Ensemble

✅ Chapitre 1

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" Je n'aime que les livres dont les pages sont imbibées de ciel bleu - de ce bleu qui a fait l'épreuve de la mort. Si mes phrases sourient, c'est parce qu'elles sortent du noir. J'ai passé ma vie à lutter contre la persuasive mélancolie. Mon sourire me coûte une fortune. Le bleu du ciel, c'est comme si une pièce d'or tombait de votre poche et qu'en l'écrivant je vous la rendais. Ce bleu en majesté dirait la fin définitive du désespoir et ferait monter les larmes aux yeux. Vous comprenez ? "

Christian Bobin

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Une jeune fille, qui d'apparence ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans, se trouvait dans sa maison qui datait de la fin du XIXème siècle. La bâtisse, étrange au possible, était située à la bordure d'une ville du Nord de la France, proche de la limite de l'Allemagne, nommée Metz.
La demoiselle était charmante avec un style original. Ses cheveux d'une couleur brune comme l'écorce d'un arbre, fins et doux comme de la soie, légèrement ondulés, tombaient dans son dos et s'arrêtaient à la naissance de ses fesses. Ses yeux, eux, n'avaient pas de couleur bien définie. À la lumière de la maison, un peu sombre, ils paraissaient noisette, mais lorsque l'on y regardait d'un peu plus près, on apercevait clairement que ses yeux avaient un centre orange comme un abricot, avec des teintes de jaune, et le contour était d'un gris métallique impressionnant. Étonnamment, ses prunelles trahissaient une intelligence et une vivacité certaines. On y percevait aussi énormément de calme et de sagesse.
Sa peau était pâle et lumineuse comme la lune, et quelques taches de rousseur se promenaient sur ses joues rondes et blanches. Elle avait des traits fins, doux et innocents, quasiment enfantins.
Elle n'était pas petite, sa taille devait avoisiner les un mètre soixante-dix, mais à cause de sa minceur et de sa carrure si frêle, elle paraissait plus jeune et plus menue. Malgré cela, son regard sérieux la rendait très adulte et inspirait la confiance.
Cependant, tout cela n'était qu'apparence.

Elle avait en réalité plus d'un siècle, et se trouvait être une hybride mi-vampire, mi-humaine. Cela lui octroyait certains avantages, comme d'avoir une vue plus précise, un odorat et une ouïe plus développés, ou encore des réflexes plus rapides que ceux des humains, mais ces qualités étaient bien inférieures à celles qu'aurait pu avoir un vampire pur. Cependant, sa condition lui convenait parfaitement étant donné qu'ainsi, elle n'avait pas le malheur de devoir s'abreuver de sang humain ou animal. Cela la répugnait au plus haut point. Non pas que la vue du sang la dérangeait, mais l'acte en lui-même était, d'après elle, indigne et sale.
Elle avait, au cours de ses premières décennies de vie, fait des études dans la médecine, puis dans la chirurgie, et continuant sur cette voie, elle avait fini par devenir la seule personne au monde ayant les capacités de s'occuper des maladies, problèmes et handicaps des créatures fantastiques.
Aussi, depuis environ un demi-siècle, Akheane était officiellement la doctoresse des créatures fantastiques.
Akheane. C'est ainsi qu'elle se nommait.

On avait beau vanter les puissances et mérites du système immunitaire et de la régénération des fabuleux êtres des contes, ils pouvaient eux aussi développer certaines maladies ou infections spécifiques à leur espèce, se faire empoisonner ou bien encore avoir besoin d'aide pour cicatriser certaines plaies. Personne n'était immortel. Il lui était souvent arrivé d'accueillir chez elle des créatures dont l'état était critique, et jusque là, elle n'avait jamais failli à son devoir.

Ce jour là était un jour de cafard. Elle avait eu peu de clients et s'ennuyait à mourir. Elle décida alors de s'orienter vers le centre-ville et de se promener.
Akheane détestait la mode de ces dernières cinq années. Elle la trouvait fade et ridicule. Par exemple, ces jeans à trous. Les gens n'avaient-ils pas assez d'argent pour s'en payer des corrects? C'était injuste de payer trente euros pour un pantalon déjà jetable tandis que certaines personnes souffraient du froid et de la famine dehors, portant le même pantalon depuis des mois voire des années.