Chapitre 21

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    Quand j'entrouvris les yeux, je sentis immédiatement la pression des bras d'Harry m'entourer avec force. Dégageant une ou deux mèches avec le devant de ma main, je tournai la tête et souris une demi-seconde plus tard lorsque je vis son beau visage plein de la sérénité de l'inconscient. Il devait rêver : peut-être de moi, de nous? Je ris de ma propre naïveté, puis entrepris de lui caresser calmement la joue. Qu'est-ce qu'il m'attirait à cet instant, son corps si bien dessiné luisant sous les premières lumières du jour, sa poitrine se soulevant de façon régulière, ses lèvres rouges et prêtes à recevoir les miennes. Je me surpris à soudain le contempler, comme une oeuvre-d'art. Je détournai le regard un instant pour enfiler un tee-shirt, mais une main se ferma sur mon poignet.
"Il est encore si tôt...", se plaignit Harry avec une voix endormie.
"Repose toi, je t'attendrai pour descendre, ne t'inquiète pas.
-Non...viens là.
-Où ça?
-Dans mes bras, crétin.", dit-il avec un rire moqueur.
De sa bouche, ça ne semblait ni insultant ni même sincère, mais une envie fulgurante de le faire regretter son injure s'empara de moi. D'un geste leste, je saisis l'oreiller sous ma tête et l'assaillis. Ses rires étouffés me donnèrent des frissons, que j'essayai de dissimuler. Alors, je me retrouvai malencontreusement sur lui, ma main posée sur son torse. La tension monta en flèche à une vitesse phénoménale.
"On va voir qui c'est, le crétin...
-À quoi tu joues, Drago?
-Tu crèves d'envie de le savoir."
Je descendis mon visage jusqu'au niveau de son cou, puis commençai à le marquer doucement, de manière à ce que ça ne ce soit pas visible. Il gémit entre deux respirations, ses doigts enfoncés dans mes cheveux. Une fois satisfait, je me relevai, le laissant dans un monde à part où moi seul pouvait l'emmener. Je décidai de m'amuser encore un peu :
"Un problème, Harry?
-Hein, heu...n-non. Au-aucun" répondit-il d'une voix hésitante.
"Parfait! Parce que, sans vouloir te presser, on a un dossier confidentiel à trouver.
-Génial...".
Mon désir de passer ma journée dans ce lit avec lui était aussi intense que le sien, mais Sirius comptait trop sur nous pour faire preuve d'égoïsme. Encore un peu secoués de ce réveil quelque peu mouvementé, nous allâmes prendre notre petit déjeuner. Le quartier général était quasiment désert, à l'exception de Sirius et peut-être des Weasley. J'engageai la conversation entre deux gorgées de thé :
"Tu sais si c'est dangereux?
-La tâche? Bien sûr que ça l'est. Mais que serait la vie si on ne prenait pas de risques?
-Rien, bien sûr. Rien d'intéressant."
À cet instant, Sirius apparut dans l'encadrement dans la porte, son éternel sourire sur le visage.
"Comment allez-vous, les garçons? J'espère que vous avez passé une bonne nuit, parce que la journée risque d'être exténuante.
-Explique-nous, Sirius", lui demanda Harry.
"En vérité, c'est très simple. Il vous suffit d'entrer au ministère avec la cape d'invisibilité de James, d'accéder au bureau d'Ombrage au deuxième sous-sol, et de trouver le dossier afin de le ramener ici. Vous utiliserez évidemment un sortilège de copie pour que cela ne paraisse pas suspect, bien entendu. Avez-vous compris?"
En théorie, tout était très simple. Mais Harry et moi savions très bien que la théorie n'était pas une valeur fiable. Néanmoins, nous réglâmes les derniers détails, puis remontâmes dans notre chambre préparer nos affaires. Nous n'avions en réalité besoin que de nos baguettes et de la cape, mais plus l'heure avançait et plus je sentais l'angoisse monter en moi.
☀️☀️
À quatorze heures pile, nous quittâmes la maison pour nous rendre au ministère. On y descendait par une cabine téléphonique ensorcelée, il suffisait d'y entrer un code que nous avait donné monsieur Weasley, le père de Ron. Après un dernier regard confiant à Harry, j'enfilai la cape de son père puis lui laissai l'espace nécessaire pour que sa silhouette puisse s'y glisser. Alors, la cabine s'ébranla et chuta telle un ascenseur vers les souterrains de la ville. Le temps que nos deux corps ne deviennent plus qu'une masse invisible, nous nous retrouvâmes au beau milieu d'une foule pleine de sorciers. Tous en robe noire, ils allaient et venaient dans une allée de dalles noires vernies, se dirigeant vers les différents secteurs. Pressés d'en avoir fini, nous suivîmes le mouvement général tout en prenant soin de ne toucher personne afin de ne pas se faire repérer. Très vite, nous aperçûmes les monte-charges, qui nous amèneraient directement au deuxième sous-sol. Toujours avec beaucoup de précaution, nous nous lançâmes un regard qui signifiait : "Okay, on prend le moins bondé". Par chance, l'un des dispositifs était totalement vide, ce qui nous arracha un demi-sourire. Une fois à l'intérieur, et certains que personne ne pouvait nous voir ou nous entendre, nous nous extirpâmes de notre cachette ambulante.
"Ça va, Harry?
-Je suis en pleine forme. Fais bien attention à rester entièrement dans la cape, et tout ira bien."
Il m'embrassa avec rapidité, mais mon corps fut tout de même traversé par une décharge. Je fus vite ramené à la réalité par l'annonce des hauts-parleurs : "Département des affaires intérieures, deuxième sous-sol".
Prenant une grande inspiration, nous nous engageâmes dans le couloir dénué de toute présence humaine (la chance était réellement de notre côté, ce jour-là). Un léger coup de coude d'Harry m'indiqua de regarder à ma droite. Un écriteau gravé dans une porte en bois disait : "Dolores Ombrage, sous-secrétaire". J'esquissai un sourire, désireux d'en finir au plus vite. De plus, personne ou presque n'appréciait Ombrage depuis qu'elle avait tenté de nous enseigner la défense contre les forces du mal, ce qui avait été un échec le plus total. C'était une petite femme narquoise, prête à tout pour martyriser tout ce qui ne rimait pas avec "Ministère".
"Alohomora", chuchota Harry en tendant sa baguette vers la serrure. À l'évocation de ce sort plein de sous-entendus mémoriaux, mon rictus s'intensifia.
Je fis attention à refermer avec le plus de délicatesse possible la porte, et me retirai de la cape. Harry paraissait calme, et aussi envieux que moi de terminer la mission qui nous avait été donnée. Sans un mot, nous commençâmes à fouiller les tiroirs. Cela dura quelques minutes, jusqu'à ce que je tombe sur une enveloppe kraft enfouie sous des dossiers probablement plus importants aux yeux d'Ombrage. Elle était imprégnée du logo "Urgent, confidentiel : Les Détraqueurs". Soulagé de mon triomphe, j'attrapai le bras d'Harry et lui fis comprendre que nous avions ce que nous cherchons. Nous rangeâmes les papiers étalés, fîmes une copie du dossier, puis serrant l'original contre moi comme un trésor, nous transplanâmes. Le monde se mit à tourner autour de moi, et j'éprouvai à ce moment-là une immense joie.

Je me réveillai dans la soirée dans notre lit, à la maison, seul. Je n'avais pas l'habitude de transplaner, alors je supposai avoir atterri là après un excès de fatigue dont je ne me souvenais pas clairement. Au moment où j'entreprenais de sortir de la chambre, la porte grinça et Harry se dirigea vers moi, l'air plus heureux que je ne pourrais jamais le décrire. Je voulus me lever, mais il m'en empêcha avec son bras et m'embrassa avec fougue. Alors, au beau milieu de cette palpitante et éreintante journée, Harry et moi fîmes l'amour sans penser à autre chose, qu'à toute cette belle vie qui n'attendait que nos deux âmes confondues.

💙

Toi contre moi- DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant