos routes se sépareront un jour ou l'autre. C'est difficile à entendre, et crois-moi ça ne me ravit pas plus que toi. Mais on a connu assez de malheur pour ne pas l'attirer vers nous trop tôt, tu ne crois pas?
-Si...bien sûr. Tu as raison. Excuse moi, je t'aime."
Je ne voulais pas nous détruire. Pas avec mes tourments presque obsessionnels et trop encombrants. Alors je décidai de laisser les choses venir, sans y réfléchir démesurément.

Les semaines passèrent, identiques les unes aux autres. Nous aidions l'Ordre lorsqu'il en avait besoin, passions du temps en ville ou à la maison, préparions les repas avec Molly. Les événements prenaient une tournure répétitive, presque lassante. Je l'aimais, de toute mon âme, mais parfois nos esprits perdaient cette connexion qui nous avaient tant fascinés. Je me refusais à penser à la fin, mais c'était compliqué de nous voir changer dans notre propre relation. Néanmoins, il était hors de question que nous ayons une conversation comme celle de l'autre soir, alors j'évitais de trop penser.
Un soir où j'avais préféré aller au lit plus tôt, j'entendis Drago parler avec Sirius dans la cuisine.
"Je ne sais pas...je ne sais pas ce qu'Harry en penserait.
-Tu ne dois pas penser qu'à la volonté d'Harry, Drago, il faut que tu te prennes en considération. Vous n'êtes pas dans la même situation : si tu désires quoi que ce soit, ne raisonne pas par lui. Tu sais que je l'aime, il est ma raison de vivre et probablement l'une des tiennes, mais privilégie ta vie avant votre relation."
Il y eut un silence. Un silence qui sembla durer une éternité, que seule la voix claire et grave de Drago brisa :
"D'accord. À la fin de l'année, je repartirai à Poudlard. J'ai des convictions différentes de celles d'Harry, seulement...je crois que je ne voulais pas me l'avouer. Sirius, est-ce que si je ne reviens pas sur ma décision, notre histoire sera vouée à l'échec dans tous les cas?
-On ne peut être sûr de rien avant d'avoir essayé. Vos sentiments changeront, c'est certain : la flamme du début ne perdure pas, et surtout pas à votre âge. Mais ce n'est pas dramatique, quand vous sentirez le moment arriver, vous resterez amis et vous verrez de temps à autres."
Je n'eus pas la force d'en entendre plus. La plaie qui s'était formée dans ma poitrine me tiraillait, et j'avais l'impression d'étouffer à l'intérieur de moi-même. Le plus doucement possible, je m'éloignais du pas de la porte fermée et remontai dans ma chambre. Dans notre chambre. Je m'assis sur une chaise et me pris la tête entre les mains. Comment était-ce possible? Comment tout avait-il pu dégénérer à cette vitesse? Des bouts de notre histoire me revenaient en tête, la rendant plus belle et plus improbable à chaque fois. Mes sentiments me frappaient, maltraitaient soudainement mon corps. Je ne pouvais pas me résigner, mais je ne pouvais pas non plus empêcher Drago d'agir pour son bien-être. J'étais face à un dilemme presque inhumain tant il était douloureux. Le visage plein de larmes, je me déshabillai et me couchai tant bien que mal.

Cette nuit-là, lorsque la chaleur de sa présence gagna l'atmosphère glacée, une lueur d'espoir illégitime s'installa dans mon coeur en pièces. J'essayai de dissimuler les frissons de crainte sur ma peau, puis l'entourai de mes bras, le crâne dans son cou. Il dormait sûrement déjà.
"Tu as raison. Tu ne peux pas rester aux côtés d'une personne qui ne voit son futur qu'à travers toi, qui tremble quand tu t'absentes trois minutes et n'aime son existence que si tu la diriges. Ça te détruirait, et je veux que tu vives entier, avec toute ta joie naturelle. Je t'aime, je t'aime beaucoup trop pour t'imposer ma personne instable et trop dévouée pour être saine."
C'est drôle, mais lui avouer ce qui m'occupait l'esprit si souvent ces derniers temps, alors qu'il n'était même pas conscient, me libéra d'un poids que je savais nocif pour nous deux.

Toi contre moi- DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant